En ce moment

    22/12/2009

    Faismesdevoirs, Mailorama: les deux plus gros buzz 2009, c'est lui

    Stéphane Boukris, wonderful looser

    Par Johan Weisz

    Avant de se planter avec l'immense buzz Mailorama, Boukris avait envoyé son CV à The Apprentice, l'émission de TV réalité US pour les business men. Parce qu'avant de looser, il faut tenter. Et à 26 ans, Stéphane a déjà fait les deux en grand.

    Mairie de Clichy (92) – On récupère Stéphane Boukris pour le déjeuner en bas des bureaux de Rentabiliweb . Celui qui sort de l’ascenseur et passe le tourniquet de sécurité est le même que celui que vous aviez vu sur tous les plateaux TV pendant l’opération de distribution d’argent de Mailorama: sourire Colgate, cravate imprimée sur chemise rose pâle et costard ajusté.

    Direction la pizzeria d’en face où notre hôte choisit la salle à l’étage « pour être plus au calme ». Nous voici donc assis avec l’auteur des deux plus gros buzz commerciaux de 2009: le site faismesdevoirs.com (énorme buzz en mars pour ce service en ligne qui proposait de corriger les devoirs d’élèves) et la fameuse distribution de billets au Champ de Mars.

    Epsci, ESCP, la Silicon Valley

    Les présentations faites – Stéphane Boukris vient d’avoir 26 ans, il a une grande sœur entrepreneuse , un petit frère en prépa HEC et depuis peu une petite copine – on se met à table: Ce sera « une Neptune sans jambon avec une grande Evian ». D’emblée, Stéphane propose ses services à la rédac: « Si vous avez besoin de monétiser votre audience ou d’outils d’emailing, on fait ça à Rentabiliweb». C’est déjà sympa d’accepter de nous recevoir, mais si c’est en plus pour nous aider, c’est vraiment trop cool. Car Boukris est un gars bienveillant et courtois, bien élevé par un père « très pragmatique et conservateur »: « C’est un modèle pour moi. C’est lui qui m’a appris la valeur du travail ». Qui l’a poussé dans ses études: L’Epsci, sur le campus de l’Essec à Cergy, puis la San José State University dans la Silicon Valley et enfin le Master Innover & Entreprendre à l’ESCP.

    Après la plantade Mailorama – le « bus de la fortune » rempli de billets avait dû faire demi-tour face à 5.000 jeunes venus de banlieue qui mettaient à sac le Champ de Mars à défaut de recevoir le cash promis – Boukris prend cher: « Martin Hirsch m’a traité de zozo, ça ne fait pas plaisir »; « Nicolas Sarkozy a dit que j’étais irresponsable »; Et son boss, Jean Baptiste Descroix-Vernier le patron de Rentabiliweb (407e fortune de France) parle d’un « gamin qui a besoin d’être encadré »: « C’est vrai, je suis un créatif qui part dans tous les sens. J’ai un milliard d’idées à la seconde et les trois quarts sont à jeter… j’ai certainement besoin d’être encadré ».

    « Le bruit médiatique se fait sur du vent »

    Quand Stéphane Boukris se plante, il le fait en grand. Quand en mars dernier, il lance Faismesdevoirs.com , « il n’avait aucune stratégie », raconte un proche. Mais Stéphane balance un communiqué de presse qui présente le concept du site « à la communauté geek »: « Quelques jours plus tard, un journaliste du Parisien m’appelle et me dit ‘je veux faire une page sur vous’. Le lendemain, c’est la folie. Tout le buzz se lance, sans que le site n’ait encore ouvert. Le bruit médiatique se fait sur du vent ». Et Faismesdevoirs.com ne corrigera aucun devoir, parce qu’il fermera 42 heures après son ouverture. « En fait, à partir du moment où le site a ouvert, il n’était pas accessible, tant les connexions étaient nombreuses ». Mégabide.

    Mailorama, Faismesdevoirs… C’est un peu facile de réduire Boukris à ces deux buzz qui ont mal tourné. Car Stéphane, c’est aussi une boîte, Staaff, qu’il monte en 2007 avec son père comme sleeping partner. Malgré sa victoire à la BFM Académie et plusieurs passages médias, l’entreprise « vivote », reconnaît Stéphane, qui en soldera les actifs deux ans plus tard. Boukris c’est aussi une candidature avortée à The Apprentice, l’émission de TV réalité pour business men animé par le milliardaire américain Donald Trump: « Ah, c’est marrant que vous sachiez ça… oui c’est vrai. Mais ma copine de l’époque m’a demandé de retirer ma candidature », s’amuse Boukris, qui assume.

    Des hommes sandwichs pour promener les chiens

    Car il assume tout, Stéphane. Son immense besoin de reconnaissance: « J’ai besoin, je ne sais pas pourquoi, de me sentir accompli à travers le regard des autres », reconnaît-il. Notre gendre idéal over-diplômé est sur cette planète pour « laisser un monde meilleur ». Il parle sans sourciller de ses anciens camarades de promo qui le plantent dans le dos (« quand j’ai gagné la BFM Académie, au groupe Essec, tout le monde était content. Ils ne peuvent pas se servir de moi que quand ça les arrange »). Et des journalistes qui ont une vague tendance à le pourrir (« oui LCI a fait un reportage en me présentant comme un cyber-entrepreneur pipo »). Enfin, ses idées entrepreneuriales débiles qui ne valent pas un clou: «Tiens, hier j’ai eu l’idée d’imaginer une entreprise qui ferait promener votre chien par des hommes sandwichs. Ça serait financé par la pub. Parce que ça attirerait l’attention à tous les coups ».

    Mais la vérité, c’est que l’entrepreneuriat, le web, le buzz, Stéphane Boukris s’en fout. Oui, complètement. Stéphane veut briller avec ses comédies musicales: « J’ai écrit et composé une comédie musicale, la Voie des rêves. J’ai contacté les quatre plus gros producteurs de comédies musicales en France qui m’ont remercié ‘mais non’. Personne ne mettrait un kopec sur ma tête car je n’ai pas d’expérience ». Mais « la finalité de Stéphane Boukris dans 5 ans, 10 ans, 15 ans, quand il aura j’espère réussi à monter des boîtes, ce serait de me consacrer à la musique », nous confie Stéphane.

    Vidéo – Boukris avant l’opération Mailorama

    En attendant « la Voie des rêves » au Stade de France, le chef de projet Stéphane Boukris va continuer à pointer chez Rentabiliweb: « On va se poser, se ranger, faire des bons projets ». Pas de lâcher de billets ni de Boukris à la télé en 2010, nous jure-t-il en réglant notre addition: « Stéphane Boukris a 26 ans. Il ne peut plus se permettre de lancer des projets trashs et décalés pour le moment ».

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER