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    15/09/2010

    Expo : la Famille Farrell, partie 1 - Mains d’œuvres

    Entre avion vintage, hip hop et robots… StreetPress se fait les frères Farrell

    Par Camille

    La Famille Farrell, volume 1: L'expo réunit pour la première fois les trois frères autour d'une installation collective, à Mains d'œuvres. Le trio qui a pris pour point de départ un avion géant, nous parle aussi d'écologie et de hi

    Pourquoi un projet collectif ? Tous trois artistes - deux plasticiens et un musicien-, les frères Farrell n’ont pas coutume de travailler ensemble. En tant qu’artistes intégrés dans les circuits de l’art, leur habitude est plutôt de montrer leur travail individuel, et d’être connus et reconnus pour leurs propositions personnelles. Ici, ils se sont prêtés à l’exercice difficile de la création à plusieurs. Pour quelles raisons ont-ils accepté de se réunir au sein de ce projet spécial, qui investit deux lieux en Seine-Saint-Denis, Mains d’Oeuvres à Saint-Ouen et la Maison Populaire de Montreuil (93) ?

    Les trois frères

    Sans doute, d’une part, parce que l’idée est drôle. La combinaison de leurs trois personnalités fortes et de leurs caractères vifs promettait un résultat décapant. C’est en tout cas le parti pris des commissaires, Florence Ostende et Isabelle Le Normand, qui mettent l’accent sur le Seine-Saint-Denis-style explosif de l’exposition. D’ailleurs, les premiers pas dans l’espace sont saisissants : après un couloir tortueux, on atterrit dans une salle obscure remplie de figures étranges. Les mouvements du visiteur déclenchent des projections vidéo, des lumières, des sons, et même des fumigènes. On évolue autour d’une grande figure d’avion, aux hasards des multiples projections vidéo et de la lumière qui émane d’automates.

    La société dominée par le dollar est vouée à l’autodestruction

    D’autre part, parce que Seamus, Liam et Malachi Farrell, nés respectivement en 1965, 1968 et 1970 en Irlande, ont grandi dans les années 1970 et fait leurs premiers pas artistiques dans les années 1980. Ils ont connu le rap, les grafs, l’émergence de la figure du « jeune de banlieue », l’écroulement de l’idéologie communiste et du bloc de l’Est, la prise d’importance de l’écologie sur la scène politique, la démocratie par la base, etc. Un contexte dans lequel leurs sensibilités à l’urbain, à la foule, à l’actualité politique se sont formées.

    D’une certaine manière, ils partagent le même univers, même si la « patte » de chacun s’identifie facilement : les automates de Malachi, les miroirs gravés de Seamus, les superpositions vidéo de Doctor L. Ce passé commun et anxiogène imprègne toute l’installation, qui fonctionne comme un répertoire de références immédiatement identifiables. C’est le vacarme de la ville mélangé à celui d’un avion qui décolle, l’omniprésence du dollar, les bombardements, les nazis. A l’entrée de l’expo, une rangée de rétroviseurs se dresse comme autant d’yeux avides braqués sur les spectateurs, évocation des milliers de caméras qui quadrillent les villes d’aujourd’hui. Bref, les frères brassent sur le mode du zapping une quantité de données cauchemardesques impressionnante et annoncent l’autodestruction programmée d’une société dominée par le dollar.

    Un avion vintage qui a du mal à décoller

    Dans ce marasme, le simulacre d’un avion, fait de quelques planches (peut-être une métaphore de l’art), a du mal à prendre son envol. Il semble incarner la promesse d’un départ incertain vers un ailleurs fantasmé, accueillant, un « chez soi » pour ces voyageurs perpétuels. Voler au-dessus du cauchemar qu’ils décrivent semble être leur rêve pour accéder à quelque chose de plus pur ; d’ailleurs, c’est depuis un avion seulement qu’on peut voir les célèbres dessins Nazca qu’ils reproduisent sur les murs, à la peintures phosphorescentes : mystère, nostalgie, sublime en font non seulement une référence populaire, mais aussi un élément onirique un peu fantastique. L’ensemble de l’exposition se raconte comme un rêve d’enfant, peut-être né des retrouvailles des trois frères autour de cet immense avion de bois façon jouet rétro.

    Infos pratiks La famille Farrell, l’expo :

    Une exposition Seine-Saint-Denis style ! De Liam Farrell (Doctor L), Malachi Farrell, Seamus Farrell
    Du 4 septembre au 31 octobre à Mains d’Oeuvres du jeudi au dimanche de 14 h à 19 h.
    Visites commentées gratuites. Ouverture jusqu’à minuit pendant la Nuit Blanche, le 2 octobre.

    1, rue Charles Garnier, 93400 Saint-Ouen
    Métro Porte de Clignancourt (ligne 4), Garibaldi (ligne 13)

    Du 29 septembre au 17 décembre à la Maison populaire vernissage mardi 28 septembre à partir de 18 h, du lundi au vendredi de 10 h à 21 h, le samedi de 10 h à 16 h 30. Visites commentées gratuites.

    9 bis rue Dombasle, 93100 Montreuil
    Métro Mairie de Montreuil (ligne 9)

    Disclaimer

    StreetPress.com est partenaire de l’exposition

    Source: Camille et Jacques Torrance | StreetPress

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