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    23/11/2011

    Et si on ne payait pas (toute) la dette ?

    Frédéric Lemaire de l'audit citoyen pour la dette : « Des dettes illégitimes ont été créés contre l'intérêt public »

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    Sur StreetPress Frédéric Lemaire d'Attac «envisage une annulation partielle des dettes illégitimes». Avec tous les partis de gauche - sauf le PS - il demande «un audit citoyen pour le dette» pour distinguer les dettes légitimes des illégitimes.

    Qu’est-ce que c’est que « L’audit citoyen pour la dette » ?

    C’est une initiative en date du 26 octobre qui a été proposée par Attac pour avoir une approche collective et aborder la question de la dette. Alors que la crise de la dette a une influence directe sur le recul de notre système – la retraite, l’éducation – on estime que les réponses apportées par le gouvernement ne sont pas satisfaisantes. Et nous voulons que la population, les syndicats et les associations se saisissent de cette question centrale. Nous voulons un débat démocratique sur la dette.

    Tu crois vraiment que c’est possible d’ouvrir au débat public la question de la dette ?

    On pourrait avoir une approche technocratique et dire « la dette c’est pour les spécialistes, les économistes, les experts. Ça ne prête pas à discussion, il y a une dette, il faut la payer ! ».
    Nous on pense qu’en tant que sujet politique, la dette prête à discussion. On prend souvent pour exemple le référundum en 2005 sur la constitution européenne. On avait un texte très imposant, très technique et aussi éminemment politique. Il y avait un discours qui tentait de nier cette dimension politique et il a fallu faire un travail d’éducation populaire très important. On y est parvenu.

    Pourquoi remettre en cause certaines dettes ?

    On constate que le déficit n’est pas dû à une question de dépenses excessives, mais de rentrées insuffisantes. Les dépenses restent stables par rapport au PIB. Les recettes fiscales de l’État ont été amoindries par les cadeaux fiscaux faits aux entreprises et aux hauts revenus. Et cette diminution des recettes a été compensée par l’emprunt sur les marchés financiers. Cela demande à être quantifié, mais on voit que des dettes ont été créés contre l’intérêt public. On considère ces dettes comme « illégitimes », et il faut poser la question de leur remboursement.

    Et concrètement comment vous allez vous y prendre ?

    Finalement il y a un nombre restreint de solutions. On pense qu’il faut en priorité faire une réforme fiscale pour augmenter les recettes et combler les déficits. C’est pour cela qu’on préconise de revenir à une politique fiscale telle qu’elle existait dans les années 1970.
    Mais il faut aussi envisager, et cela ne doit pas être tabou, une annulation partielle de ces dettes illégitimes. Et la solution radicale c’est le défaut de paiement. Ça c’est la bombe atomique.

    On est paralysé par une vision comptable : « le chiffre est là alors tu payes ! »

    Le déficit n’est pas dû à une question de dépenses excessives, mais de rentrées insuffisantes

    Il suffirait donc de refuser de payer?

    Ce n’est pas exactement ça. Pour sa part Attac envisage un défaut partiel de la dette, une restructuration de la dette. C’est à dire qu’on renégocie les termes et les échéances des dettes. Quitte à ne pas rembourser toutes ces dettes. On voit l’exemple avec les collectivités locales. Avec Dexia certaines avaient souscrit des prêts toxiques. C’étaient des prêts dont le taux devenait dépendant des fluctuations sur les marchés. Et certaines communes se sont retrouvées avec des intérêts exorbitants. Au bout d’un moment elles ont eu un mandat, par exemple du conseil municipal, pour renégocier leurs dettes avec Dexia. Elles ont su imposer un véritable rapport de force.

    La solution est dans le rapport de force ?

    Il faut instaurer un vrai rapport de force. On est paralysé par une vision comptable : « le chiffre est là alors tu payes ! ». En réalité il y a une possibilité de renégocier, de remettre en question une partie du système. Il ne faut pas hésiter à aller la confrontation avec les marchés financiers. Si on a par exemple une grève générale, un vrai rapport de force, les partis politiques vont suivre. Mais on doute que la gauche actuelle soit capable de faire ça. On est en fait plus à gauche que Hollande.

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