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    30/09/2013

    Elles lancent « Cheek, le pure-player féminin de la génération Y »

    Voile, Miley Cyrus, réforme des retraites : Comment « Cheek » parlera de l'actu

    Par Inès Belgacem

    Mardi 1e octobre, Julia Tissier, Myriam Levain et Faustine Kopiejwski lancent « Cheek » avec l'ambition de « renverser le ratio 80% mode et beauté, 20% société et culture » de la presse féminine.

    Julia Tissier, Myriam Levain et Faustine Kopiejwski lancent mardi Cheek , le « pure-player féminin de la génération Y ». Elles veulent parler aux femmes de 25 – 35 ans, avec l’envie de « renverser le ratio 80% mode et beauté, 20% société et culture » de la presse féminine. On les rencontre en fin de semaine dernière dans leur petite rédaction, près des grands boulevards. Anciennes journalistes du magazine « Be », elles quittent le titre lorsque celui-ci passe d’hebdomadaire à mensuel.

    Elles n’aiment pas trop qu’on leur dise ça, mais c’est un peu Lagardère qui finance leur projet : comme Rue89 à l’époque – où les fondateurs venaient de quitter Libé, elles profitent d’un plan de départ volontaire, avec indemnités de départ et ASSEDIC à la clé, pour lancer leur site. Les 3 journalistes investissent 30.000 euros, plus 10.000 euros récoltés sur Kiss Kiss Bank Bank . Que feront-elles avec cet argent ? Un site web et une appli, sur lesquels seront publiés, à partir de mardi, « 7 posts par jour ». Une vingtaine de journalistes et photographes les suivent dans cette aventure, pour l’instant de manière bénévole.

    Mais pour celles qui veulent créer « le féminin de leur génération », l’essentiel c’est le fond. Alors la ligne éditoriale Cheek, c’est quoi ? Pour comprendre, StreetPress a proposé un petit jeu aux trois journalistes-entrepreneuses : à chaque sujet son traitement et son support. On a lancé Julia, Myriam et Faustine sur des thèmes, pour mieux comprendre leur état d’esprit et avoir quelques avant-premières avant l’ouverture du site.

    Si vous deviez écrire un sujet sur la réforme des retraites ?

    Sujet très difficile. On l’avait traité pour Be, et typiquement on avait donné la parole à trois ou quatre filles d’une vingtaine d’années, en leur demandant comment elles envisageaient leur retraite. Et c’est intéressant de donner la parole à notre génération, parce que c’est justement celle-ci qui ne bénéficiera d’aucune retraite, par répartition en tout cas. On entend souvent que les jeunes se foutent de ces questions, ce qui n’est pas vrai. Ils sont juste préparés à l’idée de ne pas avoir cette retraite. Et on aurait clairement pris l’angle générationnel pour traiter ce sujet.

    Orange is the New Black [une série sur des femmes en prison], ça vous parle ?

    Oui ! On a justement un papier en cours de relecture sur le sujet: « Les femmes sont-elles des criminelles comme les autres? » On va faire intervenir un certain nombre de contributeurs sur le site, plutôt des professionnels. Et c’est l’article de l’un d’entre eux. Pour le coup, ç’a été traité d’un point de vue purement culturel. A découvrir rapidement !

    Miley Cyrus, vous en parleriez ?

    On l’aurait sûrement mis en « WTF », qui est un sujet qu’on met en avant chaque jour, mais qu’on ne développe pas forcement. Après, il y a tout un débat sur le « slut-shaming », qui est le fait de traiter une meuf de salope parce qu’elle danse à moitié nue. On trouve ça intéressant de voir que tout le monde parle de Miley Cyrus alors qu’à côté, il y a ce gros porc de Robin Thicke en train de se trémousser. Et personne ne dit rien ! Passée la prestation un peu choc, qu’on a envie de faire circuler sur internet parce c’est un moment embarrassant, cette histoire soulève quelques questions. Si on doit en parler de façon un peu plus sérieuse, il y a ce fameux « slut-shaming », mais également savoir si une femme ne peut faire parler d’elle qu’en se foutant à poil.

    En parlant de se mettre à poil, vous diriez quoi sur les Femen ?

    Alors, les Femen ! Figure toi qu’elles sont dans notre clip de lancement, mais que nous n’avons encore rien préparé sur elles. Le mouvement ne peut être ignoré. Il existe, il crée le débat. Mais la manière dont les Femen se retirent ensuite de ce débat sans réellement avancer d’arguments rend ce même mouvement perturbant. Elles sont dans la provoc’, le revendiquent, et du coup cristallisent beaucoup de haine. Et la question est de savoir si ce n’est pas contre-productif. Si on devait faire un papier, ce serait « Pourquoi les gens les détestent-ils autant ? »

    Dans un autre genre, Najat Vallaud-Belkacem est également la cible de beaucoup de critiques. Ca vous intéresserait d’en parler ?

    Aaah, Najat… qui ne répond pas ! Parce qu’elle devait nous écrire une contribution, elle avait accepté, mais plus de réponse. On voulait la faire réagir sur le projet de loi sur l’égalité homme-femme. Il y a un relais de ce projet dans les médias, et on prépare un papier là-dessus. On pourrait le décliner sur toutes les professions, sur les violences domestiques, l’égalité professionnelle, mais ce serait le traiter un peu de but en blanc et c’est un peu chiant. Ça ne donne pas envie. Ça nous semble plus intéressant de se pencher sur un des aspects du projet, de l’illustrer par des interviews, des témoignages, le faire vivre en gros. Mais c’est clairement un projet de loi dont on va être amené à parler dans un tas d’articles. Et pour longtemps dans les mois qui viennent. Il y aurait peut-être un papier à faire sur Najat aussi. Elle est effectivement la cible de beaucoup de haters quand même …

    Vous parlerez du voile ?

    C’est un sujet que nous ne voulons pas négliger, mais qui est très très compliqué à traiter, parce que pas du tout politiquement correct. Nous n’avons pas forcément envie d’être politiquement correctes, mais il faudra trouver le ton juste. Globalement, sur ce sujet, quoi qu’on dise, on se fait attaquer. C’est comme l’extrême-droite. Mais en même temps il faut en parler, parce que sinon ça devient tabou. En fait, il y a énormément d’ignorance autour des questions de l’Islam et de l’islamisme. Beaucoup de conneries sont dites et c’est pour ça que ça crée des crispations. Le jour où nous traiterons ces sujets, il faudra donner la parole à des gens intelligents, pédagos, sans être démago.

    Vous inviteriez Tariq Ramadan ?

    Tariq n’est pas très Cheek quand même ! Nous, on a pour ambition de parler des femmes de notre génération (25-35 ans). Après, nous sommes ouvertes, et on compte bien faire intervenir des hommes. Mais on ne va pas faire le portrait de Pasqua ! Et Tariq Ramadan, c’est un peu le même souci. La femme de Tariq Ramadan, ce serait plus simple !

    Pour revenir sur un sujet plus girly, comment allez-vous aborder les tendances de cet hiver ?

    Oulala ! Fashion Week ! On adore toutes la mode, chacune dans son truc. Mais sur Cheek, on s’intéressera d’avantage à ceux qui font la mode, qu’à la mode en elle-même. Aller au-delà des fringues qu’ils font aussi. On pourrait typiquement utiliser le portrait pour ça. Mais on n’est pas là pour donner les tendances. D’autres le font très bien et c’est pas forcément notre formation. En revanche, on pense à une rubrique coup de cœur, très personnelle, sur les tendances qu’on aime.

    Et si je vous dis « Génération Y » ?

    Ça va être dans tous nos sujets. On en a fait un bouquin et on pourrait en faire 200 articles. Mais l’idée est que chaque article du site soit une déclinaison du sujet « génération Y ».


    Video – Le clip de lancement


    Dans la rédac de Cheek

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