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    18/11/2013

    Retour à Simplon, l'école qui paie ses étudiants pour monter des start-ups solidaires

    A Montreuil, 28 recrues apprennent le code dans un «camp d'entraînement»

    Par Robin D'Angelo

    Apprendre le code pour développer des start-ups solidaires, le tout en étant rémunéré et en favorisant l'insertion professionnelle. C'est le pari de Simplon, « une fabrique de codeurs entrepreneurs » à Montreuil (93).

    Montreuil (93) – En juin dernier, StreetPress vous présentait Simplon, une « fabrique de codeurs entrepreneurs » qui rêvait d’accompagner des projets de start-ups à haut potentiel solidaire. Aujourd’hui, la petite équipe de Simplon est en passe d’accomplir son pari. Depuis la rentrée 2013, « le camp d’entraînement » de Simplon forme au développement web 28 « recrues » motivées par un même objectif : développer des applications web dans le domaine de l’économie sociale et solidaire.

    Mères célibataires Au 55 rue de Vincennes à Montreuil (93), l’ex-entrepôt aménagé par Simplon ressemble à un loft. Ici, pas de bureaux mais des canapés, des poufs multicolores et des tables sur lesquelles s’accumulent des câbles internet. Un joli radiateur en forme de chaudière vintage donne même un petit air de Fiac à « la fabrique » de Simplon, vaste de 250 mètres carrés.

    Cet après-midi, une vingtaine de « simploniens » sont en train de mettre en application ce qu’ils apprennent en code pour développer des projets à visée sociale et solidaire. Attablée devant son ordinateur, Lavanya, 31 ans, s’initie au langage de programmation Ruby On Rails. Cette habitante de Villiers-le-Bel (93) s’est inscrite à Simplon pour concrétiser son projet de réseau social pour jeunes mamans :

    « Je l’ai observé dans mon entourage, beaucoup de jeunes mères ont des difficultés pour rentrer dans le monde du travail parce qu’elles ne peuvent pas faire garder leur enfant le temps d’un entretien d’embauche. »

    La solution proposée par Lavanya : une application pour permettre aux jeunes mamans de s’entraider pour garder leurs enfants. Prends ça super Nanny !


    font color=grey>Lavanya, qui bosse sur un projet de réseau social pour jeunes mamans

    Code Quand elle est arrivée à Simplon, Lavanya n’avait aucune connaissance en code. Même si elle reconnaît qu’il y a « des phases où elle est un peu larguée », la jeune femme d’origine tamoule est persuadée que « quand on veut, on peut ». « Apprendre le code, on peut le faire en 9 semaines, c’est largement suffisant », insiste Erwan Kezzar, un des 4 cofondateurs de Simplon. A Simplon, les « recrues » suivent 6 mois de cours intensifs où ils sont formés au HTML 5, Ruby on Rails et JavaScript. Des langages qu’ils apprendront simultanément en développant des projets jusqu’à tard le soir dans le loft de Simplon.

    Les profs, ce sont les 4 fondateurs qui ont tous été développeurs ou ont bossé dans la com’. Parmi eux, Frédéric Bardeau, intervenant au Celsa et auteur de l’enquête Anonymous, pirates informatiques ou altermondialistes.

    Benjamin, 29 ans et « simplonien newbie », est, lui, tout fier de montrer à StreetPress le site internet du collectif « Find your own way » sur lequel il a travaillé via Simplon. Une première prestation réalisée après à peine 1 mois de formation au développement web :

    « Par contre je te confirme, j’ai pas mal galéré ! »

    Insertion professionnelle Mercredi après-midi, Rodolphe, 44 ans, est venu présenter devant les recrues de Simplon sa start-up « Meilleurefranchise.com », un site pour permettre aux franchisés de noter leur marque à la manière d’un Trip Advisor. Avec son petit budget de 4.000 euros, il est à la recherche d’un apprenti développeur intéressé pour travailler sur son projet à moindre frais. Il compte sur les étudiants de Simplon.

    6 mois de cours intensifs au HTML 5, Ruby on Rails et JavaScript

    C’est la force de Simplon : « La fabrique à codeurs » paie ses recrues en jouant les intermédiaires avec des start-ups sociales et solidaires. C’est pour ça que Benjamin a postulé à Simplon. Au chômage depuis 1 an, il était à la recherche d’une formation en code pour monter sa start-up. Mais seulement s’il pouvait être rémunéré :

    « Être payé pour étudier, c’est essentiel. Moi j’ai 29 ans et je ne peux pas me permettre de ne pas travailler. »

    Depuis la rentrée 2013, déjà 2 contrats pro ont été signés. « Les simploniens vont passer 6 mois de cours intensif à la fabrique, puis 6 mois en entreprise », se félicite Erwan Kezzar. La #TeamSimplon collabore avec l’association « Les compagnons du Dev’ » qui propose aussi des passerelles entre étudiants et clients. Récemment, les équipes ont travaillé pour les sites des associations « Les entretiens de l’excellence » ou « éQuinoxe ». Simplon rémunère aussi 5 recrues dans le cadre des contrats uniques d’insertion.

    Diversité Si Erwan Kezzar et ses trois amis ont monté Simplon, c’est aussi avec l’objectif d’ouvrir les métiers du web à des publics sous-représentés dans ce secteur. En terme de « mixité », le jeune entrepreneur de 27 ans estime que Simplon a « dépassé ses objectifs » :

    « On forme des gens de 18 à 52 ans. Certains n’avaient pas de connaissance en web, d’autres aucun diplôme. Il y a des allocataires du RSA. »

    Simplon a bénéficié d’une bourse de 50.000 euros de la part d’Orange pour rétribuer les 8 filles qui suivent sa formation au titre de l’égalité des chances. « Malheureusement, on trouve assez peu de femmes parmi les codeurs. On est loin de la parité », justifie Erwan. Simplon a aussi bénéficié des aides de la région Île-de-France via les programmes de subvention à l’économie sociale et solidaire.

    Ouvrir les métiers du web à des publics sous-représentés dans ce secteur


    font color=grey>Erwan Kezzar, toujours au top !

    Bac +5 Lorsque StreetPress avait rencontré Erwan Kezzar pour la première fois, il rêvait de dégoter les Mark Zuckerberg des milieux les plus défavorisés. Dans des camps de Roms ou des foyers maliens, par exemple. « Mais rien qu’à cause du niveau d’anglais, cela a été difficile de recruter parmi les populations les plus éloignées du numérique », regrette Erwan Kezzar qui reconnaît que cet objectif n’a pas été atteint.

    Parmi les « recrues » de Simplon, pas mal d’autodidactes mais aussi beaucoup de bac + 5. Lavanya, qui veut lancer le réseau social pour jeunes mamans, est par exemple docteur en biologie moléculaire. Rodolphe, de Villeneuve Saint-Georges, a mis, lui, entre parenthèse sa 4e année en école d’ingénieur pour se concentrer sur Simplon et se lancer sur des projets « pas faits pour faire du cash mais pour aider »:

    « Moi c’est l’économie sociale et solidaire qui m’intéresse. Je suis venu dans cette idée. Je veux être au contact de projets qui me permettent d’être dans le bain. »

    En attendant, plusieurs start-ups à haut potentiel solidaire sont en train de germer dans cette ville du 93.

    bqhidden. « Ça a été difficile de recruter parmi les populations les plus éloignées du numérique »

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