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    13/12/2013

    5 minutes d'adrénaline pour une paire de chaussures

    « Troc parties » : La friperie version Fast and Furious

    Par Pauline De Deus

    Le troc c'est tendance, et même les fashionistas s'y mettent. A Paris elles s'étaient donné rendez-vous pour préparer leur réveillon « loin de la surconsommation ». Attention, il n'y en a pas pour tout le monde.

    « C’est parti ! » Au signal, les filles se précipitent vers les petits tas de fringues. L’une commence à fouiller dans les bustiers pliés sur les tabourets. Pendant ce temps, l’autre essaye de se faufiler en direction du canapé où sont étalées les robes de soirée… Pas le temps d’essayer : en cinq minutes à peine tout est parti. L’atmosphère revient à la normale dans le sous-sol du bar du 3e privatisé pour l’occasion. Une Troc Party c’est cinq minutes d’une adrénaline que seule une vraie « modeuse » comprendra.

    The Story Bientôt deux ans que les événements « Troc Party » sont organisés à Paris une fois par mois. C’est en mars 2012 que Mélodie Tuquet initie l’événement. A l’époque, elle doit créer un site pour ses cours de web-design.

    Du coup, elle décide de faire la totale et de monter le projet qui va avec. Sans jamais avoir mis les pieds dans une « troc », elle sait que ça la branche. « Ça correspond à mes valeurs : un système plus sain, loin de la surconsommation… Et en même temps le domaine de la mode me plaît », affirme la jeune femme de 25 ans, aujourd’hui graphiste chez Vente Privée.

    Pour mettre sur pied la plate-forme et organiser les « Trocs », Mélo rameute son mec et une pote. Et depuis ils sont restés fidèles. Aujourd’hui Servan et Maud font partie intégrante de la toute nouvelle assoc’ « TrocParty.com » créée il y a deux mois. Les trois compères et les autres bénévoles arrivés entre temps s’investissent à fond, bien décidés à satisfaire la quinzaine de fashionistas qui doit participer à la soirée. L’initiative a du succès. Au total 1050 personnes sont inscrites sur la plate-forme. Si aujourd’hui les « Troc Party » sont gratuites, « ça va évoluer » annonce Mélodie qui compte proposer une formule payante. L’argent ainsi collecté devrait ensuite servir à « organiser de nouveaux événements, faire de la pub et améliorer la plate-forme. »

    Branchitude A Paris, différentes « trocs » sont organisées plusieurs fois par mois (Free Troc Party, la Tribu troqueuses…). Mais Mélodie insiste, « chaque concept est différent ». A Troc Party, leur idée, dès le début, c’était de faire quelque chose de « plus modernisé », comprendre « branché ». Pour ça, les organisatrices misent sur l’ambiance : bar accueillant, salle privatisée… Et surtout, pour éviter de se marcher dessus pendant la course aux vêtements, réunion en petit comité : pas plus d’une vingtaine. « Les autres filles sont sur liste d’attente », explique la fondatrice.

    Ce soir, le troc se fait au bar à Tapas Max y Jérémy dans le 3e. Après un passage au comptoir, les filles descendent dans la cave, privatisée pour l’occasion. Lumière tamisée, musique de fond : l’ambiance est calme. Les nanas discutent dans un coin. Pendant ce temps, les organisatrices finissent de préparer la pièce. Régulièrement, elles s’arrêtent pour glisser un mot aux nouvelles arrivantes. « Rosemonde, c’est bien ça ? », « Hé ça fait longtemps qu’on ne t’avait plus vue »…

    Ça correspond à mes valeurs : un système plus sain, loin de la surconsommation…

    Les autres filles sont sur liste d’attente

    Select’ Les troqueuses arrivent au compte-goutte. Ivana tapote sur son smartphone. « J’utilise Vinted, c’est une appli pour troquer et vendre en ligne. Ça par exemple, c’est les baskets que j’ai mises sur le site hier », dit-elle en pointant l’écran de son index verni. Même si elle peut refiler ses fringues sans bouger de son lit, la petite blonde continue de venir aux soirées troc. « Je suis graphiste free-lance, du coup ça me fait une sortie », lance-t-elle sur le ton de la blague. A côté, Coralie a l’air bien tentée par l’appli. Elle qui est plutôt du genre à « avoir pleins de fringue et à changer souvent », est preneuse de toutes ces astuces. Avant elle organisait également des trocs dans son salon. « C’était vraiment sympa, on passait l’après-midi ensemble après l’échange » se souvient la nana de 27 ans. Mais taf oblige, cette responsable de com’ ne se contente plus que de participer.

    Tout est en place. Un œil sur la liste d’inscrites, beaucoup d’absentes, elles ne seront que 10. Rosemonde, collant mauve et pull ample est la première à passer au tri. « J’aime ce qui est audacieux, recherché et à la fois déconstruit », nous confie l’étudiante en info-com de 22 ans. Elle ouvre sa valise et en sort ses fringues une par une. Mélodie fait la mou. « Très joli mais ce n’est pas dans le thème » tranche la juge, plus intransigeante que le physio du Baron. Ce soir, « vêtements pour le réveillon ». Paillettes, strass : il faut que ça claque. Maud et Mélodie passent au crible les fringues des troqueuses. Les critères sont draconiens : tendance, état, mais aussi taille entre 36 et 42. « Forcément quelqu’un qui fait du 48, je ne vais pas l’accepter parce qu’elle ne va rien trouver », se justifie Mélodie en petite robe noire.


    font color=grey>« J’aime ce qui est audacieux, recherché et à la fois déconstruit »

    3, 2 ,1… Une fois que les vêtements sont choisis, c’est Audrey, une collègue de Mélodie récemment arrivée dans l’aventure, qui met tout en place. Les jupes courtes d’un côté, les longues de l’autre, les bijoux sur une table… Pendant ce temps, à côté, Mélo se fend d’un petit discours pour rappeler les règles : « tout est en commun et chacune peut prendre autant de vêtements qu’elle en a donnés. » Les fringues qui ne seront pas troqués devront retourner dans la garde-robe de leur propriétaire.

    L’heure est venue de troquer. Au top, les modeuses se ruent sur leur « coup de cœur » sans réfléchir. Géraldine attrape le haut rouge sur lequel elle louchait depuis un moment. Mais pas le temps d’essayer, elle repart aussi vite vers sa nouvelle conquête. Les filles sont concentrées. Même les organisatrices qui ne participent pas se font discrètes. En l’espace de cinq minutes la plupart des vêtements ont déjà trouvé leurs nouveaux propriétaires.

    Après la ruée vers l’or, courte mais intense, les conversations reprennent. « C’est quelle taille ? », « ça se met comment ? ». Géraldine se trouve des affinités avec Rosemonde. Elles en profitent pour s’échanger leurs numéros. Tandis que Maurane choppe son manteau pour filer à l’anglaise. La nouvelle recrue de 20 ans n’est pas vraiment enchantée par la soirée : « j’espérais repartir avec des vêtements aussi jolis que ceux que j’avais amenés. Mais c’est le jeu fallait être hyper rapide… »


    font color=grey>Mélodie, Maud et Audrey, organisatrices de la « Troc Party »

    bqhidden. C’est le jeu, fallait être hyper rapide…

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