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    15/11/2010

    Delanoë aux États Généraux de la nuit: « Les Parisiens un peu exigeants »

    Par Kim Biegatch

    Vendredi Delanoë lançait l'après-midi des États Généraux de la nuit. Face aux riverains excédés et aux professionnels de la nuit le maire de Paris a joué l'équilibriste entre bons mots et instants nostalgie. 8 minutes chrono pour ne rien dire.

    Bertrand Delanoë s’installe au pupitre. Il a oublié ses lunettes de vue. Après avoir plissé les yeux, il reconnaît, gêné, qu’il n’arrive pas à voir le représentant de la région Ile-de-France, pourtant assis en face de lui. Les états généraux de la nuit s’annoncent très ‘djeuns’.

    Les maires d’arrondissement sont là. Les représentants des forces de l’ordre aussi. Au premier rang, des députés. Une belle brochette de sexagénaires, concernés par la mort de la vie nocturne parisienne.
    C’est “Friday Free wear, commente l’un deux. J’ai l’air ridicule avec mon costume”. A côté de lui, un élu local se demande s’il ne va pas sécher l’atelier auquel il s’est inscrit pour assister au vernissage de l’école maternelle du coin. Concernés, on vous dit.

    « Vous ne voulez plus de bruit à 20 heures, mais quand vous sortez, il en faut jusqu’à 5 heures du matin ! »

    D’entrée de jeu, Bertrand Delanoë se présente comme un ex-jeune parisien. “C’est vrai que quand j’avais 25 ans, à Paris, je m’amusais très bien !” s’exclame le maire de Paris. 35 ans plus tard, la vie nocturne de la capitale se meurt. Un problème “sérieux, grave même” dont l’origine provient des nuisances sonores et des plaintes à répétition. “Nous les Parisiens, nous pouvons être un peu exigeants, explique le maire de Paris. Vous ne voulez plus de bruit à 20 heures, mais le soir où vous voulez sortir, il faut qu’il puisse y avoir du bruit jusqu’à 5 heures du matin !” Une contradiction qui ne doit pas pour autant conduire à la mort de la vie nocturne parisienne. La fête, “il faut en garder le goût sinon ça se perd et on vieillit” affirme le maire qui ne croit pas si bien dire.

    Développer les lieux de nuit près des berges

    Pour solutionner les problèmes de voisinage, l’élu socialiste propose d’insonoriser les ERP, les établissements recevant du public. Exemple type, la Cigale. “A la fin des années 1980, on a eu des problèmes”, rappelle Bertrand Delanoë. “30 ans plus tard, la Cigale est un haut lieu de la vie et de la vitalité de Paris”. Problème : bien souvent, les nuisances sonores ne parviennent pas de la salle mais des fumeurs qui squattent le trottoir depuis qu’il est interdit de fumer dans les lieux de convivialité.

    Bertrand Delanoë propose alors de trouver “des lieux qui pourraient être dédiés à la fête” et où il n’y aurait pas de gêne avec les voisins comme les berges. Autre solution évoquée par le maire de la capitale : la mise en place de nouvelles règles. “Mais les règles que vous allez inventer […], pensez en même temps aux moyens de les faire respecter” précise-il à l’intention des députés. Une idée qui ne convainc pas beaucoup.

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    Une milice de la fête pour jouer les médiateurs

    Le maire souligne la nécessité de rétablir les liens. Comment ? Par la création de correspondants de nuit, une milice de la fête chargée de surveiller les teufeurs un peu trop bruyants. Bertrand Delanoë insiste sur leur rôle de médiateur : “avant de s’engueuler, on regarde si on peut trouver un accord”. Même s’il le reconnaît lui-même, avec des Parisiens qui ont oublié le sens du terme “solidarité”, la tâche s’annonce ardue.

    De son côté Bruitparif, l’observatoire du bruit en Ile-de-France, planche sur un projet permettant aux fêtards de prendre conscience des nuisances qu’ils engendrent et de s’autoréguler. Un système qui aurait fait ses preuves d’après Pierre, salarié de la société Envvea .

    Pas à rougir de Berlin pour le maire de Paris

    Quand on l’interroge sur l’intérêt de la pétition “Paris : Quand la nuit meurt en silence” lancée par Technopol il y a tout juste un an, Bertrand Delanoë s’énerve. “J’entends : on ne s’amuse pas à Paris. Nous sommes une ville pleine de potentialités”. Irrité par les comparaisons entre Paris et sa version allemande, beaucoup plus active, le maire socialiste assure que “même les grands fêtards viennent à Paris pour faire la fête. On nous aime mais sachons aussi nous faire aimer”. Nous on aimerait bien y croire.

    Source: Kim Biegatch | StreetPress

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