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    06/01/2010

    Assassinat de DJ LamC : «Un crime antisémite étouffé par les pouvoirs publics»

    Par Marie Molinario

    Pour l'avocat de la famille du DJ, les pouvoirs publics étoufferaient délibérément l'affaire. En 2003, Adel Amastaibou assassinait le DJ juif. Hier, la Cour d'Appel a confirmé le non-lieu «pour raisons psychiatriques».

    Le 20 novembre 2003, Sébastien Sélam était retrouvé poignardé de plusieurs coups de couteau dans le parking de son immeuble du 10e arrondissement. Emotion dans la communauté juive de la capitale où le jeune homme était un D.J. en pleine ascension. Déclaré « irresponsable pénalement » en 2006, schizophrène paranoïde selon les experts, Adel Amastaibou avait déclaré lors de son arrestation « j’ai tué un sale juif, j’irai au paradis ». La famille de la victime souhaite qu’il soit jugé pour crime antisémite, mais hier la Cour d’Appel de Paris a confirmé le non-lieu, jugeant l’agresseur coupable, mais pas responsable pénalement.

    L’avocat de la famille, Axel Metzker, promet de ne pas s’en tenir là. Il s’apprête à porter plainte contre pratiquement tous les protagonistes et veut passer en cassation. Pour lui, les pouvoirs publics étouffent l’affaire. Il s’en explique dans un entretien à StreetPress.

    Pourquoi n’acceptez-vous pas le jugement d’irresponsabilité?

    Dès son arrestation le soir du meurtre, Adel Amastaibou a répété de nombreuses fois « sale juif ». Dans le procès verbal, il est noté qu’il reste calme et posé. Il est protégé par son psychiatre depuis plusieurs années. Je me demande si certains experts n’ont pas été corrompus ou bien ont peur tout simplement. Quand il dit devant les caméras qu’il entend des voix, il copie des affaires similaires.

    A aucun moment on n’a dit qu’il était fou, pour toutes ses infractions précédentes, donc je ne vois pas pourquoi pour un crime anti-juif il serait devenu irresponsable. Normalement, le passé médical ne présuppose pas de l’état psychologique au moment des faits. Admettons qu’il soit bien schizophrène, il a très bien pu être dans une phase de lucidité ce soir là. C’était un guet-apens dans un parking.

    J’ai l’intime conviction que c’est un simulateur depuis que j’ai croisé son regard. Il avait un travail, une petite amie et il n’y a aucun certificat médical de schizophrénie avant le meurtre. Mme Sélam [la mère de la victime, ndlr] est en danger. Il lui a envoyé plusieurs courriers dont un lui disait « veuillez retirer la plainte ». Ce qui s’est passé à Roquebrune [La récidive d’un déséquilibré jugé irresponsable, ndlr] va recommencer si le meurtrier est relâché.

    “C’est une affaire d’Outreau à l’envers”

    Donc pour vous, la justice protège le meurtrier délibérément?

    La justice est paralysée. Je pense que le discours sécuritaire de Nicolas Sarkozy n’est pas du tout appliqué. Le soir du meurtre, dans l’émission 100 minutes pour convaincre, il avait déclaré que l’on n’a pas le droit de s’attaquer à un juif. Cette affaire montre un décalage total. C’est un crime antisémite étouffé par les pouvoirs publics. Quand j’ai repris l’affaire en 2006, j’ai mis 6 mois à retrouver le dossier et je n’avais pas le droit de savoir où était Adel Amastaibou ! Je n’ai même pas accès à son dossier médical. C’est une affaire d’Outreau à l’envers.

    Mais qu’est-ce que vous comptez faire? La Cour d’Appel a tout de même tranché mardi dernier…

    Ecoutez, le 7 novembre 2003, soit deux semaines avant le meurtre, il était dans les locaux de la police! Il a été arrêté pour mise en danger de la vie d’autrui, conduite sans permis et trafic de drogue et il est ressorti libre.

    Son casier était vierge alors qu’il avait eu plusieurs condamnations (agressions, mise en danger de la vie d’autrui, trafic de drogue, fabrication de cocktail Molotov). Leur excuse a été de dire qu’il y avait eu une erreur de prénom. Ce 20 novembre, il n’aurait pas du être là. C’est un danger public depuis 1998. L’enquête a été bâclée. Nous avons perdu 6 mois aujourd’hui mais tout espoir n’est pas perdu. Et on pourra aller devant la Cour européenne des droits de l’Homme après. Il sera condamné.

    Source : Marie Molinario / StreetPress

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