En ce moment

    27/05/2014

    Invités: le maire de Pantin et le fondateur du 6B

    « Le 93 se brooklynise-t-il ? », l'émission spéciale

    Par StreetPress

    Pantin serait en voie de « brooklynisation » ! Ce n'est pas StreetPress qui le dit mais le très sérieux New York Times. La gentrification heureuse, c'est possible ? En fin d'émission retrouvez nos chroniqueurs et « Helluvah » en session live.

    Le prix du mètre carré s’envole à Pantin ou Montreuil, à mesure que les squats d’artistes ferment, que les friches disparaissent et que les grosses entreprises et une nouvelle population apparaît. Mais est-ce si simple ? Et si la gentrification, ça avait du bon ? Et si notre bon vieux 9-3 était en voie de brooklynisation ?

    On vous avait parlé il y a quelques semaines à StreetPress de ce squat de Pantin qui « refuse la brooklynisation de la ville ». Et du 6B, le spot culturel alternatif de Saint-Denis qui se retrouve au cœur d’un vaste complexe immobilier.

    Et ça tombe bien, les invités de notre émission sont :

    > Bertrand Kern le maire (PS) de Pantin le suivre sur twitter

    > Julien Beller le fondateur du 6B

    1 Retrouvez le podcast de l’émission…

    2 …et les meilleurs extraits de l’émission

    Bertrand Kern, maire de Pantin

    « La Seine-Saint-Denis a toujours été une porte d’entrée pour le monde. Nous avons des populations qui arrivent de l’étranger, et passent souvent par le 93. Et puis il y a l’autre arrivée : des jeunes couples parisiens qui ne trouvent plus à se loger à Paris. Donc ils viennent à Pantin et ils sont heureux, parce qu’ils trouvent une ville qui urbanistiquement reste agréable et socialement assez équilibrée. […] Quand on se ballade, il y a des Blacks, des Blancs, des Beurs et aussi de plus en plus d’asiatiques. Pantin reste une ville multiculturelle, un peu une ville-monde.

    Le projet politique de la ville de Pantin est très clair : c’est de faire une ville qui soit mixée socialement, aux portes de Paris et au cœur de l’agglomération. On veut éviter, comme ça s’est passé dans l’ouest parisien, de renvoyer les classes moyennes et modestes à 10, 15, 20 kilomètres de Paris. Quand un promoteur vient me voir, je l’oblige à 33% de logements sociaux, dont du logement très social. Je lui dis : je veux de l’accession sociale à la propriété. Et je lui dis que la moitié des logements en accession libre sont réservés aux Pantinois à des prix qui sont 10-15% en dessous des prix du marché.

    Avec cette gentrification, tous les maires de gauche sont confrontés à la même problématique. On se bat pour garantir à ces populations la possibilité de rester au cœur de l’agglomération parisienne. Après on pourrait être de droite, ça c’est facile ! On construit de l’accession à la propriété, on laisse les riches arriver, en plus ils les rééliront, et on laisse faire le marché. Nous, on se bat contre cette logique. C’est assez difficile, mais on y arrive quand même.

    Il se passe un tas de choses à Pantin : on a le festival Banlieues Bleues, le Centre national de la danse, le Ciné 104, où commence un festival du court-métrage la semaine prochaine. Il y a aussi de nouvelles galeries d’art. Ce qui nous a valu un reportage du New York Times, à l’origine de l’expression “brooklynisation”. L’article concernait la galerie de Thaddaeus Ropac, millionnaire autrichien qui est arrivé un jour dans mon bureau pour racheter une ancienne fonderie, aujourd’hui une galerie d’art très fréquentée. Alors c’est un peu le choc, quand vous avez des limousines qui rentrent dans Pantin. Mais, quand l’opposition communiste me reproche de faire “Brooklyn à Pantin”, “une ville chic”, je leur répond : “vous préféreriez que ce soit le Bronx ?“ »

    Julien Beller, fondateur du 6B à Saint-Denis

    Le projet politique de la ville de Pantin est très clair

    C’est un peu le choc, quand vous avez des limousines qui rentrent dans Pantin

    « On n’est pas que des villes, on est des quartiers, des zones de vie, et il y a des quartiers très différents, entre le centre historique et le 6B, qui est pris entre l’eau, la gare, la voie ferrée… Donc c’est facile de venir jusqu’à nous, qu’on soit du quartier ou du Grand Paris. Je suis fasciné tous les jours par Saint-Denis, il y a énormément de lieux. On a les entrepôts Christophe à 500m qui accueillent des artisans, des menuisiers, des fondeurs, des doreurs. A 1km de là, on a Besson qui vient de s’installer, avec la Cité du cinéma, des écoles, les EMGP [Entrepôts et Magasins Généraux Parisiens].

    On est arrivés il y a 4 ans, on a négocié un loyer et aujourd’hui on est au milieu d’un chantier. Une ville qui se construit, un quartier qui s’aménage : 70.000m² se construisent autour de nous. Et on est encore là. “On”, c’est 7.000m², 160 structures résidentes – des individus, des associations ou des entreprises – qui travaillent, qui échangent en synergie, et qui partagent des espaces communs : salles d’expos, de concerts, de cinéma… On est ravis, on reste libres de programmer ce qu’on veut, on fait des événements incroyables. On a un outil assez formidable, qui est accompagné par le politique, dont il profite et sur laquelle il fait sa communication. (…) C’est du win-win. (…) Le plus dur ce n’est pas de travailler avec le politique, parce qu’on est censés faire le même travail, c’est-à-dire vivre ensemble dans une ville, entre personnes de toutes les couleurs et classes sociales. C’est un peu plus difficile de faire ça avec un privé et un promoteur.

    Puisqu’on parle de Brooklyn, j’aimerais citer Connie Island, le parc d’attraction dans le sud dans lequel tu vas manger des burgers et où tout New York allait s’amuser. Voilà ce qu’on est, aussi. Je citerais aussi PS1, entre Brooklyn et le Queen’s, qui est un lieu d’art contemporain émergent. (…) Il y a cette vie, cette convivialité dont on est fiers : il faut qu’on reste, dans ce plaisir du vivre ensemble. Et c’est grâce à ces programmes et à ce plaisir-là qu’on fait de la mixité, c’est pas seulement en disant : on va faire habiter des pauvres à côté des riches. Ensuite, pour nous et notre avenir ; inch’allah, comme on dit. On bougera s’il faut bouger. »

    3 En fin d’émission, il y avait la session acoustique

    Camille, guitariste du groupe Helluvah, jouait « Go Back to Sleep » (2008) de son premier album Emotion Pills, et « Tenderness », de son prochain album. Sortie prévue le 22 septembre prochain – Elle nous le présente donc « en exclusivité mondiale ».

    Prochaines dates live le 28 juin à Cologne (Allemagne) pour une gay-pride alter’ et le 7 août, en première partie de Gaëtan Roussel à Sanary-sur-mer (Var).

    On reste libres de programmer ce qu’on veut, on fait des événements incroyables

    4 Sans oublier nos chroniqueurs

    > David-Julien Rahmil, en plein délire Star Wars, revient pour sa « chronique geek » sur l’histoire de cet Américain qui s’est lancé dans la construction d’une maquette grandeur nature du Millenium Faucon. 9 mètres de haut et 35 de long, tout de même, sans parler de l’armée de fans écumant les brocantes à la recherche de pièces électroniques des années 1970…

    > Quentin, du site bizarriste Tryangle.fr, revient lui sur « l’Aventura », dernier album de Sébastien Tellier. « Cette voix suave, le goût des femmes, l’élan mystique… » Tout lui rappelle un obscur chanteur des années 1970, Claude Celler de son pseudonyme. Après la mort de son producteur, ce dernier passera gourou, sous le nom de… Raël.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER