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    11/12/2010

    Les premières élections législatives de l'histoire du Kosovo se tiennent ce dimanche

    Ian Bancroft : « Même s'ils boycottaient le scrutin, les Serbes du Kosovo auraient quand même des élus au Parlement »

    Par StreetPress

    Depuis Belgrade, Ian Bancroft, co-fondateur de l'ONG TransConflict, explique à StreetPress pourquoi les Serbes du Kosovo sont le grand point d'interrogation des premières législatives qui se déroulent ce dimanche au Kosovo.

    Ian Bancroft, depuis Belgrade où vous vous trouvez, comment les Serbes suivent-ils les élections de dimanche ?

    La question dont les gens discutent à Belgrade est de savoir si les Serbes du Kosovo doivent boycotter les élections. Et même si le gouvernement serbe s’est prononcé pour le boycott, plusieurs partis politiques serbes – comme le Mouvement serbe du renouveau de Vuk Draskovic et des ONG ont appelé les Serbes du Kosovo à aller voter.

    Et est-ce que les Serbes du Kosovo vont aller voter?

    Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les Serbes du Kosovo ne représentent pas un groupe homogène. En fait, ceux qui vivent au nord de la rivière Ibar) seront plus enclin à bouder les urnes, alors que ceux qui vivent au sud vont probablement participer aux élections : Pour eux, la Serbie est plus loin et la coopération Pristina est davantage une nécessité. Le Kosovo, ce sont plusieurs réalités…

    C’est-à-dire…

    C’est-à-dire que les Serbes du nord bénéficient d’institutions parallèles et du soutien de la Serbie, qui est géographiquement proche. Alors que ceux qui sont au sud se sentent plus isolés. C’est pour ça qu’ils réagissent différemment à l’égard du gouvernement de Pristina.

    Ian Bancroft, 29 ans, est le co-fondateur de Transconflict, une organisation qui s’attache à résoudre les conflits ethniques dans l’ouest des Balkans, agissant aussi bien pour le compte d’entreprises que d’institutions.

    Ian Bancroft est aussi un UN Global Expert.

    «Pour les Serbes du Sud du Kosovo, la Serbie est plus loin et la coopération avec Pristina est davantage une nécessité.»

    Est-ce qu’il y a un risque pour les Serbes du Kosovo de se retrouver marginalisés de l’espace politique s’ils boycottaient en masse le scrutin ?

    Non, parce que la constitution kosovare garantit aux Serbes un minimum de 10 sièges au parlement… Ce qui veut dire que malgré un éventuel boycott, les Serbes auraient quand même des élus !

    D’autant que des Serbes ont présenté une liste pour les législatives…

    Oui et comme le Kosovo veut se présenter comme un pays multi-ethnique, et comme les sondages annoncent des résultats serrés, il y a beaucoup de chance que les partis serbes se trouvent en position de force dans les négociations pour la formation de la prochaine coalition.

    10 Juin 1999 Suite aux violents conflits qui ont opposé les autorités serbes et les séparatistes albanais à la fin des années 1990 et à l’épuration ethnique qui s’en est suivi, le Kosovo est placé sous l’administration de l’Onu en vertu de la résolution 1244
    17 Février 2008 Le parlement du Kosovo proclame unilatéralement l’indépendance
    22 Juillet 2010 La Cour internationale de justice, saisie en 2008 par la Serbie, affirme que le Kosovo n’a pas violé le droit international en déclarant son indépendance
    12 Décembre 2010 Premières élections législatives au Kosovo depuis la proclamation de son indépendance

    Qui va sortir gagnant du scrutin de dimanche?

    Les derniers sondages indiquent que le Parti Démocratique du Kosovo (PDK), emmené par le premier ministre Hashim Thaci, devrait l’emporter, devant la Ligue Démocratique du Kosovo (LDK) de Isa Mustafa , le maire de Pristina. L’ Alliance pour le futur du Kosovo (AAK) est fragilisée par l’absence de son chef, Ramush Haradinaj , qui est rejugé à la Haye pour crimes de guerre [qu’il aurait commis en tant que commandant de l’UCK, ndlr].

    Mais le score qu’il faudra suivre le plus près, c’est celui de Vetevendosje! (Auto-détermination), un nouveau parti politique, qui compte parmi les opposants les plus radicaux à la présence de la communauté internationale au Kosovo et aux négociations avec la Serbie. Le 28 novembre, la date anniversaire de l’indépendance de l’Albanie, des membres du parti ont mis en berne le drapeau de la République du Kosovo à Gjakova, Ferizaj et Lipjan, reprochant au drapeau de symboliser le caractère multi-ethnique du pays. Un forte progression de Vetevendosje serait un obstacle de plus qui compliquerait la conclusion d’un accord entre le Kosovo et la Serbie.


    «Il faudra suivre de près le score des opposants les plus radicaux à la présence de la communauté internationale et aux négociations avec la Serbie»

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