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    11/07/2014

    Comment s'habiller sans tuer d'animaux ?

    Dur, dur d'être vegan et chic

    Par Laura Cuissard

    Les vegans refusent l'exploitation animale, jusque dans leurs fringues. Mais entre plastique moche, made-in china, et marques de luxe, dur d'être éthique, chic et pas cher.

    Rue Mouffetard, Paris 5e, Amandine est accoudée sur la commode de sa boutique de pâtisseries Vegan folie’s. La jeune femme est vêtue de sa tenue de travail noire, cheveux retenus par une queue de cheval basse et lunettes sur le nez. Militante depuis 10 ans, elle est incollable sur toutes les boutiques, les sites et les manifestations prévues sur la condition animale. Les bras croisés, elle a un sourire amusé quand on aborde la question des vêtements :

    « C’est pas compliqué, moi je m’en fous de la mode. Si la paire de chaussures sans cuir est moche, je la prends. »

    Son principal souci, pas de cuir donc, mais pas de laine non plus et qu’importe l’esthétique :

    « Je ne comprends pas pourquoi ce serait plus normal de refuser la fourrure et pas le cuir, dans les deux cas, tu as un animal mort sur toi. Quant à la laine, vous n’avez qu’à lire le rapport de Peta . Et même s’il y a 1% de laine dans un pull, je ne le prendrais pas. »

    Green Fashion Des convictions que Perrine, 20 ans, et végétarienne depuis 9 ans, partage. Pas vraiment militante, ce n’est que récemment qu’elle a décidé de ne plus porter de cuir :

    « Je trouvais ça étrange de ne plus manger de steak mais de continuer à avoir du cuir sur mes pieds. »

    Lèvres rouges coquelicot, longs cils recouverts de mascara, Perrine ne correspond pas vraiment au cliché du hippie. Trouver une chaussure à son pied devient carrément problématique dans sa vie professionnelle : étudiante en école de commerce à Rouen, elle doit obligatoirement venir à ses entretiens en talon « et ça coince avec mes chaussures à dix balles. En plus d’avoir mal au pied, on voit clairement que c’est du faux cuir, je me tords les chevilles à chaque pas.» Quant à la qualité, Perrine dit d’un air triste :

    «Cet hiver, j’ai acheté trois paires de bottes en plastiques faites en Chine, la qualité est merdique. »

    En plus d’avoir mal au pied, on voit clairement que c’est du faux cuir

    Made in China Refuser de porter du cuir, c’est souvent faire le choix de chaussures en plastique pour quelques euros fabriquer à l’autre bout du monde par un gamin payé une misère. Perrine secoue la tête consciente du paradoxe :

    « C’est absurde, je ne porte pas de cuir mais mes chaussures ont été assemblées dans des conditions que je condamne.»

    Amandine insiste là-dessus :

    « Entre Vegans, il y a deux écoles : ceux qui vont prendre des chaussures en plastique à 10 € qui ont été fabriquées par des enfants chinois. Et d’autres qui vont débourser plus d’argent dans des entreprises qui certifient que la chaussure a été faite en Europe. Je fais partie de ceux-là, parce qu’ être vegan c’est un mode de vie, c’est une volonté de changer la société dans son ensemble. »

    Chic et chère Pour concilier éthique écolo et sociale, on fait un tour dans la boutique « Un monde Vegan » qui aligne surtout farines sans gluten et yaourts au lait de coco. Mais dans un coin, un micro rayon chaussures. Une timide douzaine de paires est disposée sur quatre étagères. Tous les modèles sont garantis sans cuir et made in Europe, mais là c’est l’esthétique qui en prend un coup : Pour rentabiliser le rayon, les modèles sont unisexes avec un design assez grossier type Birkenstock ou Doc Martens.

    Alors fashion et vegan, impossible ? «Même en étant végétarienne, je ne côtoie pas trop le milieu. Peut-être qu’il y a des initiatives, mais je suis pas au courant », confesse Perrine. C’est finalement dans les boutiques de luxe comme Colette qu’on peut dénicher des fringues « Vegan chic ». Ainsi Good guys, la marque qui « chérit le passé, mais embrasse l’avenir » (rien que ça !), y propose des chaussures hauts-de-gamme « sans aucun matériau d’origine animale ». Ouf ! Sauf qu’au rayon Vegan les basiques, d’entrée de gamme sont à plus de… 80 euros.

    Etre vegan c’est un mode de vie, c’est une volonté de changer la société dans son ensemble

    bqhidden. Tous les modèles sont garantis sans cuir et made in Europe, mais là c’est l’esthétique qui en prend un coup

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