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    25/11/2014

    Le webdoc au pied du mur

    Connected Walls

    Par Camille Diao

    Le webdoc au pied du mur

    25 ans déjà que le mur de Berlin, le plus emblématique de tous, est tombé.

    Un quart de siècle plus tard, 41 murs à travers le monde divisent encore des populations, des pays, des régions. Des séparations qui diminuent les perspectives de dialogue et participent au renforcement des préjugés des communautés l’une envers l’autre.

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    C’est à 2 de ces murs que s’attache le webdoc Connected Walls : celui qui sépare les Etats-Unis du Mexique et celui qui entoure l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc. Pour chacun de ces murs, un duo de réalisateurs locaux a été choisi pour participer au projet. Des duos séparés par le mur, puisque qu’ils ne vivent pas du même côté. Leur défi : réussir à communiquer entre eux en dépit de ces frontières physiques et culturelles, pour co-réaliser tous les 10 jours un court documentaire sur un thème imposé, le même pour les 2 murs. Ces histoires courtes, à mi-chemin entre le journal et le documentaire indépendant, constitueront des témoignages quotidiens sur leurs murs, afin de répondre à cette question : quelles sont les similitudes et les différences entre ces murs et quelles sont leurs conséquences sur les relations humaines ?

    Connected Walls est aussi un projet interactif, puisque les internautes sont invités à choisir le thème imposé aux réalisateurs. Ainsi, les deux dernières vidéos portent sur le thème des animaux. Une manière pour tous de contribuer à briser le mur…

    On a posé trois questions au réalisateur belge Sébastien Wielemans, concepteur, producteur et directeur artistique de ce très beau projet.


    Comment est né le projet Connected Walls ?

    Tout a commencé en 2008. J’ai participé à l’émission de télé québécoise Rallye Müvmedia 2008, qui suivait 8 réalisateurs en voyage : 4 Canadiens francophones voyageant en Europe, et 4 Européens en Amérique du Nord. Chaque semaine, on devait tous réaliser un court documentaire sur un sujet donné, ce qui donnait naissance à huit petits films, tournés dans différents endroits du monde, mais abordant les mêmes sujets. Ces films étaient diffusés à la télévision, mais aussi en ligne : c’est ce qui m’a permis de me rendre compte de la force d’Internet, de sa capacité de diffusion en live sur différents territoires. De là est né notre projet : cibler différentes communautés en même temps, malgré leur séparation physique par un mur.

    Il existe 41 murs de séparation dans le monde aujourd’hui. Pourquoi avoir choisi ces deux murs en particulier ?

    J’ai découvert le mur États-Unis/Mexique lors du tournage de mon dernier documentaire, A Cycle of Fences, il y a 4 ans. Pour l’Espagne et le Maroc, c’est la frontière qui nous concerne le plus, puisqu’elle sépare l’Europe de l’Afrique. Il y a une forte population d’immigrés marocains en Europe, ce projet pourrait les intéresser. Et au-delà de ça, ces deux frontières répondent à une logique Nord/Sud, ce qui souligne le rapport de force entre les hémisphères.

    Comment peut-on agir et contribuer à briser ces murs ?

    Le premier conseil que je donnerais aux personnes qui vivent le long d’un mur, c’est d’aller voir derrière ce qui s’y passe ! Histoire de surpasser les préjugés que ces séparations installent. Dans notre projet, il n’est pas facile pour les Marocains et les Mexicains de traverser, par contre, pour les Américains et les Espagnols, il n’y a pas plus simple. Pourtant, combien d’Américains et d’Espagnols vivant le long du mur imaginent le Tiers-Monde, des dangers, des meurtres, des femmes traumatisées… Si ces personnes-là, sur le terrain, prenaient le temps de passer de l’autre côté de leur mur, ils découvriraient surtout des être humains qui ont les mêmes préoccupations que les leurs.

    Au niveau du webdoc, l’action est plus symbolique. Internet et les médias sociaux permettent de relier les personnes, malgré les séparations physiques qui les divisent, en facilitant le partage des connaissances, les échanges, les débats, les rencontres et la mobilisation. Nous pensons que les médias sociaux et les outils interactifs peuvent permettre d’entretenir un dialogue, de surmonter les préjugés et les craintes que les murs qui les entourent ont tendance à renforcer. Avec Connected Walls, l’internaute devient un citoyen actif, invité à donner son point de vue sur les conséquences de ces séparations, avec un impact réel sur la réalité. On lui propose notamment de rencontrer quelqu’un de l’autre côté de son mur physique ou social, à travers le “Quiz Mur” commun. On l’invite surmonter par la discussion la peur institutionnalisée créée par le mur physique, culturel ou social.

    Le projet Connected Walls est à suivre sur le site qui est lui est consacré et sur sa page Facebook jusqu’à la mi-janvier.

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