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    20/03/2015

    Cartocrise, la map qui recense les festivals qui disparaissent

    Pourquoi les festivals meurent en France

    Par Tomas Statius

    Emeline Jersol a recensé les fermetures de festivals ou de structures culturelles et le bilan est lourd : 143 disparitions. A StreetPress elle explique que les changements de majorités dans les municipalités ont fait pas mal de dégâts.

    « Dans mon entourage, j’entendais pas mal d’annonces de fermetures de festivals ou de structures. J’avais du mal à me rendre compte de l’étendu du phénomène », détaille la médiatrice culturelle du 5-9, Emeline Jersol. Pour y remédier, elle décide mi-janvier de recenser toutes les fermetures de l’hexagone, qu’elle compile sur une carte en open source.

    Elle ne sera pas déçue du voyage : en quelques mois elle a comptabilisé plus de 143 annulations de festoches et autres structures en galère de subventions. Dans le lot, pas mal de petits acteurs locaux mais aussi des poids lourds de la culture comme les Voix du Gaou (83). Trance, cirque, théâtre et même jazz, aucun courant artistique ne semble épargné par l’hécatombe. StreetPress lui a passé un coup de fil pour qu’elle parle de son projet.

    A quoi est due l’annulation de ces manifestations culturelles ?

    Ca dépend. Cela peut provenir d’une baisse de subventions de l’état ou des collectivités. Cela peut aussi être du à des choix politiques. Après il y a des questions de sécurité, comme c’était le cas pour I Love Techno à Montpellier.

    La couleur politique des élus entre en compte ?

    Une bonne partie des élus qui annulent des manifestations sont à droite, c’est vrai, mais je n’ai pas fait le compte. L’exemple de Montpellier prouve que les annulations peuvent aussi venir d’une majorité de gauche. De manière générale, j’ai plutôt l’impression que c’est un changement d’administration qui est à la base de nombreuses annulations.

    Dans le milieu culturel, on évoque souvent le renouvellement des structures et des festivals comme un processus normal…

    Aujourd’hui, je n’ai malheureusement pas le temps d’établir une carte des structures qui se créent en parallèle de ces disparitions mais ça pourrait être une donnée intéressante. Ce que je trouve inquiétant, c’est la diversité des structures touchées. Il n’y a pas que des acteurs locaux, il y a aussi des lieux avec des budgets colossaux qui disparaissent comme le Centre national des arts de la rue à Niort.

    Votre carte a même fait réagir la ministre de la culture…

    Oui, elle a annoncé que l’État pourrait aider des acteurs en difficulté. C’est un geste fort, mais c’est malheureusement une soupe qu’on nous a déjà servie. Ce type d’engagement tri-partite – une structure, une collectivité territoriale, l’État – existe déjà. Après, j’espère que toutes ces annonces pousseront à une prise de conscience plus générale sur l’état de la culture en France.

    La carte est titrée « Culture Française tu te meurs ». Est-ce c’est la conclusion de votre travail ?

    Quand j’ai créé cette carte, je ne m’attendais pas à une telle couverture médiatique donc c’était plus une envolée lyrique qu’autre chose. Ceci dit, la diversité des acteurs concernés invite à la vigilance. La France est connue dans le monde pour sa culture et sa diversité. Et cette diversité pourrait être plus du passé, que du présent.

    Comment évolue la carte au jour le jour ?

    La carte s’enrichit grâce aux infos que les gens m’envoient. Je viens d’ouvrir mes mails, on doit être pas loin de 200 annulations. Parfois on m’informe de la fermeture d’une structure, sans aucune source. Si je n’ai pas de moyens de vérifier l’info, je ne la communique pas.

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