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    17/06/2015

    Ils ont installé un bar éphémère dans un ancien dépôt SNCF

    Ground Control, une bulle bobo au bord des rails

    Par Nedialka Tchalakova

    Spot éphémère du 18e, Ground Control a ouvert pour l’été rue Ordener, au bord des rails SNCF. Pensé comme « un lieu de vie », il propose, en plus de la prog musicale, des activités pour bobos en tous genres : tricot, stand barbier ou street food.

    Paris 18e – Jeudi 21 mai, c’est soirée d’ouverture au Ground Control. L’ancien dépôt de la SNCF, collé aux chemins de fers qui partent de gare du Nord, est transformé en lieu de teuf all day long : bars en intérieur et extérieur, street food, activités tricot, yoga ou danse, et même un barbier et un poulailler ! Le spot éphémère qui installe un bout de Berlin dans le 18e suscite l’intérêt et la première fête est vite hors de contrôle : 6.000 personnes s’inscrivent « en attending » à la soirée de lancement sur Facebook, raconte Denis Legat, un des 2 boss du lieu :

    « On a mal géré, ça devait être une première soirée avec le quartier, sauf qu’on s’est retrouvés avec 3.000 personnes restées dehors »

    Des kilomètres de queue aux bars et une ouverture en fanfare qui a tout de suite énervé les riverains, « qui nous ont vu comme une vérue bobo, des pinpins qui viennent picoler », se souvient Denis, qui a du gérer le bad buzz et les premières pétitions « anti Ground Control ».

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    La vie du rail / Crédits : Ned

    Et Denis de s’expliquer : Ground Control c’est « un lieu de vie », nous répète plusieurs fois le quinqua. Une sorte de bulle Center Parcs urbaine, comme le décrit Charlotte, la blonde élancée de 33 ans qui gère la com’ :

    « Ici les enfants comme les mamies peuvent enfin passer leur weekend : au cours de yoga le matin, manger un bout au brunch, s’inscrire dans un des ateliers, jouer au ping pong l’après-midi, boire un verre et le soir écouter du son »

    Des vieux briscards de la nuit parisienne aux commandes

    Les 5.000 m2 de béton, rails et graff – entre Marcadet et Marx Dormoy – abritaient jusqu’à il y a 4 ans un atelier de réparation de locomotives de la SNCF. Avant de tout raser pour y construire des immeubles, la compagnie ferroviaire a signé pour l’été une convention d’occupation temporaire avec la team de Ground Control : 2 vieux routards de l’orga de la nuit parisienne – Denis Legat, 50 ans, et Fabrice Terrier, l’ancien directeur de l’Elysée Montmartre, 53 piges. Les 2 compères sont à l’origine du « Bal » de l’Elysée Montmartre ou des « Nuits électros » du Grand Palais sponsorisées par SFR. Pour Ground Control, ils sont associés à Allô Floride – la nouvelle boîte de booking qui monte dans la hype parisienne – qui gère la prog’ du lieu.

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    Fabrice, Charlotte et Denis / Crédits : Ned

    Ground Control, saison 1 s’était installé à l’été 2014 sous les Docks de la Mode, sur les quais de Seine. Et un an plus tard, la saison 2 est passée rive droite, mais le concept de centre de loisirs pour jeunes en quête de sensations berlinoises est encore bien là.

    La queue comme chez Disney

    Ground Control, c’est d’abord une histoire de queue. Après avoir patienté devant le portail en métal vert, vous commencerez par vous faire délester de votre bouteille de Cristaline par les 3 videurs qui surveillent les sacs :

    « La bouteille d’eau va à la poubelle »

    Ensuite, descendez les escaliers, longez l’entrepôt, puis tournez à droite : sur votre gauche des centaines de clients se prélassent assis… sur des rails. Bien installé sur la ferraille une pinte à la main, Michael est goguenard :

    « Pour choper un transat, fallait se lever tôt »

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    Bienvenue au préau / Crédits : Ned

    Continuez tout droit, bienvenue au préau : un baby foot, une table de ping pong, quelques chaises et des canapés à côté du bar. Juste derrière, c’est le poulailler (avec de vraies poules dedans). Une maman les cheveux courts châtains qui vient de récupérer ses enfants de l’école est vite devenue une habituée de Ground Control :

    « Ici c’est super grand, et en plus il y a un poulailler, ca amuse les petits. »

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    Ici c'est le poulailler / Crédits : Ned

    Prenez sur la droite, toujours en longeant le grand entrepôt, et vous voilà sur le Main Street de Ground Control : Big Moustache – un ancien coiffeur de l’avenue Georges V – taille votre barbe pour 10 euros. Il y a aussi un bar (forcément), l’accès aux ateliers (yoga, tricot, bracelets brésiliens), des ventes de créateurs et un traiteur italien où Stéphane, le « chargé de développement » de la trattoria, n’en revient toujours pas « du pouvoir d’achat important de la clientèle ». Reste que ce samedi soir, pour s’enfiler une foccacia ou une mortadelle à la truffe, il faudra poireauter une petite demi-heure.

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    Big Moustache vous taille la barbe pour 10 euros / Crédits : Ned

    Farouk se sent « un peu comme un extraterrestre »

    Deux potes, ont eux opté pour des hotdogs. L’un est habitant de la rue Ordener et a englouti le sandwich américain, avec l’aide de son fiston la bouche pleine de sauce:

    « 6€ le hot dog c’est cher, mais c’est bon alors ça suit. »

    A la table d’à côté, Farouk lit un bouquin sur Tarantino. La cinquantaine bien marquée, il est venu jeter un œil par curiosité et trouve l’endroit génial :

    « C’est positif pour l’image du quartier. »

    Mais l’ancien éducateur spécialisé, se sent « ici un peu comme un extraterrestre » alors qu’il habite le quartier « depuis 20 ans » :

    « Il faudrait développer des choses qui pourraient toucher les jeunes du quartier. Comme c’est bobo, j’ai peur que les gens ne se sentent pas concernés. »

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    Farouk se sent comme un extraterrestre à Ground Control / Crédits : Ned

    Sur le Facebook de Ground Control (15.000 fans au compteur), Alexis s’interroge aussi sur les « prix (…) exorbitants pour le quartier » qui filtrent de fait la clientèle et d’ajouter :

    « Quel dommage pour les voisins de ne pas pouvoir profiter d’un lieu aussi cool ! »

    Mais Denis le boss de Ground Control a réponse à tout. Il a le projet d’organiser une soirée spéciale pour les voisins du quartier, et veut distribuer des flyers dans les boîtes aux lettres des immeubles du coin pour annoncer ça.

    Et pour « métisser les publics », Denis va inviter un coiffeur africain et des mamas du quartier qui serviront aux clients… « des mafés ».

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