En ce moment

    27/07/2015

    Plutôt Snowden ou Cazeneuve?

    5 bonnes raisons de passer son été sur le darknet

    Par Grégoire Pouget , Thibaut Loïez

    Le darknet a mauvaise réputation. Pourtant même si tu n’es pas un pedonazi, il y a plein de bonnes raisons d’aller y faire un tour cet été. Ni censure, ni fichage, passe des vacances en toutes libertés.

    1 Moins cher que l’avion, le train ou même le co-voiturage
    Un darknet est un réseau plus ou moins privé à l’intérieur du réseau Internet. On y accède en installant un logiciel : Tor, I2P ou Freenet pour ne citer que les plus connus. Tous ces logiciels sont libres, donc gratuits. Quand tu sais qu’un Aller/Retour Paris – Marseille peut atteindre 130 €, franchement, y’a pas photo.

    Ca permet aussi d’éviter les coups de soleil. Pour aller sur le darknet, il faut être derrière un PC et ça c’est quand même un sacré avantage par rapport à la plage. Quand tu es sur le darknet, tu es chez toi, tranquille, dans une pièce sombre de préférence pour ne pas pas avoir de reflets sur l’écran. Pas de soleil donc pas de coups de soleil. Allez va, me remercie pas.

    2 Ne pas sortir à poil
    Internet, c’est un peu comme les plages naturistes du Cap d’Agde, on voit tout. Quand tu surfes sur le web, ton fournisseur d’accès a techniquement accès à toutes les données qui transitent non chiffrées : les sites que tu visites, tes recherches sur google, les commentaires que tu postes, les mots de passe sur certains sites, etc. La plupart des darknets utilisent des algorithmes de chiffrement fort, ce qui permet donc de cacher ton intimité à ton FAI.

    Lorsque tu utilises un darknet, tu passes par plusieurs ordinateurs répartis dans le monde entier. Pour Tor par exemple, tu passes par trois ordinateurs avant d’arriver à ta destination finale. Le premier peut être en France, le second au Panama et le troisième en Australie. Le fait de passer par plusieurs ordinateurs (également appelés “noeuds”) permet d’assurer ton anonymat en ligne. Avec Freenet, tu télécharges des fichiers en peer 2 peer chiffré sur des ordinateurs situés dans le monde entier.

    3 Accéder à tout, partout, tout le temps
    Ca t’es déjà arrivé de te voir refuser l’accès d’un resto ou d’une soirée ? Avec le darknet ça n’arrivera plus jamais. Le principe même d’un darknet est de rendre accessible tout type de contenu à tout le monde. Ce sont des outils extrêmement efficaces contre la censure. Tor permet d’accéder à des sites bloqués sur le réseau Internet. I2P, freenet et Tor offrent la possibilité d’héberger des sites ou des fichiers directement dans leurs réseaux respectifs, les rendant virtuellement imblocables.

    Sur le darknet, tu ne seras pas dérangé par les voisins. Internet, c’est pire que les plages de la côte d’Azur. On estime à cinq milliards le nombre d’internautes dans le monde. Tor, le darknet de loin le plus utilisé, compte environ deux millions d’utilisateurs quotidiens. Autant dire que coté fréquentation, le darknet, ça ressemble plus à une plage de Bretagne au mois de novembre qu’à Ibiza au mois d’aout.

    4 Se la péter auprès de ses potes
    Si tu vas sur le darknet cet été, tu pourras dire à tes potes que tu reviens d’un endroit où on trouve des pédophiles des dealers, des terroristes et même des pédonazis . Ils croiront que tu as passé l’été au Pakistan, en Afghanistan, dans l’Allemagne du 3e Reich, ou en Belgique.
    Un réseau darknet, de par son architecture décentralisée, ne peut être contrôlé. Pas de contrôle, pas de censure : sur un darknet tu publie ce que tu veux. Des photos de chats mignons ou des trucs un peu moins mignons. Certains médias un peu à l’affut de sensationnalisme ont taillé une sale réputation aux darknets en mettant en avant les côtés sulfureux. Or si sur les darknets on trouve effectivement des sites de vente de drogue ou d’armes, on trouve aussi des sites dédiés à la politique, à l’anonymat, des sites d’ONG et tout un tas de contenus qui sont censurés pour des raisons politiques dans de nombreux pays (Chine, vietnam, Iran, Arabie Saoudite, liste non exhaustive).

    Sur le darknet, on peut croiser des stars, enfin surtout une : Edward Snowden.
    Pour ceux qui ont passé les deux dernières années dans une cave, rappel des faits : Edward Snowden est un ancien employé d’une société d’informatique travaillant pour la NSA qui a transmis à des journalistes plus de 20 000 documents révélant l’ampleur de la surveillance en ligne menée par les US. Pour communiquer ces documents sans se faire choper Edward a utilisé (entre autres) le darknet Tor. Sur un darknet, les connexions sont chiffrées et anonymisées. Plutôt pratique quand on a le FBI aux basques.
    Snowden n’est pas le seul à utiliser le darknet pour communiquer : des journalistes, des ONG, des défenseurs des droits de l’homme utilisent aussi des darknets pour protéger leur identité, leurs réseaux, leurs contacts ou leurs sources.

    5 Faire chier Cazeneuve

    Quand tu passes par un darknet, ta connexion internet est anonymisée. Personne ne sait qui tu es, un peu comme aux débuts d’Internet.
    Ça, notre ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, il aime pas trop. Ca l’empêche de surveiller ton surf avec ses boîtes noires pour savoir si tu es en train de te radicaliser sur Internet à force de consultation de sites terroristes. En témoigne son travail de promotion de l’infâme loi renseignement ou ses intervention à l’Assemblée Nationale. Pas plus tard qu’il y a quelques mois Bernard nous racontait ceci :

    Mes services de renseignement ont pu, par des échanges d’informations, savoir que des terroristes procédaient, sur le darknet, à des communications cryptées donnant des éléments précis sur leur intention de commettre des actes terroristes.

    Juste pour info Bernard, pour communiquer de manière chiffrée (on ne dit pas “cryptée”) et anonyme, on n’a pas nécessairement besoin de passer par le darknet. La prochaine fois, avant de dire des conneries, tu me demandes.
    Et si tu veux un coup de main pour aller sur le darknet, n’hésite pas, c’est cadeau !

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER