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    26/11/2015

    Zadistes, assos et écolos ne lâchent pas l'affaire

    Cop 21 : ces militants vont se rassembler malgré l'état d'urgence

    Par Tomas Statius

    L’Etat d’urgence, déclenché après les attentats, empêche les rassemblements du contre-sommet de la COP 21. Les militants muselés sont en colère, mais s’organisent. Certains veulent maintenir les manifs coûte que coûte.

    Au Jardin d’Alice, Montreuil (93) – Atelier peinture, banderoles, réu militantes… Au rez-de-chaussée du Jardin d’Alice, une imposante résidence d’artistes de 2600 mètres carrés propulsée QG du contre-sommet à la COP 21, une vingtaine d’activistes charbonne sec pour préparer les mobilisations à venir. « On essaie d’accueillir les différents groupes qui veulent préparer le rendez-vous. On s’efforce de créer un ensemble harmonieux » détaille Antoine Raimondi, comédien et résident du Jardin d’Alice.

    Malgré la bonne humeur générale, certains militants peinent à cacher leur déception. En cause ? L’interdiction, au lendemain des attentats, de 2 mobilisations phares : la marche pour le climat du 29 novembre et le rassemblement du 12 décembre. Depuis les attaques, une vingtaine de manifs ont été interdites, comme le note Politis. Les écolos n’en finissent plus de grincer des dents : « On allait enfin parler de climat et aujourd’hui, on n’en parle plus du tout » confie Catherine, une militante ‘ricaine débarquée tout droit de Détroit pour la Cop :

    « On a mis un voile sur la question climatique… C’est comme ça qu’on dit en français ? »

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    « Laissez-les dans le sol » / Crédits : Tomas Statius

    Pris de court

    « On a commencé à s’installer il y a 15 jours. Le vendredi 13, on fêtait justement la fin des travaux. La soirée battait son plein quand on a appris les nouvelles », rembobine Antoine.

    La petite troupe du Jardin d’Alice tente malgré tout de s’adapter aux nouvelles mesures : « On aurait eu besoin d’un mois supplémentaire pour être vraiment prêt. » Le théatreux à la barbe de 3 jours et au sérieux bagou craint qu’une bonne partie des événements alternatifs ne soient sacrifiés sur l’autel de l’Etat d’urgence :

    « C’est quand même pratique comme mesure. Ça permet de choisir les mobilisations qu’on autorise. Et celles dont on ne veut pas »

    Au Jardin d’Alice, on essaie de ne pas se laisser abattre :

    « On s’est dit que le mieux à faire était de faire avec. Mercredi, on a invité Matthieu Auzanneau, un journaliste spécialiste de l’histoire du pétrole qui est venu faire le point sur la situation au Moyen-orient, notamment en Syrie. C’est bien de créer du sens autour de tout ça. »

    Les assos dans le flou

    Le résultat de ces interdictions ? Un grand fatras d’appels à la mobilisation dans lequel plus personne ne se retrouve. Le 29 novembre, en lieu et place de la grande marche, chaque asso’ y va de son événement.

    Alternatiba et Attac appellent à former des chaines humaines sur les trottoirs du boulevard Voltaire. Avaaz à recouvrir la place de la République de chaussures. Alors que d’autres, sur Facebook, exhortent les militants à manifester coûte que coûte. Le 29 novembre, l’Assemblée parisienne contre la Cop 21 appelle elle-aussi à maintenir la manif sur la Place de la République comme le note le site d’info militant Paris Luttes.

    Contacté par StreetPress, Txetx Etcheverry, membre fondateur du réseau Alternatiba, s’efforcent de maintenir l’union sacrée :

    « Vu la situation, c’est normal qu’il y ait des cafouillages. Mais bon, je trouve que ça se passe bien, sans psychodrame »

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    Les militantes d'Alternatiba en pleine atelier peinture / Crédits : Tomas Statius

    Et le basque de fustiger la décision du gouvernement de limiter les mobilisations à leur strict minimum :

    « On avait rencontré l’équipe de Fabius mardi dernier. On avait alors proposé de remplacer la marche du 29 par une mobilisation statique mais ça n’a pas été retenue. »

    La ZAD débarque quand même à Paris

    Les Zadistes, eux aussi ont dû changer leur plan. Partis de Notre Dame des Landes, mais aussi d’Agen, Bure et Forcalquier, en vélo et en tracteur, les opposants à l’aéroport avaient donné rendez-vous le 27 novembre à Saclay pour un grand banquet militant.

    Etat d’urgence oblige, il a été annulé. « Le 22 novembre, on a été bloqué pendant 2 heures à Anetz (44). Les policiers nous ont notifié la décision du préfet de l’Essonne d’interdire le banquet et de faire du plateau de Saclay une Zone de Sécurité Prioritaire », explique Camille, contactée par StreetPress.

    Le 25 novembre, le préfet d’Eure et Loire a aussi décidé d’interdire toute manifestation sur la voie publique du 27 au 30… justement quand le convoi devait y passer. Avant de finalement le laisser passer :

    « Le périmètre qu’on nous interdit augmente. Mais on ne va pas s’arrêter de lutter. On garde le cap, on verra bien jusqu’où on peut aller. »

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