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    12/01/2016

    Les migrants en colère avaient organisé un blocus du centre

    Des réfugiés expulsés d’un centre d’hébergement

    Par Tomas Statius

    Une vingtaine des 170 réfugiés hébergés au centre du Loiret avait organisé un blocus pour protester contre leurs conditions d’hébergement. Le responsable du lieu qui a appelé la police, conteste leur version des faits et évoque des menaces.

    Paris, Place de la République (3e) – Avant de faire place aux commérations des attentats de Charlie, ce jeudi 7 janvier une soixantaine de tentes trônait toujours au milieu de la Place de la République. C’est ici qu’Abdallah, un jeune réfugié tchadien, a dormi la nuit précédente. « Lui et ses potes sont arrivés vers 1 heure du matin », rembobine Yohann qui campe depuis quelques semaines sur la Place :

    « Il n’y avait pas assez de places pour tout le monde dans les tentes. C’était une nuit de cauchemar »

    La veille, Abdallah et une quinzaine d’autres demandeurs d’asile, en majorité soudanais, se faisaient virer du centre d’hébergement Le Loiret (13e). La raison de cette expulsion ? Selon Abdallah, un blocus du centre organisé par les migrants, le 6 janvier, pour dénoncer leurs conditions d’hébergement :

    « Plusieurs fois on a essayé de discuter avec le directeur du centre mais il ne voulait rien entendre. Alors on a protesté : on l’a empêché de rentrer dans le centre mais on a laissé entrer ceux qui y travaillaient. Il a appelé la police »

    Une plainte déposée pour menace de mort

    Alors que les réfugiés bloquent l’entrée du centre depuis plusieurs heures déjà, 4 à 5 estafettes de CRS débarquent vers 22h30. Rapidement les migrants sont embarqués. Certains, comme Abdallah, sont envoyés au commissariat du 13e arrondissement. D’autres dans le 5e.

    Contacté par StreetPress, le boss du Loiret, Bahittin Caliskan, justifie l’intervention de la police :

    « Ils ont poussé les travailleurs sociaux. Il y en a même un qui m’a menacé »

    Et le directeur du centre ne compte pas en rester là. Il a déposé plainte pour occupation illégale de lieu public et pour menaces. Il exclut de réintégrer ces réfugiés qu’ils voient comme des fauteurs de trouble :

    « Je compte accueillir d’autres réfugiés dans les prochains jours. D’autres personnes qui ne crachent pas dans la soupe »

    Des demandes d’asile qui trainent et des biscuits périmés

    Si le ton est monté assez vite ce mercredi 6 janvier, c’est que depuis plusieurs mois, selon les réfugiés, le climat est délétaire au Loiret. Pour Abdallah et ses potes, la liste des griefs est longue : Lenteur pour traiter les demandes d’asile, bouffe périmée, eau imbuvable…

    Quand StreetPress les appelle pour avoir leur version de l’histoire, certains membres de l’association Aurore, en charge du centre, tombent des nues :

    « Les conditions d’hébergement sont bonnes, les gens s’imaginent des choses. L’attente est longue pour certains réfugiés, c’est pour ça que le ton monte ».

    Le directeur du centre, Bahattin Caliskan, raconte, quant à lui, la racine de l’embrouille :

    « Tout ça est parti d’un petit déjeuner où par mégarde on a servi des petits beurres périmés depuis le 30 décembre. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »

    De leur côté, les réfugiés ne comptent pas remettre un pied au Loiret. Depuis l’évacuation du campement de République , personne ne sait où ils crèchent.

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