En ce moment

    14/01/2016

    « Le Pitch Me c’est une Zone d’Autonomie Temporaire »

    Le Pitch Me, resto afro-culturel en galère de thunes

    Par Lucas Chedeville

    Au menu du Pitch Me, rhum-gingembre, poulet yassa et café littéraire ou docus. Sauf que le resto-bar n’est pas très rentable. Pour renflouer ses caisses, l’assos des Ami-e-s du Pitch Me lance une campagne de dons en ligne.

    Paris 11e, Resto le Pitch Me – Ce lundi 11 janvier, ils sont une petite vingtaine à avoir répondu présent pour la première soirée de la saison. Au programme, la diffusion du documentaire de David Quesemand, Esterka, portrait d’une femme devenue actrice à 85 ans. Dans la petite salle, décorée d’une fresque représentant un village africain au pied d’un grand arbre, tous les regards se tournent vers l’écran. Avant le début de la projection, Karim Miské, l’un des boss du spot, fait un petit speech :

    « On vient de commencer notre campagne de dons pour pouvoir continuer à organiser des soirées comme celle-ci. On a déjà dépassé la somme initiale affichée qui est de 2 000 euros, mais n’ayez pas peur, continuez à donner, ça nous sera toujours utile ! »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/dsc02886.jpg

    Un petit rhum-gingembre ? /

    La story

    L’idée du Pitch Me germe dans l’esprit de trois potes, en décembre 2012. Quelques mois plus tard, le premier restaurant ouvre ses portes rue Vaucouleur. A sa tête, Karim Miské, écrivain et documentariste, Sonia Rolley, journaliste pour RFI et Mam Fédior, cuisinier d’origine sénégalaise. Ils commencent à organiser un évènement par semaine, les « Work In Progress » (WIP) : des écrivains, confirmés ou non, viennent présenter quelques pages de leurs bouquins en cours d’écriture et en discutent ensuite avec le public. Le tout assaisonné de poulet Yafa, de mafé et de rhum-gingembre.

    A la prog’ de ces soirées, Johann Zarca, écrivain et chroniqueur pour StreetPress. Le 15 février prochain, Edwy Plenel viendra faire une lecture de son prochain livre, en cours d’écriture, au Pitch Me. Accoudé au comptoir, Karim, petit bouc broussailleux, détaille le concept :

    « Le projet du Pitch Me, c’est de mettre en relation les artistes, réalisateurs, écrivains avec le public. En somme, de casser les barrières classiques établies ».

    Il poursuit :

    « L’écriture est au final quelque chose de très solitaire. Je suis moi-même écrivain, je connais la difficulté d’avoir du recul sur ce que l’on fait. Ces soirées sont des bons moyens pour les auteurs d’avoir un regard extérieur sur leurs travaux. »

    Les retours sur ces soirées sont bons. Les 3 acolytes décident d’élargir le programme : initiation aux cuisines du monde, concerts, projection de courts-métrages et de docus. Ce lundi, c’est la soirée « 1 docu par mois ». En sirotant son punch, David Quesemand, réalisateur du film à l’écran, commente le concept :

    « Ça permet de montrer des choses à un public qui n’est pas forcément habitué. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/dsc02849.jpg

    La séance va bientôt commencer. /

    Need Money

    En 3 ans, le Pitch Me s’est fait un petit nom dans le monde de la littérature et du documentaire alternatif. Pour autant, ces soirées ne sont pas vraiment rentables, d’après Karim :

    « On ramène un peu de clientèle, c’est clair, mais pas tout le monde ne consomme et l’entrée est gratuite. Donc à la fin de la soirée on n’a pas gagné grand chose ».

    Depuis sa création, le Pitch Me a dû changer deux fois de lieu, pour finalement poser ses bagages rue de Vaucouleurs, à 2 pas de Menilmontant. Derrière le bar, Mam rigole :

    « Le Pitch Me c’est une Zone d’Autonomie Temporaire. En Wolof, Pitch Me, ça veut dire oiseau. Nous on est comme l’oiseau, on bouge tout le temps ! ».

    Pour tenter de renflouer ses caisses l’asso des Ami-e-s du Pitch Me lance une campagne de crowfunding, avec « pour objectif idéal 10.000 euros », espère Karim. L’argent servirait à payer une partie de loyer du resto, acheter du matos supplémentaire, et payer des billets d’avion à des artistes venus de tout le monde francophone.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER