En ce moment

    27/07/2016

    Des militants lyonnais anti-prohibition au mic’

    Cannabis Circus : l’émission de radio hebdomadaire consacrée à la weed

    Par Camille Bresler

    Sur Radio Canut, une antenne lyonnaise, Jod et Rog animent depuis près de 10 ans une émission consacrée à 100% à la weed. Mais attention, « pas d’apologie de la drogue ». Ils parlent juste « des débats de la prohibition ».

    Lyon 1, Studio de Radio Canut « Ça a bougé [la législation sur le cannabis, ndlr] ? Peut-être enfin ! On m’a dit que c’était le cas aux États Unis… mais en France pas trop. N’est-ce pas Rog ? » ironise, Jod le doyen de l’émission, lunettes sur le nez et pile de feuilles devant lui.

    Autour de leur table ronde et devant deux micros face à face, les deux acolytes animent depuis 10 ans cette émission consacrée au cannabis. Au programme : débats, informations pour les usagers et soutien aux personnes confrontées à la justice. Cannabis Circus « milite mais ne veut pas de personnes qui s’apitoient sur leur sort. Ce n’est pas une chambre de discussion ! » Les deux chroniqueurs assurent qu’ils ne font « pas l’apologie de la drogue ». Ils parlent juste « de “la prohibition”:http://www.streetpress.com/sujet/127548-un-militant-anti-prohibition-du-cannabis-a-l-onu ».

    Un talk 100% weed

    Derrière la vitre du studio d’enregistrement, un « copain » vanne les chroniqueurs :

    « Bande de toxicomanes, vous n’avez pas honte ! »

    (img) Radio Canut radio_canut.jpg
    Sur Radio Canut, c’est l’heure de la revue de presse 100% Weed. L’émission se décompose en trois parties, chacune consacrée à un sujet pioché dans l’actualité nationale ou internationale de la semaine précédente. On évoque les lois existantes et les changements politiques en cours. Le tout comme dans un magazine d’actualité… mais spécialisé dans le hashich !

    Ce soir, ils évoquent le modèle américain. La consommation du cannabis à des fins thérapeutiques mais aussi récréatives est en effet autorisée dans plusieurs États :

    « Faudrait passer le message à Emma Macron »

    « Je ne suis pas sûr que Macron soit très intéressé… mais j’me trompe peut-être. »

    A l’antenne, Jod et Rog s’égarent. Il y a « trop de sujets à évoquer en peu de temps ». L’émission est décomplexée tant sur la forme que dans le fond :

    « L’horaire n’est pas respecté à donf. C’est normal, on n’est pas à France Inter ! »

    Jod et Rog, militants du bédo

    « Parce qu’on fume, on est forcément des drogués ! » commente Jod, la cinquantaine. Le militant a été président du Collectif d’information et de recherche cannabique (Circ) pendant près de 5 ans. Depuis, il a lâché son mandat à la tête du collectif. L’émission lui permet de continuer son combat, « pour faire changer une loi stupide et abjecte » qui fait qu’il est « considéré par la justice comme un délinquant depuis maintenant 30 ans ».

    Face à lui en studio, son « copain » Rog. Le jeunot de l’équipe se dit « victime de la guerre menée par la droite ». En 2000, il a été condamné à 3 ans de prison pour trafic de cannabis. Ce sont les achats groupés qui l’ont fait tomber :

    « Quand tu en as marre d’acheter des petits bouts de shit à droite à gauche, tu commences à acheter en gros et aux yeux de la loi, tu es un trafiquant. »

    (img) Le Circ circ.jpg

    La peine, qu’il juge disproportionnée, l’a convaincu de militer au sein du Circ. L’asso mène des campagnes d’information afin de contrer la « mauvaise prévention » menée par le gouvernement. Elle milite, évidemment, pour la légalisation de la weed. Pour Jod, ce qu’il faut condamner, « c’est l’excès » et non pas « la liberté de choix ».

    Leur petit Circ

    Côté audimat, Cannabis Circus ne crève pas le plafond. « On compte en moyenne 200 auditeurs », estime Jod. Les 2 copains rappellent que leur démarche est avant tout militante. Dans le studio, il n’est pas rare que le téléphone continue à sonner après l’émission. La plupart du temps, des auditeurs à la recherche de conseils juridiques. Jod commente :

    « Tu te rends vite compte que les gens nous appellent quand il sont dans la merde. »

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER