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    15/12/2016

    Avec son frère, ils ont formé le groupe engagé Refugees Of Rap

    Mohamed Jamous, réfugié à Paris et star du rap en Syrie

    Par Paola Guzzo

    Depuis son arrivée à Paris, Mohamed bosse comme veilleur de nuit. Il partage son temps libre entre écriture de textes et concerts aux 4 coins de l’Europe. Avec son groupe Refugees of Rap, il est l’une des principales figures du rap contestataire en Syrie.

    Paris, 13ème arrondissement – Posé sur son lit, Mohamed termine tranquillement son café. Les murs de son appart’ sont recouverts d’articles, d’affiches et d’un grand drapeau de la Syrie. Quatre mecs posent sur une photo. Mohamed se rappelle :

    « Ça c’était pendant l’âge d’or du groupe, en Syrie. »

    Ce soir, Mohamed ne bosse pas. En Syrie, avec son groupe “Refugees of Rap”:https://www.facebook.com/RefugeesOfRap/?fref=ts, le jeune mec déchainait les foules. A Paname, il bosse en extra en tant que veilleur de nuit dans un hôtel du 15e arrondissement. Mais pas question de lâcher l’affaire : le week-end il prépare son come-back et enchaîne les concerts en France et à l’étranger.

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    Back in the days / Crédits : DR

    RAP VS CENSURE

    Mohamed est palestino-syrien. Il a grandi à Damas. En 2004, il commence à enregistrer des chansons, influencé par le groupe de rap DAM, l’un des premiers du Moyen-Orient. Le but ? Défendre la cause palestinienne, promouvoir la solidarité et dénoncer la répression du gouvernement de Bachar el-Assad :

    « A l’époque, parler de politique c’était Haram (interdit, ndlr). On a décidé de briser le silence. »

    Trois ans plus tard, il s’associe avec son frère et des potes pour créer le groupe Refugees Of Rap. Leurs premières sorties sur scène ne font pas l’unanimité. En Syrie, le rap n’est pas franchement populaire:

    « En 2008, on a été faire un concert dans une université privée de Damas. Les étudiants m’ont jeté des trucs dessus ! »

    Quand la guerre civile éclate en 2011, Mohamed s’engage dans la contestation. Des manifestations pacifiques réprimées à la kalash’, jusqu’aux défilés de tanks dans dans la rue, Mohamed a tout vécu… Dans un français quasi-parfait, il lâche, pensif :

    « Dans nos quartiers c’était la guerre. »

    De Damas à Paris

    Fin 2012, la situation politique se dégrade en Syrie. Avec son groupe, Mohamed porte un discours pacifiste et anti-régime. Il est de plus en plus exposé. Les menaces se multiplient :

    « On recevait des messages qui disaient “on va venir vous tuer vous et votre famille”. En Syrie, il n’y avait pas de loi. C’était le bordel. »

    (img) L’homme aux 1000 visages img_0083.jpg

    James, son nom de scène, sait que ses jours sont comptés. D’autant plus que l’armée ne va pas tarder à toquer à sa porte pour son service militaire. Il décide de quitter la Syrie avec son frère pour pouvoir continuer le rap :

    « Ils auraient pu nous reconnaître à la frontière. On a eu de la chance. »

    Mohamed passe la frontière, son disque dur sous le bras et un statut de réfugié politique en poche. Après un court séjour au Liban, il décolle pour Paris où le groupe sort son troisième album : The Age of Silence.

    IMHOTEP ET CROWDFUNDING

    À Paris, Mohamed ne s’arrête jamais. En plus de son job de veilleur de nuit, il bosse avec son frère sur un nouvel EP qu’ils espèrent financer avec une campagne de crowdfunding. Un projet est en cours avec Imhotep (le producteur d’IAM), qui leur a déjà envoyé des compos. Il aimerait aussi contacter Nekfeu, dont on lui a filé le numéro :

    « On n’est plus en Syrie, on ne peut plus en parler de la même manière parce qu’on ne vit plus les horreurs sur place. Il faut qu’on s’adapte à nos nouvelles audiences, à notre nouvelle vie, donc maintenant on va travailler sur les réfugiés et l’exil. »

    Le reste du temps, James ne rate jamais une occasion de se produire sur scène. En août, il était au Danemark pour un festival avant de jouer à la fête de l’Huma en septembre. Son dernier concert en date ? Un showcase au centre d’animation Oudiné pour la Palestine, à l’occasion de la semaine de la paix.

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    Mohamed et plein de Danois / Crédits : DR

    Mais ce qu’il préfère, ce sont les ateliers rap. Au Danemark, il a appris à des collégiens à écrire des 16 mesures. Quand il en parle, le jeune homme, d’habitude assez tranquille, s’anime :

    « Je commençais par une présentation de la situation en Syrie. Puis, je leur demandais d’écrire un rap à partir de mots clés. Ils étaient vraiment bons ! »

    “Refugees of Rap”:https://www.facebook.com/RefugeesOfRap/?fref=ts sera en concert à Paris le 22 décembre. Leur nouveau clip Ayam El Gorba (Les jours de l’exil) sort le 1er janvier sur Youtube.

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