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    23/01/2017

    Boycottons 2017 !

    Par Mounia Fellachi , Aladine Zaïane

    Les campagnes d’inscription sur les listes électorales sont terminées, et désormais c’est l’injonction permanente à aller voter qui tourne en boucle. Mais Mounia explique pourquoi glisser un bulletin de vote ne permet pas de faire entendre sa voix.

    J’aime la politique, je suis politisée. Mais je n’irai pas voter. Ni aux primaires, ni aux présidentielles, ni aux législatives !

    Et j’appelle tous les citoyens à boycotter ces élections de 2017. Pour marquer le coup. C’est une abstention politisée que je propose. Je m’explique.

    Nos députés sont bidons et leurs votes sont biaisés

    Si on regarde qui sont nos députés, c’est simple : des hommes blancs, de plus de 50 ans et souvent cadres sup donc très peu d’ouvriers.

    Cette représentation politique biaisée influence leurs choix politiques et les lois qu’ils votent.

    Contribuer à élire ces députés, qui sont peu représentatif, quels que soient les partis, ne sert à rien.

    Et l’abstention ne fait pas le jeu du FN

    La dernière fois que j’ai voté, c’était en 2014 pour les élections européennes. Le FN est arrivé premier. Je me disais qu’il fallait voter contre le FN. J’étais encore dans cette optique là.

    Mais Le FN est quand même arrivé premier.

    Je me suis dit que mon vote ne servait à rien en soi. Et que si je voulais changer quelque chose, il fallait m’engager localement, dans une association active sur le terrain. J’aurais fait davantage contre le FN qu’en glissant simplement un bulletin de vote dans l’urne.

    Le FN n’a pas besoin de notre abstention, il rythme déjà la vie politique française

    Le FN a déjà une emprise sur les systèmes médiatiques. Et surtout, Le Pen n’a plus besoin de faire le sale boulot. Elle dicte l’agenda des autres partis, de la gauche radicale à la droite républicaine.

    Il suffit de voir les thèmes des premiers débats des primaires PS : terrorisme, sécurité, islam et laïcité. Et ce sont les primaires de la gauche !


    «On dit aux quartiers populaires que “si vous ne votez pas vous ne comptez pas”. Sauf que si vous votez, vous ne comptez pas non plus. »

    Mounia Fellachi, militante libertaire @eat_and_hit

    Arrêtez de nous dire d’aller voter !

    Je n’en peux plus de l’injonction à aller voter, et surtout vis à vis des quartiers populaires. C’est un peu paternaliste et condescendant comme démarche. Même si je sais que des personnes le font sans mauvaise intention car ils s’imaginent qu’avec un plus grand nombre de votants ça obligerait les élus à écouter le peuple.

    On dit aux quartiers populaires que « si vous ne votez pas, vous ne comptez pas ». Sauf que si vous votez, vous ne comptez pas non plus, car la plupart des élus se moquent éperdument de votre confiance et de votre estime une fois qu’ils ont obtenu ce qu’ils voulaient (leur poste).

    Pour avoir du pouvoir ou de l’influence sur la société, il faut déjà sortir de la précarité. Avoir un certain niveau de vie. Un confort de vie et surtout, de l’éducation. Il faut donner aux habitants des quartiers les moyens de s’émanciper et d’oser prendre la parole sans attendre qu’on la leur donne.

    Pour pouvoir le temps de penser la société et les moyens de se projeter au-delà du vote : par exemple, l’élu qui a été désigné a-t-il respecté ses engagements ? Ce qui est vraiment contre-productif, c’est de réduire la politique aux échéances électorales, alors que la lutte, c’est toute l’année, c’est partout, de son cercle amical et familial à ses concitoyens, en passant par son lieu de travail et ses voisins !

    Le jour où le vote blanc sera reconnu, je retournerai voter.

    Le jour où le vote blanc sera reconnu (et pas seulement comptabilisé) et que le mandat des élus deviendra révocable je retournerai voter.
    Aujourd’hui, je fais de la politique en ligne et je m’engage dans l’associatif. J’ai commencé à bloguer depuis quelques années déjà. Par exemple, sur Youtube, pendant la loi travail, des chaines ont réussi à transmettre beaucoup d’infos avec le #OnVautMieuxQueça. Les gens ont pu parler de leur souffrance au travail et la parole sur ce sujet autrefois tabou a été libérée, et c’est un énorme progrès.

    A partir de là, on peut commencer à créer des débats et aller sur le terrain. Les gens commencent à déconstruire, à s’émanciper.
    On commence par soi et quelques amis de l’entourage, et puis ça circule. Ca c’est de la politique !

    Et en attendant, boycottons toutes les élections de 2017 !

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