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    16/02/2017

    Jeunes et engagés

    Le Vent se lève, média de combat

    Par Tomas Statius

    A peine plus d’un mois après son lancement, Le Vent se Lève revendique plus d’un million de pages vues. Aux manettes de ce média, une poignée de jeunes bénévoles, engagés à gauche, qui veulent « gagner la guerre culturelle ».

    Paris 5e – Dans l’arrière-salle de Chez Georges, sympathique troquet du quartier latin, la petite troupe du Vent se Lève débat de la primaire du PS à la lumière d’une bougie vacillante. Autour de la table, Lenny, Maximilien, Antoine et Maëlle devisent à voix basse devant un ballon de rouge. La vingtaine triomphante, ils comptent parmi les contributeurs les plus réguliers de ce site d’opinion marqué à gauche.

    Après une soirée de lancement mi-décembre, ce 21 janvier, l’équipe a invité plusieurs contributeurs bénévoles du site à se faire une bonne bouffe, pour mieux se connaître. « On va se faire une tête de veau », rigole Antoine, cheveux en bataille et petites lunettes rondes.

    La guerre culturelle aura bien lieu

    Coups de gueule en vidéo, tribunes franc du collier… Le Vent se lève, c’est le média d’opinion taillé pour la génération Y. Lancé le 5 décembre, le site fait déjà pas mal parler de lui. A son actif ? Plus de 120 papiers dont une tribune contre « le bourrage d’urnes au PS » et un papier, un poil à charge, sur la visite d’Emmanuel Macron au Liban, relayé par les Inrocks. Un article qui leur vaudra un droit de réponse d’En Marche. La petite équipe revendique déjà des audiences stratosphériques : 327.000 visiteurs uniques, 1.000.000 de pages vues…

    « La gauche n’a pas suffisamment investi les réseaux sociaux », explique Antoine, le jeune mec qui se cache derrière le projet :

    « On est un média d’opinion politique alternatif de gauche. Il y a beaucoup de gens qui militent. Mais bien peu s’engagent dans la bataille culturelle. On n’est pas un site d’info neutre. On apporte une plus-value idéologique. »

    Le but du Vent se Lève : faire face aux mastodontes de la fachosphère comme FdeSouche ou Egalité et Réconciliation. Les 4 copains n’ont qu’un auteur à la bouche : le communiste italien Antonio Gramsci et son concept d’hégémonie culturelle.

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    La une du site. / Crédits : CC

    gens modernes

    Le Vent se Lève, c’est avant tout une histoire de potes. Et de débrouille. « On est déficitaire, comme tout média de gauche » rigole Antoine, le papa du projet. Rentrée 2016, ce jeune étudiant à Sciences Po Rennes mijote dans son coin l’idée d’un site d’opinion pour pallier la faiblesse des idées de gauche dans le débat public. « Je suis en année Erasmus à Vienne » explique le jeune homme à la voix grave et au visage poupon :

    « J’ai beaucoup de temps. »

    De fil en aiguille, il rencontre les 8 futurs responsables de rubrique qui s’occupent chaque jour de relire et d’éditer les papiers qui sont publiés sur le site. Parmi eux Maëlle, étudiante à Sciences Po Paris, Lenny qui prépare l’agrég d’éco et Max, attaché parlementaire à Bruxelles. De gauche, mais pas d’accord sur tout. « On a des décroissants et des anti-décroissants » rebondit Lenny, polo-basket :

    « On organise le pluralisme. »

    Taillée pour la génération Y

    Pour peser sur la campagne et faire réagir les candidats, Le Vent se Lève mise sur la viralité. « On a voulu faire des formats courts qui peuvent se partager », explique Antoine. « On est ni une revue, ni un tabloïd » renchérit Lenny. Sur le Vent se Lève, les titres sont taillés à la serpe et les vidéos font dans le brutal, un peu à la manière de leurs aînés Osons Causer ou Usul.

    « Ce qui est marquant, c’est que nos articles sont vachement partagés » explique Maëlle, long cheveux lâchés. « Parmi nos amis, même des gens dépolitisés partagent les posts » complète Lenny. Pendant la campagne, la joyeuse troupe ne s’interdit pas d’interviewer les candidats à la présidentielle. Elle confie même avoir des contacts directs avec plusieurs d’entre eux. « Plus généralement, on veut avoir un impact sur le débat » finit par lâcher Lenny.

    L’union de la gauche

    Mais alors pour qui roule le Vent se Lève ? « On ne soutient pas un parti » coupe tout net Max. Autour de la table, ils ont pourtant tous fait leur classe dans les jupes de la gauche de gouvernement. Comme son pote Lenny, Max est passé aux Jeunesses communistes. Maëlle, elle, est toujours au Parti Socialiste quand Antoine est le responsable de la section Vienne (Autriche) de la France Insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Le site réussit l’union de la gauche en miniature, le tout sans bisbilles.

    En jeunes routiers de la politique, les 4 compères se disent pourtant fatigués des appareils. « A gauche, les gens ont intériorisé la défaite » explique Lenny. Et son pote Max d’ajouter :

    « Il faut créer des perspectives. »

    Après les présidentielles, le Vent se Lève continuera à souffler. « On est assez ambitieux » concède Antoine. Mais aussi à peupler les cortèges, explique Max :

    « Il ne faut pas renoncer à la rue. »

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