En ce moment

    23/02/2017

    Ce jeudi, nous bloquons les lycées pour Théo !

    Par Marco , Alice Maruani

    Contre les violences policières, ce jeudi 23 février, on appelle au blocus des lycées parisiens et d’île-de-France.

    La violence de la police concerne tout le monde. Ce n’est pas que l’affaire d’une partie de la jeunesse, les jeunes de quartier populaire. Le blocus est une manière de montrer qu’on est tous mobilisés.

    Le violeur de Théo est tranquille et les jeunes sont en prison

    Je pense que ce mouvement va être important. Même des camarades de classe qui ne sont pas politisés ont été choqués par l’affaire Théo. Ils me disent « ok, là c’est chaud, ce viol, c’est trop ». Tous les lycéens ne se sentent pas concernés, mais j’ai l’impression qu’une bonne partie a envie de se mobiliser.

    Notamment parce qu’ils voient que le flic est tranquille. Alors qu’on a les images de ce viol, que c’est clair, le policier reste en liberté. En face, des jeunes de quartiers populaires sont tombés pour des faits « d’embuscade », même pas violences, et ont pris 6 mois de prison ferme. Ils y sont déjà.

    Avec la loi travail, les jeunes parisiens ont rencontré des violences policières

    L’affaire Théo vient après des dizaines d’années de violences policières, après Adama Traoré, mais aussi la loi travail. Pendant les mobilisations, beaucoup de lycéens parisiens se sont rendus compte pour la première fois que la police pouvait être violente, et injustement.

    Avant, même si on savait qu’il y avait de la violence policière dans les quartiers depuis des décennies, il y avait toujours cette suspicion, que les jeunes qui habitaient en cité devaient être des délinquants quelque part. On se disait « s’il a vécu des violences il devait être coupable, il a dû refusé d’obtempérer »…. Beaucoup de Parisiens ont réalisé qu’en fait, non.

    Mais un habitant des quartiers vit cette violence au quotidien

    Mais la différence c’est que les petits blancs du centre connaissent seulement la répression policière quand ils vont en manifestation. Un jeune qui vient des quartiers populaires peut connaître toutes ces violences juste par le fait de descendre de chez lui, d’exister dans l’espace public.

    On a eu d’autres illustrations de cette violence de la police pendant les rassemblements en soutien à Théo à Paris et en banlieue. Notamment à Bobigny où, contrairement à 2005, des jeunes des cités et villes d’Ile-de-France ainsi que des Parisiens s’étaient réunis devant le TGI. Ces événements nous ont poussé à appeler au blocus.

    Ils vont décrédibiliser notre mouvement

    C’est certain, les politiques et les médias mainstream vont décrédibiliser notre mouvement. C’est toujours la même chose. Quand des lycéens font une manifestation, on dit, « ils ont envie de rater les cours ». Quand c’est des jeunes de banlieue, « ils ont envie de foutre la merde ».

    A partir de trucs extérieurs, comme la manière de s’exprimer, un langage « de jeunes » ou « de cité » par exemple, on nous enlève toute légitimité. En fait, on a nos propres moyens d’expression, qui ne rentrent pas dans les cases. Les lycéens ils vont pas écrire des lettres ouvertes dans les journaux, par exemple. On est dans un sentiment spontané.

    Alors oui, c’est sûr, un blocus ça permet de rater des cours mais si grâce à ça on fait des trucs plus constructifs que se faire chier en classe tant mieux. On se mobilise, on va en manif’, on montre que la jeunesse a une voix et un pouvoir.

    On n’est pas des jeunes débiles complètement nihilistes, dépolitisés ou indifférents. On est clairement pas d’accord avec ce qui se passe, non seulement les violences policières mais aussi le système politique et économique capitalisme. J’espère que notre mobilisation va le montrer.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER