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    24/03/2017

    L’ex-militant FN à nouveau devant la justice

    Mug Adolf Hitler, drapeau nazi : au procès en appel de l’agresseur de l’éditeur de StreetPress

    Par Robin D'Angelo

    Ce vendredi Frédéric Pauze comparaissait en appel pour l’agression de Marc Grinsztajn. « Il n’avait qu’à passer sa route ! » répond l’accusé quand la présidente d’audience lui demande comment la victime aurait dû réagir à ses insultes antisémites.

    Tribunal de Grande Instance de Paris – « “Sale juif” cela fait partie des insultes que j’emploie. J’ai des problèmes par rapport à ça », reconnait à la barre Frédéric Pauze. Vendredi 24 mars, le quadragénaire comparaissait en appel pour l’agression de Marc Grinsztajn, l’éditeur du livre Le Système Soral publié par StreetPress chez Calman-Lévy.

    Comme nous vous le racontions ici, ce dernier a été victime d’une agression à caractère antisémite dans la nuit du 11 au 12 septembre 2015. Une affaire pour laquelle Frédéric Pauze a été condamné en première instance à 6 mois de prison avec sursis et 2.000 euros de dommages et intérêts pour « violences en raison de la religion, en état d’ivresse et avec arme par destination ». Décision dont il a fait appel.

    « Sale juif ! »

    Face aux juges de la chambre d’appel, Frédéric Pauze dément avoir attaqué Marc Grinsztajn. Il accuse même la victime « d’avoir voulu en découdre avec lui ». La présidente de l’audience lui demande :

    « Vous l’avez insulté de “sale juif”, comment auriez-vous voulu qu’il réagisse ? »

    « Il n’avait qu’à passer sa route ! »

    Puis il conteste avoir agressé l’éditeur en lui jetant une bouteille de verre sur le crâne. De la légitime défense, selon lui, en riposte au coup de poing que venait de lui asséner Grinsztajn.

    Pourtant c’est bien quand il lui tournait le dos, après avoir fait demi-tour pour rentrer chez lui, que l’éditeur a été touché par le jet de bouteille comme l’atteste son entaille à l’arrière du crâne. Pauze met aussi en avant des circonstances atténuantes comme sa situation financière prétendument difficile (il est tout de même propriétaire d’un appartement dans le 16e arrondissement) :

    « Le sujet de l’argent m’obsèdait à l’époque. Ça tournait en boucle dans tête. Je vois quelqu’un entrer dans un bel immeuble alors je l’ai invectivé. »

    Son avocat remet en cause « le qualificatif particulièrement grave du parquet de violences volontaires ». Il insiste aussi sur les démarches entreprises par son client pour soigner son alcoolisme.

    Mug Adolf Hitler

    L’agression a eu lieu quelques jours à peine après la sortie de notre enquête sur Alain Soral. Il y a-t-il un lien entre les deux événements ? « Dans le doute, nous ne retenons pas la préméditation étant donné que nous ne sommes pas complotistes », expose Me Michaël Ghnassia, l’avocat de Marc Grinstajn (1). Quant à lui, Pauze assure s’être retrouvé devant l’immeuble de l’éditeur par hasard. Ce soir-là il devait retrouver un ami dans ce quartier. Mais ce dernier a annulé au dernier moment compte tenu de l’état d’ébriété de Pauze, le laissant seul et saoul dans les rues de Paris.

    Néanmoins aucun doute sur ses convictions politiques. Ancien militant du Front National, il reconnait avoir possédé un mug avec une photo d’Adolf Hitler tandis qu’un ami est déjà venu chez lui avec un drapeau nazi, comme l’a raconté un proche à la police. Lors d’une autre audition, un de ses amis dit de lui « qu’il est évident qu’il est antisémite ». « Dès qu’il est torché, il tient des propos virulents contre les juifs » Pauze a déjà fait l’objet de poursuites pour injures publiques après s’en être pris à un de ses voisins juifs. Une affaire qui avait été classé sous condition d’un stage au mémorial de la Shoah.

    Provocations

    A la barre, Frédéric Pauze accuse Marc Grinstajn de pratiquer un « story-telling ». Il l’attaque sur son physique. « Heureusement que ce n’était pas un Hercule », dit-il après avoir remarqué que face à un homme saoul, la victime n’avait réussi qu’à lui porter « des petits coups ». « Des provocations » pour Me Ghnassia. Pour le conseil de l’éditeur, l’agression est une conséquence des discours de haine diffusés par l’extrême droite :

    « Dès que l’on a un problème personnel, on cherche un bouc-émissaire. Pour M. Pauze, c’est le juif. »

    L’avocate générale demande à ce que la peine prononcée en première instance soit confirmée en appel. Décision rendue le 2 juin prochain.

    (1) Michaël Ghnassia est également l’avocat de StreetPress.

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