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    29/03/2017

    La fachosphère me harcèle, Twitter et la police s’en foutent

    Par Maxime , Cléa Jouanneau

    Depuis 2 ans, en raison de ses positions politiques, Maxime est la cible de la fachosphère. Cyber-harcèlement, menaces par centaines, dénonciations calomnieuses… Il vit un véritable calvaire mais Twitter France et la police s’en foutent.

    Ça a commencé avec un hashtag : #MaxLaRaclure. Pendant les débats sur le Mariage pour Tous, j’ai commencé à dénoncer les propos homophobes et nauséabonds que je voyais passer sur Twitter. J’ai fait suspendre pas mal de gros comptes racistes, homophobes et xénophobes. Forcément, ça n’a pas plu à la fachosphère :

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    Tweets de menace /

    Entre humiliations, insultes et menaces de mort, les harceleurs cherchent des informations sur moi, mes coordonnées, celles de ma famille et les diffusent. Ils créent des comptes usurpant mon identité et des faux comptes Facebook, ajoutent mes amis pour pouvoir accéder à mes photos privées et les postent avec des commentaires dégradants.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/tweetsfachos1_1.jpg

    Tweets de menace /

    Ils appellent à me signaler comme pédophile, comme antisémite auprès de Twitter et de Pharos la plateforme de lutte sur internet de la police, ou comme terroriste auprès du Homeland Department des USA !

    Ils prétendent même que je fraude le Fisc, alors que je suis boursier. Juste parce j’ai la chance d’être aux USA pour mes études.


    « On appelle à me signaler comme pédophile, comme antisémite, comme terroriste auprès du Homeland Department ! »

    Maxime

    Sur tous les réseaux, on me traque. C’est le cyber-stalkage. Là par exemple, je suis en échange à l’étranger avec mon école et ils sont en train de chercher où j’étudie aux États-Unis pour pouvoir me diffamer auprès de l’université partenaire. Ils l’ont déjà fait dans le passé.

    Une personne, qui me harcèle sur Twitter, a appelé mon école et leur a envoyé des mails en disant que je la menaçais de mort, que je m’en prenais à sa famille, que je l’avais suivie dans la rue la veille. Ce jour-là, j’étais à New-York et elle à Paris, à 5836 km de moi. Qui sait, j’ai peut-être un sosie complètement taré qui vit en France ?

    Les menaces de mort, tu ne les prends pas à la rigolade

    Les menaces de mort, au début, ça fait tout drôle. Il ne s’est jamais rien passé, il ne se passera rien à mon avis, ça reste virtuel. Mais quand on poste ton adresse et qu’on invite à venir te tabasser avec une batte de baseball, tu ne le prends pas à la rigolade non plus.

    Quand je rentrais chez moi la nuit, je jetais un petit coup d’œil derrière. Tu deviens légèrement parano. Quand on t’insulte sur ton physique chaque jour, tu perds un peu confiance en toi. J’ai pas mal changé dans ma relation aux autres et aux réseaux sociaux.

    Je fais gaffe à qui me suit et à ce qui se dit sur moi. Je ne veux pas avoir à me justifier sur les diffamations lors d’un recrutement. Évidemment, je suis extrêmement prudent sur ce que je publie, que ce soit sur Instagram, Twitter, Facebook, ou même sur Linkedin, c’est dire!

    Mes harceleurs ont tous plus ou moins la quarantaine. Ce sont des gens vraiment haineux qui n’ont rien d’autre à foutre. La plupart ont vu leur compte suspendu plusieurs fois par Twitter.

    L’une a été condamnée par la justice pour diffamations raciales contre une policière. Pour moi, rester sur Twitter, c’est montrer que la fachosphère n’est pas majoritaire et qu’il y aura toujours des gens pour lutter contre cette intolérance.

    La modération de Twitter France est complètement inefficace

    Évidemment, Twitter France est complètement incompétent là-dessus. Damien Viel, son directeur général m’a bloqué après un tweet dans lequel je l’alertais sur l’homophobie et le harcèlement. C’est un aveu d’échec et d’incompétence flagrant.

    T’as un mec qui se fait menacer, diffamer et insulter, et quand il t’appelle à l’aide, tu le bloques ? Aujourd’hui, quand tu signales quelqu’un d’ultra raciste, de xénophobe, ou d’homophobe, Twitter te répond que ça n’enfreint pas ses règles d’utilisation.

    C’est difficile de faire reconnaître le cyber-harcèlement

    Quand tu t’affirmes en tant que victime, tu prends déjà un petit coup à l’égo, mais devoir justifier pourquoi t’es une victime, c’est extrêmement éprouvant. On me disait : “Mais t’es quand même vachement anti-FN”.

    Est-ce que ça justifie ce que je subis ? Bien-sûr que non ! C’est du victime-shaming. La logique est la même chez les personnes qui vont porter plainte pour viol et à qui on dit : “mais t’es en petite jupe quand même”.

    C’est difficile de faire reconnaître ce qu’est le cyber-harcèlement parce que c’est immatériel. Ce n’est pas comme un coup de poing où tu vois la marque. Au début, certains de mes proches ne comprenaient pas, ils me disaient : “Mais c’est rien, t’as qu’à quitter Twitter” et ça, c’est vraiment frustrant.

    Je n’en parlais pas parce que je craignais cette réaction. J’ai déjà quitté Twitter pendant un mois et ça ne s’arrêtait pas. Même si je suis maintenant soutenu, il fallait que la justice fasse quelque chose, parce que je n’allais pas pouvoir supporter ça encore longtemps.


    « Le cyberharcèlement, la police n’en a absolument rien à foutre »

    Maxime

    J’ai porté plainte 5 fois. On m’en a refusées 3. C’est illégal. Le cyber-harcèlement, la police s’en fout.
    Une fois, j’ai patienté quatre heures au commissariat du 19ème avec ma mère parce qu’on publiait des détails sur sa vie privée, son adresse et ses photos en l’insultant. On nous a renvoyé au commissariat du 6ème, où on nous a dit :

    “Non, mais c’est une guéguerre, c’est des conneries, je n’ai pas le temps pour ça, vous dégagez !”.

    J’ai apporté 1580 pages de preuves, c’est pas des conneries

    Ils m’ont quand même accepté deux fois. La première, c’est parce que j’étais en présence d’un ami avocat. Mais la plainte a été classée sans suite, car « les identités des personnes n’ont pas été trouvées ». Je les avais pourtant fournies pour faciliter le travail.

    La deuxième fois, ma plainte a été reçue par le parquet. Une enquête a été ouverte. Quand je vais voir le capitaine à la BRDP du 13ème, il me dit d’emblée :

    “Écoutez… moi, les réseaux sociaux, ce n’est pas ma tasse de thé, ça m’intéresse pas, mais comme je suis un policier consciencieux et qu’on m’a chargé de l’affaire, je vais le faire”

    Je vous remercie, je vous offre quelque chose, monsieur ? J’ai quand même imprimé 1580 pages de preuves, c’est pas quelque chose que j’invente, ce n’est pas une “guéguerre”!

    Finalement, la plainte a été transmise à une autre section et depuis mi-janvier, je n’ai aucune nouvelle, mais je ne lâche pas. J’ai la chance d’avoir un avocat qui prend l’affaire extrêmement au sérieux. On va bientôt lancer de nouvelles procédures.

    Et cette fois, on aura tout préparé pour que ça aille jusqu’au procès. Je suis loin d’être le seul à subir ce genre de harcèlement, et c’est important que ces gens comprennent que ce qu’ils font est illégal et qu’il y a de lourdes conséquences. Mais surtout que la Justice le leur rappelle.

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