En ce moment

    27/03/2012

    Plus amoureux que Merkel et Sarko

    Le couple franco-allemand, le vrai

    Par Robin D'Angelo

    Sur StreetPress, quatre couples racontent leurs différences, et, un peu comme Sarko et Merkel, les budgets adoptés en commun. "Un appart" pour Ostian et Béatrice, "le mariage" pour Maya et Armin.

    Ostian et Béatrice, en couple depuis 5 ans


    Ostian est un graphiste parisien de 35 ans. Béatrice, 38 ans, est une architecte qui vient de Munich.

    Vous êtes-vous rencontrés pendant un sommet franco-allemand ?

    Béatrice : Non ! C’était à un barbecue, chez des amis d’Ostian. J’étais en Australie et il y avait un réseau de Français à Sydney. Comme je parle français, je traînais beaucoup avec eux. Nous avions un ami en commun.

    Ostian : La première chose que je lui ai dite, ça devait être “bonjour”! Et puis on a parlé d’architecture.

    Ce que vous aimez l’un chez l’autre qui est typique de son pays ?

    B : J’ai aimé tout de suite sa prestance. Il est très beau. Les Allemands sont beaux aussi, mais c’est une autre forme de charme : ils sont surtout très grands, très forts.

    O : Son accent, j’adore. Et ce n’est pas l’accent allemand mais l’accent bavarois : ils roulent davantage les “r “. Il y a une expression française qui dit “être pompette”. Et Béa, elle n’est pas “pompette” mais “tempête”. Avec l’accent, c’est mignon.

    Le plus gros budget que vous avez voté en commun ?

    O : Refaire l’appartement. On a démoli, refait la peinture, l’évier, tout le sol…

    B : Bon ce n’est pas notre appartement… En fait on a payé des travaux dans un appartement où on est locataires…

    La chose sur laquelle vous ne serez jamais d’accord :

    B : La fumée de la cigarette. Depuis le début, on n’est pas d’accord sur ça. On s’est rencontrés en Australie, on a voyagé ensemble dans un van, et ça a commencé là. C’était notre première crise, j’ai dû m’adapter à vivre avec un fumeur dans un tout petit espace. La fumée, en Allemagne, c’est sur le balcon !

    O : Du coup, je fume à la fenêtre. On s’y fait mais je m’accorde quelques cigarettes en intérieur quand je suis tout seul. Et occasionnellement devant un film.

    Êtes-vous prêts à faire un plan à 27 pour sauver l’Europe ?

    O : Pourquoi pas ! Faut voir qui sont les 27 !

    B : C’est quoi cette question ?! Ça veut dire quoi ? C’est une fête ? Si c’est une fête, je veux bien. Mais les choses que je connais avec « plan », ça me fait un peu peur…

    Maya et Armin, en couple depuis 6 ans


    Armin, 30 ans, chercheur en physique de Heidelberg et Maya, 28 ans, de Paris, docteur en biologie.

    Le plat de son pays qu’elle/il cuisine le mieux ?

    Maya : Il n’y arrive pas encore aussi bien que sa mère, mais le gâteau au fromage blanc (Käsekuchen) de sa mère est à tomber par terre. C’est comme un cheese-cake façon Europe de l’Est.

    Armin : Sa cuisine est très originale, pas vraiment française. Ça peut être aussi simple qu’un poulet à la citronnelle !

    La plus grosse dépense que vous ayez fait en commun ?

    A : Le canapé ! Ah non, même pas : c’est ta mère qui nous l’a offert !

    M : Je pense que le mariage a été notre plus gros investissement. Ça nous a coûté 25.000 euros. C’était dans un château à côté de Montargis.

    La chose sur laquelle vous ne serez jamais d’accord ?

    M : La politique ! C’est devenu un sujet tabou. Il pense que la droite allemande, c’est la même chose que la droite française. Il associe Merkel à Sarkozy, et Monsieur voterait donc Sarkozy !

    A : Je n’ai pas particulièrement d’affection pour Sarkozy mais je trouve que la gauche idéalise un peu trop les choses. Il faut accepter la réalité, on ne peut pas faire les choses comme on le veut.

    Quand vous vous engueulez, c’est en quelle langue ?

    M : Quand on s’est rencontrés, on parlait anglais. La dernière fois qu’on s’est engueulés, c’était il y a un mois. Parce qu’on ne se voyait pas assez, Armin n’est jamais là !

    A: Quand on s’est installés en France, on s’est dit « à partir de maintenant on ne parle que français. » Moi j’avais appris à l’école mais ça ne suffit pas pour impressionner une femme ! Ça n’a pas été facile !

    Et sinon comment sauver la Grèce ?

    A : Moi j’aurais commencé par aiguiser l’esprit des Grecs. Les Grecs, c’est de leur faute. Tout le monde gagnait beaucoup alors qu’ils travaillaient 28 heures par semaine. C’est impossible. Il faut les sensibiliser.

    M : Je pense que leur donner une aide financière au début était une bonne chose. Mais ça ne suffit pas pour renflouer les caisses, il faut un vrai changement de mentalité.

    Les Grecs, c’est de leur faute. Tout le monde gagnait beaucoup alors qu’ils travaillaient 28 heures par semaine. C’est impossible.

    Alexandre et Katja, en couple depuis 2 ans et demi


    Katja, 25 ans, est étudiante en biologie. Alexandre est un ingénieur de 24 ans.

    Où est-ce que vous vous êtes rencontrés ?

    Katja : Nous nous sommes rencontrés au Canada. Nous vivions dans une grande maison pour étudiants. Et il y avait une fête organisée avec une fontaine géante en chocolat.

    Alexandre : La première chose que je lui ai dit, c’était : « What the hell you’re eating ! It’s salty with chocolate ! »

    Ce que vous aimez l’un chez l’autre qui est typique de son pays ?

    A : Je ne sais pas si c’est vraiment une caractéristique allemande, mais j’aime vraiment son organisation ! C’est sûr que ça fait définitivement partie du stéréotype. C’est quelque chose qui me fait rire chez elle. Katja voyage en avion avec des fichiers dans lesquels elle met les photocopies de ses papiers et les impressions de ses mails…

    K : Moi, j’aimerais pouvoir dire la cuisine mais il ne cuisine jamais ! Mais je dirais que c’est sa façon d’apprécier l’instant. Il est spontané, ce qui n’est pas une caractéristique des Allemands.

    Qui décide pour l’autre dans votre couple ?

    A : À moins qu’elle me manipule très bien, je crois que nous décidons à 50/50. Mais ces derniers temps c’est vrai qu’elle a beaucoup choisi les films ! Et de très mauvais films : The iron lady, A dangerous Method … C’était nul !

    K: On ne vit pas ensemble donc nous n’avons pas trop à décider l’un pour l’autre.

    La chose sur laquelle vous ne serez jamais d’accord ?

    A : L’éducation. Pas par rapport à l’éducation de nos enfants mais plus sur le système, la philosophie. Pour moi c’est très important de donner leur chance aux enfants le plus longtemps possible. J’ai des amis à qui on a dit qu’ils ne devraient pas tenter le baccalauréat et aujourd’hui, ils sont médecins.

    K: On se dispute tout le temps sur les deux modèles d’éducation. Pour moi c’est un système beaucoup trop compétitif. Ces sélections terribles dans les grandes écoles, par exemple. C’est beaucoup trop strict.

    Que seriez-vous prêts à faire pour sauver l’euro ?

    A : Aller en Grèce pour les prochaines vacances. C’est la meilleure chose qu’on pourrait faire : dépenser nos euros là-bas.

    K : J’adorerais mais je ne crois pas que ça suffirait. J’aimerais vraiment qu’on garde la Grèce dans l’UE mais je me demande combien de plans de sauvetage on va devoir faire … Je suis vraiment très mal à l’aise avec le fait que ce soit à l’Allemagne de mener tout ça. En Grèce, ils ont brûlé des drapeaux allemands.

    Elle voyage en avion avec des fichiers dans lesquels elle met les photocopies de ses papiers et les impressions de ses mails…

    Britta et Loïc, en couple depuis 6 ans


    Britta, 29 ans, vient de Rotenburg et travaille dans le marketing. Loïc, né à Coutances en 1978, est technicien vidéo.

    Ce que vous aimez l’un chez l’autre qui est typique de son pays ?

    Britta : Peut-être de ne pas trop stresser sur les choses. Les Français ne sont pas très carrés. Moins que les Allemands. Tu représentes aussi la convivialité, l’apéro, prendre un verre de Ricard…

    Loïc : On ne peut pas dire que les Allemands soient des génies de la bouffe. Mais j’aime bien quand le week-end, on se fait un petit dej’. Et là c’est pas un petit dej’ à la française : il va y avoir du fromage, du jambon, des œufs et ça monte en puissance. Je dois avouer que j’adore ça.

    La plus grosse dépense que vous ayez fait en commun ?

    B : L’appartement. Ça va faire un an et demi. C’est une super chose à faire ensemble.

    L : Le projet d’achat d’appart’, c’est un des plus gros projets financiers dans une vie. C’est un achat énorme.

    La chose sur laquelle vous ne serez jamais d’accord ?

    B: La cuisson des œufs ! On se dispute souvent sur le nombre de minutes pour faire un œuf cocotte. En Allemagne, même pour Pâques, on a des vrais œufs. C’est quelque chose là-bas !

    L : Pour les Allemands les œufs, ça fait partie de la culture. Si on commence à parler d’œufs, on arrête de rigoler ! C’est sérieux. Si je commence à dire ‘‘l’œuf cocotte il faut 2 minutes pour le faire’‘. Non c’est 2 minutes 30 ou 2 minutes 40 !

    La chanson de son pays que vous avez découvert grâce à lui/elle ?

    L : Non ça n’existe pas les bonnes chansons allemandes ! Par contre j’ai un nom d’artiste : Herbert Grönemeyer, qui est un peu l’équivalent de Johnny. Je n’aime pas du tout, je trouve ça assez mauvais, mais je trouve aussi ça marrant.

    B : Moi ce ne sont pas des morceaux mais plutôt les trucs que vous gueulez entre potes en fin de soirée. Ça va des « Copains d’abord » à «Enlevez-moi tous ces verres ». Encore son côté apéro !

    Et sinon à votre mariage, plutôt Sarko ou Hollande comme témoin ?

    L : Si je devais avoir un témoin à mon mariage, ce serait Hollande. Avec la politique française on est assez d’accord. Mais les personnes pour qui elle a voté en Allemagne, ce sont des personnes pour qui je n’aurais pas voté.

    B : J’ai voté pour Merkel par exemple.

    bqhidden. Les Français représentent la convivialité, l’apéro, prendre un verre de Ricard…

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER