En ce moment

    28/04/2011

    L'OPA du Nouvel Obs sur les équipes du Post

    « Le Plus »: Le Nouvel Obs va lancer son site participatif, un LePost like… qui gagne de l'argent

    Par Robin D'Angelo

    C'est un nouveau site d'info participatif et ça s'appelle « LePlus ». Pour le lancer, le Nouvel Obs a débauché plusieurs journalistes du Post.fr (groupe Le Monde), jusqu'à recruter Benoît Raphaël, son rédacteur en chef historique.

    Mardi 3 mai 2011, le Nouvel Observateur présentera officiellement lors d’un petit-déjeuner presse sa nouvelle version papier et web. Au programme café, croissants et Lolo Joffrin mais surtout la présentation officielle du très secret Le Plus , le site participatif du Nouvel Obs monté par le fondateur du Post , Benoit Raphaël .

    Le Plus, pas Le Post Même principe – « le participatif », même nom – à deux lettres près – et même géniteur: Est-ce que Le Plus sera un Le Post-like ? « Entre Aude et Maud y’a aussi deux lettres en commun mais après je ne suis pas pareille que Maud ! », plaisante jointe par StreetPress Aude Baron , qui a été responsable du pôle web au Post de son lancement en 2007 à 2011 et qui est aujourd’hui rédactrice en chef du Plus. Benoit Raphaël – papa du Post.fr au sein du Monde Interactif et qui a travaillé comme consultant pour le lancement du Plus – joue aussi la carte de l’ironie: « Si c’est parce que c’est participatif, alors oui ça ressemble au Post!»

    div(border). h4>LePost, la storyLancé par le Monde Interactif à l’automne 2007, LePost.fr devient vite le carrefour du buzz, avec un format d’info web qui fait beaucoup penser à celui de la radio. Le redac’ chef du site participatif Benoît Raphaël quitte LePost en mars 2010. Depuis, c’est la débandade: grève, absence de stratégie de la direction qui a annoncé vouloir “faire le point” en juin prochain…

    Top Secret Mais malgré un interrogatoire en règle de sa rédactrice en chef Aude Baron, difficile d’en savoir plus sur Le Plus. Quand est-ce que le site sera accessible ? « Avant la fin 2011 » Peut-on voir la maquette ? « Demandez une invitation pour consulter la version privée » (StreetPress attend toujours). Des Loltoshops comme sur Le Post , il y en aura ? « On va voir ! ». Et les journalistes ils seront combien ? « On ne sait pas ».

    Dur, dur de percer à jour le secret le mieux gardé du Nouvel Obs qui tient à « garder du contenu » pour sa conférence de presse du 3 mai. Après un petit tour sur Google, la seule trace de Le Plus sur le web est un billet accessible en version bêta du biologiste Yannick Comenge intitulé « Des précarités aujourd’hui » . Benoit Raphaël – « que Pedriel est venu chercher pour sa stratégie digitale » – promet en tout cas à ses lecteurs « du talent et de l’intelligence. Ce qui est très éloigné du Post ». Pan !

    «Le plus, ce sera du talent et de l’intelligence. Ce qui est très éloigné du Post»

    Réussir là où le monde a échoué LePost.fr, qui fait partie du groupe Le Monde, a longtemps suscité les convoitises du web. Son succès d’audience (3 millions de visiteurs uniques mensuels) et son industrialisation du participatif, avec des centaines de posts d’internautes par jour, l’ont vite propulsé comme un site d’info de premier plan. Plusieurs investisseurs se sont bousculés au portillon pour proposer au Monde de racheter son site participatif, lorsque que la direction du Monde, qui constatait que LePost perdait de l’argent, semblait hésiter à le conserver.

    Comment le Nouvel Obs compte-t-il réussir dans le participatif là où le Monde a échoué ?

    Branding C’est une question de branding, nous répond en substance Benoît Raphaël, dont la société de consulting Revsquare , a pour baseline « digital monetization » : Le Plus sera « complètement intégré » à la marque Nouvel Observateur. « C’est comme si on ouvrait un service sport au sein du Nouvel Obs », explique Benoit Raphaël. La charte graphique (ci-dessus) que StreetPress a pu finalement consulter reprend d’ailleurs les couleurs historiques du canard: bleu marine, orange et blanc. On est très loin du rose fluo très American Apparel du Post qui tranche avec les couleurs de sa maison-mère Le Monde.

    Un « manque de projet de la direction » du Monde Benoit Raphaël se réjouit de cette synergie avec le Nouvel Observateur: « Là on rentre dans la logique du Nouvel Obs. Vous n’avez pas à vous dire ‘on doit le rendre viable économiquement’ puisque ça rentre dans l’ensemble de l’économie du site. » Au Post, qui n’est pas sous la marque du Monde, les impératifs de rentabilité et « le manque de projet de la direction » avaient entre autre conduit à la grève de ses journalistes en début d’année . Des raisons qui ont aussi poussé son créateur Benoit Raphaël au départ en 2010. Il analyse aujourd’hui: « Il est clair que le site Le Post est à l’arrêt depuis presque deux ans. »

    Débauchage Dans le sillage du boss, ils sont deux journalistes à être passés du Post au Plus: Aude Baron la rédactrice en chef mais aussi Hélène Decommer , ex-journaliste à la rubrique conso du Post. « Oui c’est un débauchage », ne cache pas Benoit Raphaël. « Mais c’est normal. Pour monter quelque chose on prend les gens qui ont le plus de talent. Aujourd’hui les journalistes qui ont le plus d’expérience dans les nouvelles pratiques du web sont ceux qui ont travaillé pour Le Post. »

    Du côté du Post on préfère voir le bon côté de la saignée: « C’est le signe que le participatif à toute sa place dans le traitement de l’information aujourd’hui en France. Et qu’il faut absolument tenir compte de ça dans le process éditorial des grands médias », explique Philippe Mathon , rédacteur en chef du site participatif. De là à prendre exemple sur le Nouvel Obs et mieux intégrer Le Post dans Le Monde ? « C’est un choix stratégique qui ne m’appartient pas… S’il y a des synergies à faire je pense que ce serait dommage de ne pas les faire. »

    On a bien essayé d’en savoir plus du côté de la direction du Monde Interactif, mais son PDG Philippe Jannet était… en vacances.

    Le Plus sera «complètement intégré» à la marque Nouvel Observateur

    «Oui c’est un débauchage»

    «S’il y a des synergies à faire je pense que ce serait dommage de ne pas les faire »

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER