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    27/04/2012

    Parce que ça fait du bien de râler

    A Quevilly, 5 bonnes raisons pour les habitants de souhaiter la défaite de leur équipe

    Par William Langlois

    Samedi la finale de la coupe de France oppose Quevilly à Lyon. Toute la ville est décorée aux couleurs du club. Mais quelques irréductibles en ont marre des klaxons, des enfants excités et des pubs dans les boîtes aux lettres. Mauvaise foi va !

    Ah Quevilly, le sacro-saint « petit poucet » de la coupe de France ! Dans la ville normande, à peine arrivés, on sent « une véritable osmose » autour du club. Des centaines d’affiches, des écharpes jaunes et noires (oui, des écharpes, vivement le “vrai” printemps), des supporteurs à tous les coins de rue. Une osmose ressentie « au-delà même de la ville », s’enflamme, joint par StreetPress, le maire Frédéric Sanchez. Comme si c’était vital que Quevilly gagne le trophée. Alors que, franchement, si on y pense bien (et qu’on est de très mauvaise foi), y’a quand même plein de raisons de souhaiter la défaite de Quevilly. Et ce sont des Quevillais qui nous expliquent pourquoi.

    1 Les klaxons, ça fait trop de bruit

    Beaucoup trop de bruit même. Si quelqu’un a envie de dormir à 22 h samedi soir, il fait comment, hein ? Une victoire, c’est « du boucan et des cris jusqu’à très tard dans la nuit. » Florence, 40 ans, rencontrée à proximité du bar du centre, a mal à la tête par anticipation. Et après, on voudrait nous faire croire que ce sont les casques audio qui sont nocifs pour nos oreilles. Non, messieurs dames, le plus dangereux, ce sont les matchs de foot.


    Demi-finale Quevilly-Rennes

    2 Ça rend le métier de prof (encore) plus dur

    « Les jeunes se couchent tard et sont excités au possible depuis la qualification. » Les profs de la ville n’en peuvent plus, ils sont même allés clamer leur colère à André Delestre, adjoint au Maire de Petit Quevilly, que StreetPress a rencontré dans un bureau de vote. Mieux vaut que Quevilly perde, sinon autant le dire, ça va être méga chaud dans les classes.

    3 Une guerre normo-normande à deux doigts d’éclater

    À la terrasse d’un café, le long de la ligne de tram, Samir, 26 ans, est super vénère. Tout à coup, tous les Normands se disent de Quevilly, alors que lui il se cogne la commune toute l’année. « La ville en finale c’est Petit Quevilly et personne d’autre. » Et surtout pas le voisin Grand Quevilly. « On veut pas de récupération politique. Grand Quevilly, c’est une commune bourgeoise dirigée par Laurent Fabius. »


    Quarts de finale : Quevilly-Marseille

    4 Briser le coeur des Marseillais

    Parce que les supporteurs de Marseille ne se sont toujours pas remis des terribles moqueries qu’ils ont dû subir, rien ni personne ne les fera supporter Quevilly de nouveau. Assis sur un banc, près de l’école Pablo Picasso où il est en train de regarder ses enfants jouer, Patric, 55 ans, « ne retournera pas sa veste », même si sa fille lui glisse « papa, t’es vraiment un gros jaloux. » Ne parlons même pas des supporteurs de Rennes.

    5 Trop de pub tue la pub

    C’est un fait, il est de plus en plus difficile de poster une lettre, en ce moment, à Quevilly. Y’a trop de « stickers dans la boîte aux lettres », raconte Florence. Surtout que merci, la pub pour Quevilly on la voit aussi placardée sur les transports en commun, en vitrine des commerces et elle orne les bâtiments publics. « J’ai bien peur qu’on tente de nous faire oublier d’autres préoccupations » pense la mère de famille, un appareil photo autour du cou. Quevilly au coeur d’un complot mondial.


    « J’ai bien peur qu’on tente de nous faire oublier d’autres préoccupations »

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