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    08/03/2010

    Peut-on diffuser le buzz #carlabiolay en toute impunité ?

    Biolay-Bruni : 140 signes sur Twitter qui pourraient coûter cher à leurs auteurs

    Par StreetPress

    Sur Twitter, journalistes et internautes en parlent depuis le 28 février: Après la mort de Pascal Sevran, voici le couple Biolay-Bruni. Attention, « ces tweets sont publics », prévient l'avocat Michael Ghnassia.

    « Carla Bruni couche avec Biolay #rumeur # Sarkococu ». 51 signes postés sur Twitter… qui pourraient bien coûter plusieurs milliers d’euros en cas de poursuite. A l’image de beaucoup d’autres, puisque 71 tweets avec les mots « Carla » et Biolay » ont été postés sur le site de micro-blogging ce week-end. 73 tweets rien que pour la journée de lundi à 21h. Contre seulement 17 petits messages vendredi dernier.

    Parler de « rumeur » n’est pas suffisant pour éviter le procès

    Twitter, Facebook et la justice


    • 1er Mars 2010 Des collégiens sont exclus de leur établissement dans le Haut-Rhin, pour avoir posté des propos diffamatoires à l’encontre de leurs professeurs sur Facebook.
    • Janvier 2010 Procès Clearstream : Les journalistes assistent au procès et twittent en live depuis la salle d’audience. En toute légalité.
    • 12 Mai 2009 A Chicago, procès contre une utilisatrice, après son tweet : « Qui a dit que dormir dans un appartement moisi était mauvais pour vous ? Horizon pense vraiment que ça convient ». L’agence immobilière Horizon Group Management attaque l’aute
    • Mars 2009 Courtney Love est attaquée pour diffamation par la styliste Dawn Simorangkir. En cause, un tweet sur la prétendue addiction à la cocaïne de la styliste.

    Alors qu’aucun grand média n’en a soufflé mot, les journalistes ont trouvé sur Twitter un espace pour en parler. Est-ce risqué ? « On ne parle que de rumeur », nous répond Joe Halimi, journaliste et blogueur. « Il y a une différence entre dire “elle se le tape” et “il y a des rumeurs qui disent…”. C’est du conditionnel je pense que ce n’est pas attaquable. » Pas sûr. « Ce n’est pas certain que le simple fait d’avoir dit que c’était une rumeur ne soit pas attentatoire à la vie privée », nous explique Me Michael Ghnassia, spécialisé en droit de la presse.

    Twitter, un salon… public

    Et si sur Twitter, les membres ont l’impression de causer entre eux, la majorité des messages sont publics. « Il y a une différence entre Facebook et Twitter, c’est que Twitter est considéré presque comme un espace public parce que tout le monde y a accès, reprend Me Ghnassia. Du coup Twitter est plus attaquable ».

    Concours de vannes chez les journalistes

    Parmi les tweets qui causent de Benjamin et Carla, un petit lot de journalistes. Parmi lesquels Aude Baron, en charge du web au Post. Ou encore Johan Hufnagel (co-fondateur de Slate). Plus de 4.000 followers à eux deux.

    « Hein ? Je ne savais pas que je risquais quelque chose », nous répond Aude Baron, quand on l’appelle lundi à 17h. « Et puis j’ai tweeté ça en 2 secondes à midi. Quand on tweet on ne réfléchit pas ».

    Si Aude Baron avait retweeté cash:

    radio potin bonjour RT @bonfil: on me souffle la rumeur Benjamin Biolay se tape Carla Bruni et Sarkozy serait avec Chantal Jouanno

    Johan Hufnagel lui tweet second degré :

    Benjamin Biolay c’est bien le mec qui…

    Il est pistonne non Benjamin ? #vicmusic

    Lundi, 17h15, on appelle Johan Hufnagel :

    - Allô Johan, alors tu propages la rumeur ?
    - Qu’est-ce que j’ai écrit ? « Benjamin Biolay c’est bien le mec qui … » Et alors?
    - Et ben, quand même…
    - Non, les gens qui font un lien sont au courant d’une rumeur qui circule sur les réseaux depuis quelques semaines. Moi je n’ai aucune info et n’en donne aucune. C’est juste une vanne…

    Plus on a de followers, plus ça risque de coûter cher

    Pour ceux qui relaient franco la rumeur, qu’est-ce que cela risque de coûter ? « Ça se résout par des dommages et intérêts, nous répond Me Ghnassia. Pour un journal on peut facilement monter à 20.000 euros. Si c’est un particulier, tout dépend de la diffusion du tweet. » Un compte Twitter avec beaucoup de followers est donc plus exposé que celui d’un sans-amis.

    Et un journaliste pourrait prendre plus cher qu’un internaute : « C’est sûr qu’un journaliste a plus de responsabilité qu’une personne lambda, la rumeur peut avoir une ampleur nationale. Ca peut aller d’une somme modeste à plusieurs milliers d’euros».

    Après Twitter, le reste du web 2.0 français embraye

    Dans la foulée des premiers tweets, c’est le journaliste Arnauld Champrenier-Trigano qui a lâché sur son blog le premier post, Biolay, Bruni et Sarkozy :

    « Elle court, elle court, la maladie d’amour, elle pue, elle pue la rumeur du jour. C’est le refrain qui pourrait être fredonné à l’unisson dans les rédactions parisiennes. »

    « Bruit de chiottes »

    C’est vrai que la rumeur pue un peu. Le montage vidéo sur LePost nous a bien fait rigoler. Mais la brève « Carla Bruni avec Benjamin Biolay – Nicolas Sarkozy avec Chantal Jouanno ?? », sur Suchablog, entre un post sur la nouvelle « Citroën Survolt concept au salon de Genève » et « les plus belles fesses du monde », ça le fait carrément moins. Idem, pour le sujet hasardeux en Une d’Agoravox qui sent le mauvais règlement de comptes.

    Arnauld Champremier-Trigano, dont le blog a vu son audience grimper de +1.000%, se justifie: « Ce n’est pas dans mes habitudes de faire ça, mais comme Sarkozy met en avant sa vie privée, c’est normal de relayer les rumeurs qui se disent. C’est de la transparence par rapport à ce qui se dit dans les rédactions parisiennes, même si c’est un bruit de chiottes.» Avant d’ajouter « Je ne ferais pas la même chose avec François Fillon, mais Sarkozy lui, il s’expose volontairement. »

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