En ce moment

    10/08/2014

    Le 17 juillet, Diana J. partait avec « une délégation » à Damas

    Dans la tête d'une groupie de Bachar El-Assad

    Par StreetPress

    Sur StreetPress, Diana J. est enthousiaste: «Bachar El-Assad, il conduit sa voiture tout seul !» La franco-syrienne qui organise des événements pro-régime à Paris livre sa version du soulèvement. Pour gagner votre Pin's «El Assad», cliquez ici.

    Cheveux blonds décolorés, eyeliner prononcé, lèvres rosies au stick, Diana J. franco-syrienne née à New-York et qui n’a jamais vécu en Syrie, est un personnage bien connu des milieux pro-Assad à Paris.

    A 21 ans, elle fait partie des organisateurs des manifestations pro-Assad dans la capitale, auxquelles ont participé Dieudonné, Frédéric Châtillon ou la négationniste Ginette Skandrani. Elle est aussi membre fondateur du « Club Franco-Syrien » – une association loi 1901 créée en juin pour « encourager les relations amicales et culturelles entre la communauté syrienne et le peuple français. »

    Le 17 juillet elle partait pour Damas « avec une délégation de 80 personnes » pour « leur montrer la réalité du terrain. » En 5 points, l’étudiante en droit donne à StreetPress sa version de la guerre la civile qui détruit son pays :

    1 Sur le soulèvement en Syrie

    « Le soulèvement … Moi je suis syrienne et jusqu’à maintenant je ne l’ai pas vu. J’ai déjà vu quelques manifestations mais ça ne représentait pas plus qu’un quartier de Damas ! Quand un quartier veut décider pour 23 millions d’habitants… la démocratie c’est quand même la tyrannie de la majorité ! Je n’ai jamais vu une vidéo avec une foule imposante, comme les foules qui sont pro-Assad.

    Malgré ça Bachar a voulu discuter avec eux, a proposé des réformes. Comme l’Occident pensait qu’il allait réprimer, ils se sont dit ‘‘Plan B’‘. Le lendemain, les terroristes sont sortis comme des fous, ont tiré sur les gens … Pour chaque pays on est obligé de trouver une petite histoire, un mélodrame, genre les enfants qui se sont fait torturés. C’est une campagne de diabolisation. A part les ‘‘on a dit’‘, vous les connaissez personnellement ? Vous avez des noms en particulier à me donner ?

    Chaque conseil de l’Onu est précédé par un massacre qui aurait été commis par les forces du gouvernement. Houla, Treimsa… Ce n’est pas logique ! Ils ont profité des soulèvements populaires en Tunisie pour faire un soulèvement en Syrie. Quand Bachar est arrivé, les Occidentaux parlaient de printemps de Damas. Ils se sont dits : ‘‘C’est un jeune, il doit être con, on va la lui faire’‘. Et ils se sont aperçus que non. »

    2 Sur le traitement médiatique

    « On dit qu’il y a une liberté de la presse en France … Elle est relative aux problèmes internes. Quand il s’agit des questions internationales, la plupart des médias suivent la ligne du gouvernement. L’Irak, la France était opposée à une intervention, les journaux appelaient à manifester contre la guerre. Là, la France est pour une intervention en Syrie, on voit que les médias suivent cette ligne.

    Moi je regarde des chaînes syriennes, libanaises, des blogs qui eux sont vraiment sur le terrain. Comme l’Armée Syrienne Electronique, un groupe de jeunes qui se sont organisés et qui ont fait pleins de groupes sur Facebook et Twitter. Il y a un attentat, ils vont sur les lieux, prennent des photos. Ou par exemple ils vont sur le site du Monde, et ils mettent tous des commentaires en même temps. Du coup ça fait exploser un peu leur serveur !

    «Le Qatar c’est l’Oncle Sam en Djellabah.» Diana J

    Al-Jazeera a toujours les premières images. Ils travaillent ensemble [avec les rebelles, ndlr]! Parce qu’Al-Jazeera, c’est Qatari. L’Emir du Qatar, il est contre nous à fond, à 200%. Le Qatar, les 3/4 de son territoire ce sont des bases américaines. Le Qatar c’est l’Oncle Sam en Djellabah. Al-Jazeera c’est une boîte noire (sic). Pour la Libye, ils avaient recréé une place verte au Qatar ! Ils fabriquent des vidéos, font des trucs incroyables. »

    3 La démocratie syrienne

    « Si la Syrie est une démocratie ? Par rapport aux autres pays arabes, on n’a rien à envier ! En Syrie on a un minimum de liberté ! On peut critiquer, faire ce qu’on veut. La Syrie a eu un parlement en 1917, alors qu’aucun pays arabe n’en avait à l’époque. On a des élections législatives, dans la région on est des démocrates. Quand Bachar est venu au pouvoir il y a eu un referendum. Malgré cette question sécuritaire, on arrive à concilier les deux : la Syrie est moderne, elle se développe. Avant Hafez, chaque mois on avait un coup d’état en Syrie. Faut voir ce qu’il a fait ! Il a apporté la laïcité, la tolérance. Nous les Syriens on se démocratise seuls. La démocratie française on n’en veut pas.

    En Syrie, on a une opposition interne, pacifique. Mais là, c’est une opposition étrangère, des gens qui n’ont pas vu la Syrie depuis 30 ans, qui travaillent au Quai d’Orsay et très proches de Juppé. Eux ce sont les laïques qu’on met sur le devant de la scène pour faire genre. Mais derrière à 90% ce sont les Frères musulmans. Des terroristes qui vont faire le Jihad ! Des ‘‘Allah Ouakbar’‘… »

    4 Sur Bachar El-Assad

    « Bachar est éduqué, il est jeune, il est ouvert. Et surtout il n’a pas plié devant l’Occident. Je le trouve très beau. Et Asma aussi. Elle est très éduquée. Elle a fait Harvard. Je l’ai rencontré à Paris, à l’Institut du Monde Arabe en 2007. Elle donnait une conférence et j’ai pu lui parler. Je lui ai dit que j’étais Syrienne, que je venais d’être admise à Sciences-Po, que je voulais travailler avec la Syrie. Elle m’a dit ‘‘Oui, oui, c’est très bien !’‘ On a parlé genre 15 minutes, j’ai même pris une photo avec elle. Normal quoi ! Mais Bachar aussi hein ! Le jour où il est parti de France en 2007, l’ambassade a appelé les Syriens: ‘‘Si vous voulez lui dire au revoir, il est dans cet hôtel là.’‘ On est tous partis à l’hôtel, quand il est descendu dans le hall ma mère lui a sauté dessus et lui a fait un bisou !

    Bachar El-Assad, il conduit sa voiture tout seul ! Lors d’une manifestation place des Omeyyades, il est sorti de sa voiture discuter avec les opposants. Alors que c’était très dangereux ! Là j’ai mon bracelet [I love Syria & El Assad, ndlr] mais chez moi j’ai toute la panoplie y’a aussi des pin’s, des écharpes, des gants ! »

    5 Le voyage

    « Je pars demain [le 17 juillet, ndlr] avec une délégation. On est un groupe de 80 personnes : il y a des Français, des Algériens, des Arabes, des Vietnamiens, des Chinois. C’est ouvert à tout le monde. On dit :’‘Venez voir comment est la réalité du terrain’‘. On paie nous-même notre billet. On a déjà organisé un voyage en mai avec des non-Syriens qui sont venus et qui ont été étonnés par ce qu’ils ont vu. On avait fait une prière commune aux Omeyades, à l’Eglise de Damas. On a vu notre mufti de la République. Là on va aller à la tombe du soldat inconnu, à l’hôpital militaire de Tesirim pour rendre visite aux soldats blessés.

    Sur place il y a une équipe, les « Jeunes Volontaire de Damas », qui nous accueille. L’hôtel c’est environ 25 dollars la nuit. Le billet est à 400 euros. Le séjour dure une semaine. On sera dans des endroits sécurisés dans Damas. Les risques sont minimes. On sait que les attentats ils le font le vendredi. Alors le vendredi on ne sort pas beaucoup.

    Le soir on fait la fête. Le peuple syrien est un peuple qui aime vivre la nuit. S’il y a des attentats, ils continuent à sortir la nuit. Et puis c’est très sûr. Avant les problèmes en Syrie je pouvais sortir à 4 heures du matin avec de l’or plein les mains, y’avait rien ! Pas de voleurs ! »

    Un beau bracelet pour sortir en boîte à Damas !

    bracelet-syrie.jpeg

    En bonus

    « On a vu que 600 Libyens avec le Sida se sont dirigés vers la frontière syrienne pour violer des femmes ! Comme je le sais ? Mais ils ne s’en cachent pas ! Un appel téléphonique d’un responsable libyen avait été intercepté et avait été diffusé ! Je sais plus ou j’ai vu ça … Russia Today, plein de blogs, même des médias arabes. »

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER