En ce moment

    02/06/2011

    Il fête son 1000ème Space Invader et une expo lui fait honneur à Paris

    Space Invader: l'artiste masqué a envahi la planète avec ses mosaïques pixélisées

    Par Thomas Bringold

    De Berlin à Dhaka, les murs foisonnent de ces mosaïques de monstres de l'espace fabriqués avec des carreaux de piscine. Bravant les interdictions, Invader est devenu un mythe de la street culture des années 2000. La galerie Le Feuvre lui rend hommag

    Vous avez déjà remarqué ces petits personnages qui squattent les principales rues de votre ville ? Signés de l’artiste Invader, les Space Invader sont partout. De à Hong Kong à Anvers en passant par Los Angeles ou Istanbul. Et même dans les lettres de la colline « Hollywood » et au Louvre.

    Pour fêter son millième Space Invader, l’artiste revient sur le devant de la scène. Le 7 juin, il inaugurera « 1000 » sa nouvelle expo et posera son millième Space Invader dans la Générale Galerie. En parallèle, une autre expo lui sera consacrée à la Galerie Le Feuvre. L’occase pour Streetpress de faire une mini rétrospective.

    500 millions de dollars L’histoire des Space Invaders commence en 1978 au Japon aux premières heures des jeux vidéo. C’est la société Taito) qui développe pour la première fois ces petits extraterrestre sur une borne d’arcade. Le but ? En tuer le plus possible pour rapporter le plus de points, tout cela en s’excitant sur le joystick. Space Invaders rencontre un franc succès auprès des geeks asiatiques.

    Taito a d’ailleurs récemment annoncé que le jeu vidéo a rapporté plus de 500 millions de dollars de recettes depuis sa parution. Il n’en fallait pas plus pour qu’un français s’intéresse aux mini-extraterrestres pixelisés par la technologie de l’époque.

    De Ljubljana à Bangkok C’est en 1998 que le premier Space Invader sort de l’écran pour s’incruster sur un mur parisien. Et puis, c’est le début de l’invasion. A son origine, un mystérieux artiste qui se fait connaître sous le nom d’Invader. Son plan ? Envahir le monde. Dès lors, à chaque fois qu’il se rend dans une ville, il planifie son invasion et scrute les endroits les plus efficaces pour poser un Space Invader. Tout est planifié au détail prêt.

    L’artiste photographie chacun de ses personnages avant de les répertorier sur une carte afin de se constituer une base de données pour géolocaliser les lieux où ils se trouvent. Londres, Tokyo, Paris, Bangkok, Los Angeles, Ljubljana, Amsterdam, Anvers, Dhaka, Hong-Kong, Istanbul, Pau, Genève, Manchester, Berlin… comptent parmi les dizaines de villes envahies. Il attribue un nombre de points en fonction de la forme de sa mosaïque extraterrestre, plus il est gros plus et plus il rapportera de points à la ville.

    La forme pixélisée des Space Invaders permet à l’artiste d’utiliser de la mosaïque pour créer ses personnages. De plus, c’est un matériau facilement utilisable en extérieur et puis il faut avouer que c’est original.

    Toujours masqué « Invader a été l’un des premiers à prendre la relève du street-art avec un travail vraiment efficace » pour Jérôme Mesnager, artiste reconnu grâce à ses Corps Blancs entre autres. Mais voilà, la particularité d’Invader, c’est qu’il souhaite rester anonyme. Mis à part qu’il est né en 1969, on ne connait rien de lui, si ce n’est son œuvre. Il apparaît toujours masqué lors de ses rencontres avec les journalistes et « se glisse incognito dans la foule » lors de ses expositions enchaîne Jérôme.

    Ses plus grands faits d’armes se résument à un invasion du Louvre en 1998 – les mosaïques ont été retirées dans la foulée – et plus récemment celle de la colline « Hollywood » et de ses célébrissimes lettres ce qui lui a valu une amende par les autorités locales et plus récemment une arrestation alors qu’il participait en avril dernier à une exposition au Musée d’Art contemporain de Los Angeles avant d’être relâché.

    La Joconde pixélisée Depuis 2005, l’artiste, même s’il continue son invasion de Space Invaders, a fondé le mouvement « RubicKubiste » où il utilise des  Rubik’s Cubes pour donner du volume aux Space invaders  ou même pour pixéliser la Joconde ! Pour Jérôme : « Il a inventé son système à lui, amené quelque chose de nouveau, et à partir du moment où l’on reconnaît l’artiste du premier coup d’œil, c’est gagné. » avant de conclure par une anecdote qui résume parfaitement la personnalité de l’artiste français le plus mystérieux :

    « Une nuit, je peignais le mur rue Oberkampf donc je regardais vers le mur, il y avait des barrières et d’un coup hop ! J’ai aperçu une silhouette qui arrivait vers moi en bondissant, il a atterri à côté de moi : « Bonjour, je suis content de te voir peindre ! » et moi je réponds « Tiens salut !» quand j’ai regardé il était loin déjà… En plus il y avait pas mal de monde, il est passé à travers tous les gens qui étaient là ! Et j’ai crié : « Vous avez vu c’était Space Invader ! » et les gens : « Quoi quoi il est où ?! » J’ai répondu « Ben il est plus là… »»

    Attaque du Space Invader à Hollywood

    Invader Bombs Tinseltown – Hollywood par PayeTaChatte

    L’avis de la rue

    « Je vagabonde pas mal. J’ai déjà vu ça dans d’autres pays oui. En Afrique notamment. Je sais pourquoi ils nous observent mais je ne dirai pas la réponse. Je peux juste dire qu’ils sont déjà parmi nous à nous observer… » Thierry, métro Belleville

    « Je suis étudiante en graphisme. J’aime bien l’idée de pixéliser les personnages. Il l’a mis à l’angle de la rue pour attirer les regards ou pour que le Space Invader nous observe on sait pas… Je trouve ça amusant. » Timothée, Boulevard de Charonne

    « Je bosse dans l’art. Je lui ai passé commande via une connaissance en commun mais il ne se montre pas. Je ne sais pas quand il l’a fait, un jour je suis arrivé et j’ai vu ce Space Invader. C’était il y a 3 ans à peu près. Ils sont là ! David Vincent les avait déjà repéré ! » Serge, rue des Orteaux dans le 20e

    Pour retrouver le mythique Space Invader de ton enfance, c’est ici.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER