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    13/06/2011

    « Ce serait génial de mettre en place Syrian Stories »

    Iranian Stories: Le site qui t'explique la Révolution Verte mieux que Youtube

    Par Maya-Anaïs Yataghène

    Lancé le 8 juin 2011, Iranian Stories propose des témoignages sur les manifestations post-électorales de 2009. L'objectif : compiler les vidéos amateurs postées du 8 juin 2009 jusqu'à aujourd'hui, chacune étant commentée par un témoin.

    Tunisie, Egypte, Syrie, Yémen … Le Printemps arabe a secoué le monde entier en 2011, et les yeux se sont braqués sur Al Jazeera. En 2009, c’était sur Twitter que les internautes avaient suivi, partiellement, ce qui se passait en Iran à l’occasion des élections présidentielles. Les partisans de Mir Hossein Moussavi se battaient alors contre le régime, contestant la réélection de Mahmoud Ahmadinedjad : C’était la « Révolution verte ».

      Un Youtube qualitatif Deux ans après, Iranian Stories a pour vocation de revenir sur ces évènements, grâce au multimédia. Thibault Lefèvre, journaliste, était en Iran en avril 2009, quelques mois avant le scrutin. A son retour en France, il a tout de suite commencé à trier les témoignages des opposants, récupérés sur Youtube et les réseaux sociaux. « Il y avait une double couverture, entre Internet et les journalistes encore sur place. C’était un nouveau phénomène média » raconte-t-il. Mais dès février 2010 s’est posé une question. Comment sourcer les images récoltées ? L’idée d’un protocole de recueil de témoignages a alors germé.

      « La boîte à T » Trois langues (français, anglais, persan), un site sobre mais design, et surtout un « s » qui suit le http de son URL. Le site Iranian Stories a été lancé le 8 juin avec pour profession de foi ce slogan : « Ils nous ont donné leurs yeux, nous voulons leur donner la parole ». Il a fallu deux ans à « la Boîte à T » pour monter le projet. « Ce n’est pas vraiment fiable économiquement, alors il a fallu recourir à une économie de subvention » explique Thibault Lefèvre.

    Des Ligues de Droits de l’Homme (FIDH, LDDHI, LDH), le Centre National de la Cinématographie mais aussi Médiapart et Le Temps se lient au projet. « Pas question de faire du Youtube, c’est une démarche d’Internet qualitatif » insiste l’initiateur du projet. Une frise, du 8 Juin 2009 à aujourd’hui, attend d’être complétée par des vidéos de témoignages, traduites et décryptées. Un comité d’experts géré par Louis Racine (EHESS), véritable filtre humain, vérifie les infos et met des images sur les mots, ou vice-versa.
     

      « Vous vous connectez d’un pays ou Internet est peut-être surveillé » Le projet, voulu réussi esthétiquement, a mobilisé des ergonomes et des architectes réseaux. Mais aussi des experts en sécurité, pour recueillir le témoignage sans mettre en danger. En Iran, le contrôle passe par les fournisseurs d’accès à Internet. On passe alors par des proxys, pour anonymiser les connexions. Iranian Stories, de son côté, utilise le top du système d’encryptage pour sécuriser les documents. Mais, incapable d’assurer la sécurité des postes informatiques perses, le site propose une checklist pour former les gens à se protéger eux-mêmes. Deux versions sont ensuite proposées : une version flash haut débit classique et une autre en HTML bas débit sécurisée.

      Syrian Stories « Dans l’idéal, ce type de plateforme devrait être pratiquement simultané aux évènements. Ce serait génial de mettre en place Syrian Stories par exemple » glisse Thibault Lefèvre. Techniquement, la technologie est prête, et applicable à d’autres pays, d’autres formats. « Si on a mis deux ans, c’est parce que outre les contraintes de sécurisation importante, on a voulu rendre déclinable la chose » explique Lefèvre, qui revendique une logique d’universalité et d’accessibilité. En moins d’un mois et avec 30 000 euros, Syrian Stories pourrait voir le jour. Et relayer la parole de milliers de Syriens qui manifestent dans leur pays. Alors partenaires possibles …manifestez-vous.       

    Ce serait génial de mettre en place Syrian Stories

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