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    16/04/2010

    Partie 1: Dans la file d'attente avec Mathieu le videur

    Au Bonheur des Dames: la soirée des Planches où « les filles doivent avoir de l'argent qui sort de la bouche »

    Par Armelle de Rocquigny

    StreetPress a testé la soirée Au Bonheur des Dames aux Planches qui propose aux filles open-bar et chippendales pour 0€. Mais avant de pouvoir rentrer il faut franchir Mathieu, l'imbuvable videur. Première partie de la soirée dans la file d'attente.

    21h30, rue du Colisée, Paris 8ème. Un peu moins de 100 mètres de queue de têtes brushées devant une grosse porte insonorisée, à quelques pas du métro Franklin Roosevelt. Ce soir, c’est la soirée Bonheur des Dames aux Planches , la boîte où vous rêviez d’aller quand vous aviez 16 ans. Perchées sur des talons de 15 cm , sapées sur-tendance et sac Chanel au poignet , elles sont des centaines à attendre agglutinées devant l’entrée du club – attention « ici on dit club privé » expliquent les videurs. Robe noire, paillettes, rouge à lèvre ostentatoire et décolleté, les filles se sont faites les plus belles pour aller danser.

    Saouler les filles avant l’arrivée des mecs

    Le principe la soirée au Bonheur des Dames: Offrir à la gent féminine dès 21h30 un dîner, des boissons et des chippendales . Tout ça gratis. Puis à 23h30, les garçons sont enfin autorisés à rentrer dans l’arène, prêts à se jeter sur des filles éméchées et désireuses de montrer la couleur de leur vernis, (ou de leur culotte), à quelqu’un d’autre que leurs voisines de table.

    La soirée Aux Bonheurs des Dames, c’est “la combinaison gagnante pour passer une soirée entre copines” dixit Planète-Campus.com .

    D’abord organisée chez Régine, puis aux Planches, la soirée vise les filles de 18-20 ans, avec atelier maquillage, cocktails cosmopolitain comme dans Sex and The City et chippendales. L’entrée y est gratuite, mais les boissons payantes autour de 20€ après 23h. C’est le moment où les garçons sont autorisés à rentrer dans l’arène gonflée aux hormones, dans une ambiance mi-springbreak mi-congrès des jeunes pops de l’UMP.

    La guerre des miss pour pouvoir entrer

    Dehors sur leurs Stilettos , elles espèrent toutes être autorisées à rentrer. « Laisse ton manteau ouvert; et toi, ta clope à la main, c’est plus stylé ! », aboie nerveusement une des filles à ses copines, juste avant de passer devant le videur.

    Car ici pour rentrer et pouvoir enquiller les coupes de champagne, le deal pour une gent féminine peu habituée à se faire refouler, c’est de franchir un physionomiste imbuvable. «Vous êtes 4? Et ben, il n’y en a que 2 qui rentrent », décide Mathieu – 1m75, cheveux ébouriffés à la Mickaël Vendetta et veste en cuir marron.

    Le groupe de copines en détresse est humilié. Soudées comme les meilleures amies du monde, elles ne veulent pas se séparer. « Au pire, on va diner et on retente l’entrée à 23h30 ? », propose visiblement affectée une des jeunes filles, pourtant dans une jolie robe noire et des chaussures dorées. Sa pote s’offusque, dans une lueur de lucidité et de fierté : «Ben non, ça va pas ou quoi ?! On ne va pas les supplier en plus!»

    Le panier de crabe

    Mais chez un autre groupe de midinettes, quand Mathieu le terrible gorille répète son opération préférée, c’est la panique à bord « Sur six, deux filles seulement peuvent passer », lance-t-il, sérieux comme un pape.

    Sur le côté avec les yeux rougis, les miniatures de Carrie, Sam, Charlotte et Miranda de Sex and The City, essayent de trouver une solution: «Mais comment on fait ? C’est abusé, sérieux!». Finalement, la bande d’amies se transforme en panier de crabe. Deux élues sont désignées dans le groupe. Elles lancent un regard désolé vers leurs copines restées de l’autre côté, et pénètrent dans l’arène. « Oh le bad », lâche la petite blonde qui se faufile quand même dans l’entrée.


    Comment s’y rendre ? Tous les jeudi soir aux Planches, 40 rue du Colisée, Paris 8ème. Métro Franklin Roosevelt | Saint-Philippe du Roule. Entrée gratuite, à partir de 21h30 pour les filles et 23h pour les garçons – Open Bar et open Chippendales avant 23h.

    La loi du videur

    Laisser une seule fille rentrer parmi un groupe, ce n’est pas un peu bizarre ? « Pas du tout, assure le videur d’une voix grave faussement impressionnante. Ça correspond aux filles que l’on veut. Si c’est une vraie clubbeuse, elle connaîtra forcément du monde à cette soirée. Moi en boite, j’y vais seul! »

    Mais quoi qu’en dise Mathieu, le meilleur plan pour rentrer ça reste quand même de lui claquer la bise. Exemple avec une miss, sur les dernières petites bottines Repetto , qui fait passer ses quinze copines derrière elle, toutes avec les cheveux « j’me-suis-pas-coiffé-mais-ça-m’a-quand-même-pris-deux-heures-pour-arriver-à-cet-effet-là ».

    A un moment, le DJ sort fumer une cigarette. Il lâche: « On fait rentrer les plus belles et les thons, on les fout dehors! ». Un des videurs se précipite sur lui : « Mais fait gaffe! Y a une journaliste juste là! »

    Carmen se fait refouler et trouve ça injuste

    « Je vais partir mais j’aimerai bien au moins comprendre, parce que là je me sens tellement conne », insiste dépitée, une blondinette. Carmen, 18 ans, vient d’apprendre la vie en se faisant refouler, parce que Mathieu ne l’a jamais vue. « Mais s’il ne me laisse jamais rentrer, je ne vois pas comment je pourrais déjà être venue un jour », désespère-t-elle. «C’est injuste. De toute façon, les mecs viennent ici juste parce que les filles sont éméchées et qu’elles sont bonnes !», continue la minette qui ne se remet pas du drame

    Mathieu, dans sa chemise à carreaux (c’était pas la mode de l’an dernier les carreaux ?) ne cherche même pas à démentir. « Il faut qu’elles soient mignonnes, c’est sûr. Et apprêtées évidemment. Moi encore, je laisse passer quelques filles en pantalons. Mais ma DA (directrice artistique, ndlr), elle est beaucoup plus stricte. En cinq ans, je ne l’ai jamais vue avec la même robe! »

    Et vous savez quoi ? Mathieu le videur nous a finalement laissées rentrer!

    Retrouvez “la seconde partie”:http://www.streetpress.com/sujet/538-la-soiree-au-bonheur-des-dames-a-linterieur-des-planches-avec-la-generation-mickael-vendetta de la soirée Au Bonheur de Dames. Notre clubbeuse-journaliste Armelle de Rocquigny vous racontera ce que ça fait d’avoir touché un slip kangourou de chippendale.

    Paris vs. Banlieue

    Mais se faire refouler, c’est aussi une question de géographie. Les filles qui ont mis du temps à venir, « c’est clairement pas notre population analyse Mathieu. Les filles, on veut qu’elles soient parisiennes et qu’elles aient de l’argent qui sorte de la bouche.» Plutôt marrant comme réflexion pour un mec qui vient de Torcy, en banlieue parisienne. «Non, mais moi c’est clair que je ne me laisserais pas rentrer!», rigole le videur. A l’écouter on se dit que finalement la sélection à l’entrée du Bonheur des Dames n’est pas si mal faite.

    Après 3 rendez-vous avortés, Anne-Sophie, “la directrice artistisque” de la soirée a expliqué ne pas souhaiter répondre aux questions de StreetPress. Pas assez bonnes, nos journalistes?

    Lire la suite: Partie 2: Bourrées, chauffées, chopées

    Source et Crédits Photos: Armelle de Rocquigny | StreetPress

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