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    07/12/2012

    On a bu un Oasis pomme-poire avec le rappeur qui sort un album tous les 6 mois

    Guizmo : « Ma consommation d'alcool ne peut pas durer toute la vie »

    Par Ismaël Mereghetti

    Les affiches de Guizmo recouvrent déjà tous les murs de Paris Est. Mais le rappeur de 21 ans ne fait pas que marquer son territoire et travaille comme un profiler pour écrire ses textes : «Je décortique les profils que je croise tous les jours».

    C’est déjà ton 3e album, à 21 ans. On ne va pas parler d’album de la maturité, donc comment tu le définirais ?

    Sur la forme il y a davantage de soul et de jazz. Dans l’ensemble, c’est un skeud plus posé mais toujours avec des morceaux hargneux. Et puis j’essaye d’explorer de nouvelles directions musicales : par exemple avec le morceau bonus iTunes MDMA (principe actif de l’ecstasy, ndlr), produit par DJ Simsima ; c’est un truc complètement ouf avec une instru électro, un morceau déjanté autour de la foncedé.

    Tu as également développé le storytelling dans cet album…

    J’ai mis en avant une nouvelle forme d’écriture sur plusieurs morceaux. Dans « Le café » ou « Le bus », je peins des histoires et je cherche à faire découvrir un univers à travers différents personnages. « Le café », c’est un titre sur la spirale PMU, jeux à gratter et pastis au comptoir. Je raconte comment des mecs de banlieue ou des pères de famille s’enlisent dans cet univers qui au départ paraît kiffant : t’es posé avec ton ptit joint de beuh, ton café crème à faire du baby-foot ou du billard, t’es bien quoi. Mais c’est un univers, un monde, auquel tu t’attaches vite ; je voulais expliquer que ça laissait les gens dans des situations de désarroi, comme la famille livrée à elle-même qui attend le retour d’un père en train de claquer les économies et l’argent des cadeaux de Noël dans les paris hippiques…

    Et ça donne lieu à pas mal de portraits de vie…

    Le storytelling me permet de mettre des gens en scène. Dans « Le bus », par exemple, t’as l’ouvrier sénégalais, qui est électricien et qui fait deux heures de bus de nuit jusqu’à Velizy pour aller se casser le dos, il y a une prostituée qui a tapiné toute la nuit et qui doit rentrer chez elle, un groupe d’adolescents qui vont peut-être se bagarrer contre un autre groupe qui rentre de boîte de nuit, un SDF qui est là parce que c’est plus agréable de rester dans le bus de nuit, il fait chaud, il fait tout le tour de Paris toute la nuit, il dort un petit peu… Les personnages prennent vie dans la tête des auditeurs.


    [Vidéo]L’interview

    « Le café », c’est un titre sur la spirale PMU, jeux à gratter et pastis au comptoir

    Comment se passe ton processus d’écriture?

    Je décortique les profils des personnes que je croise tous les jours, dans la vie quotidienne, et quand je rentre chez moi, je me dis : « J’ai vu des trucs de ouf aujourd’hui, il faut que j’en parle ! ». Mais j’écris au feeling, ce sont les choses de la vie qui m’inspirent. Je ne me mets pas au bureau en m’obligeant à écrire sur une instru. Et quand je n’ai pas de thème, j’écris ce que j’ai à écrire et ça donne un morceau comme « C’est tout ».

    Dans une interview, tu as déclaré récemment : « Après 30 ans, j’arrête le rap. Faire du rap quand on a une femme et des gosses, c’est chaud ». Tu le penses vraiment ?

    Ce que je voulais dire ce n’était pas : « si t’as une famille, t’es un vieux con et que tu dois arrêter de faire du rap ». Mais je me demandais plutôt comment concilier vie de famille et rythme de vie d’un rappeur. C’est un mode de vie difficile à gérer. Si j’ai une femme et des gosses, je veux être présent, je ne veux pas qu’ils manquent d’un mari et d’un père. Mais je t’avoue que le rap est une passion. Même avec des marmots, une femme et un loyer à payer, c’est quelque chose de viscéral, presque compulsif. Donc je ne suis pas sûr d’arrêter un jour…

    Tu as une façon de rapper plutôt à l’ancienne. Quels sont les artistes qui t’ont inspiré ?

    Grödash, Salif, Nubi, Dany Dan, Zoxea, Ill des X-Men, Hi-Fi et Ol Kainry. En fait, c’est souvent des rappeurs un peu atypiques, qui ont créé un univers et qui s’y tiennent depuis des années, je trouve ça admirable.


    ClipT’es juste ma pote

    Tu décris ton mode de vie comme un truc assez hard, avec une grosse consommation d’alcool entre autres. Tu as 21 ans, tu es très jeune, est-ce que tu te dis que tu vas devoir calmer le jeu ?

    Je me dis que je ne tiendrai pas comme ça longtemps, que ma consommation d’alcool ne peut pas durer toute la vie. D’ailleurs en ce moment, en promo, je suis à l’Oasis « pomme-poire ». C’est nouveau, je me bute à ça depuis deux-trois jours et ma foi, ce n’est pas dégueu. Mais c’est vrai que j’étais arrivé à une consommation barge. Heureusement, j’ai des gens autour de moi qui respectent ma personne et ma santé et qui me forcent à me mettre un coup de pied au cul par rapport à ça. Donc en ce moment je gère plus ou moins…

    Et tu comptes aussi ralentir le rythme des albums ? Jusqu’à quand tu vas continuer à sortir un album tous les six mois ?

    Surprise ! Ça fait trois déjà. Comme on dit, jamais deux sans trois, donc maintenant c’est la surprise…

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