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    16/04/2013

    Ils étaient une douzaine à manifester devant le Gaumont Opéra

    Les projectionnistes ne veulent pas vendre du pop-corn

    Par Antoine Massot

    La mort du métier de projectionniste est-elle inéluctable ? Devant le Gaumont Opéra, ils étaient une douzaine de manifestants, à assurer que non au moment où leur employeur veut les transformer « agents polyvalents ».

    Barrières en fer, banderoles et drapeaux CNT. La manifestation des projectionnistes n’était pas une fiction ce lundi 15 avril, devant le cinéma Gaumont Opéra. C’est Boulevard des Capucines, dans le 9e arrondissement que se tenait hier la deuxième manifestation des opérateurs-projectionnistes parisiens après celle du 30 mars. Accompagnés cette fois-ci de collègues extérieurs à la capitale, les salariés du groupe Gaumont-Pathé dénonçaient leur nouveau statut de « technicien polyvalent » et la disparition d’un métier.

    Agent polyvalent « Notre colère, c’est pas du cinéma ! » Voilà ce qu’on pouvait lire sur les tracts distribués par la CNT, présente aux côtés de SUD. Des projectionnistes en colère et inquiet de voir leur métier disparaître. En 2013 les caissiers ont été remplacés par des bornes automatiques et en cabines de projection, les bobines ont disparues. Eric de Caen, projette des films depuis 20 ans.

    « Aujourd’hui, on nous demande d’être polyvalent et de devenir un agent qui serait aussi bien capable de tenir la caisse que de changer une ampoule. »

    Popcorn Les opérateurs ont le sentiment d’avoir été « truandé » et d‘« essuyer les plâtres » après avoir assuré la transition de la bobine au numérique. Ils refusent que leur contrat de travail soit modifié car aujourd’hui leur directon veut les faire passer du statut de projectionniste à celui d‘« agent polyvalent ». Concrètement il sera question pour eux d’être aussi bien à l’accueil qu’à la maintenance ou faire de l’entretien tout en gérant les éventuels problèmes techniques. Gilles, projectionniste depuis 17 ans est venu de Nice pour manifester.

    « On se sent trompé parce que on nous demande de faire quatre professions en une et je ne me vois pas courir du stand pop-corn à la cabine de projection. »

    Gilles voit son métier « externalisé » et craint que ses compétences et son savoir-faire ne soient plus reconnues. Les cabines de projection se vident, les machines automatiques prolifèrent et le métier en prend forcément un coup.

    iPhone Sur place, le nombre de journalistes/photographes ne dépassait pas celui des manifestants : Une douzaine. François*, ancien délégué syndical à SUD, aujourd’hui passé de projectionniste à agent polyvalent n’est pas étonné que la mobilsation ait été si faible. Lui ne serait pas descendu dans la rue :

    « Aujourd’hui, tout le monde peut projeter des films. Avec une semaine de formation, il est facile de diffuser un film dans une salle même avec un smartphone. Tout peut se faire à distance maintenant… »

    L’ancien projectionniste conseille à ses collègues de se diriger vers une profession liée à la technique du son et de l’image plutôt que de lutter contre un changement inévitable.

    « C’est la mort d’un métier. On s’y attendait mais je ne pensais pas la voir de mon vivant. »

    Eric ne veut pas devenir agent polyvalent

    C’est la mort d’un métier. On s’y attendait mais je ne pensais pas la voir de mon vivant

    *Le prénom a été modifié

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