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    16/04/2013

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    E-learning, cours en anglais, quotas : La réforme des universités au scalpel

    Par Robin D'Angelo

    Lundi, l'émission de radio de StreetPress et Radio Campus Paris recevait Antoine Diers, président du MeT, le syndicat des étudiants de droite, et Julien Blanchet boss de la Fage, pour parler du projet de loi Fioraso sur l'université.

    C’est un serpent de mer : la réforme des universités. Au tour de Geneviève Fioraso, la ministre de l’enseignement supérieur de François Hollande, de s’y attaquer. Le 19 mars dernier, elle a présenté son projet de loi. Dedans, 20 mesures phares censées « dépoussiérer l’université », parmi lesquels la possibilité pour les universités de donner des cours en anglais, l’orientation des bac pro, via des quotas, vers les BTS et les IUT ou encore la création de « communauté d’universités », académie par académie.

    Pour en parler Antoine Viers , président du MeT , le syndicat des étudiants de droite, pour qui ce projet de loi est « bidon. » Face à lui, Julien Blanchet , président de la Fage, organisation étudiante qui a porté plusieurs propositions du projet de loi Fioraso.

    Retrouvez le podcast de l’émission


    Julien Blanchet – 25 ans – Président de la Fage

    1 Inciter les bac pro à aller en IUT ou en BTS

    « Pour la 1er fois dans notre pays, on a de moins en moins d’étudiants issus des classes populaires à l’université. Il y a un recul de la démocratisation dans l’enseignement supérieur. Il faut apporter des réponses. Et ce qu’il y a dans le projet de loi, de dire que les IUT par exemple, c’est une formation universitaire faite pour accueillir plutôt des élèves de bac pro, c’est une proposition qu’a porté la Fage.

    Mais on n’est pas pour autant pour qu’il y ait des quotas d’étudiants issus de bac pro en IUT et BTS, comme le propose Geneviève Fioraso. La sélection à la fac, pour soi-disant remettre chacun à sa place, est une mauvaise réponse. Plus la sélection est tôt, plus la sélection est sociale : toutes les études le montrent. »

    2 Bientôt des cours en anglais

    « Des cours en anglais, on y est favorable. P*our faire la promotion du français à l’étranger, il faut être capable de dialoguer dans une autre langue.* Et c’est l’anglais qui est le plus parlé dans le monde. Savoir parler anglais permettra de faire la promo du français partout dans le monde. C’est aussi donner les chances à chacun dès le début de ses études d’avoir des compétences en anglais, plutôt qu’à la fin, ou la sélection là-dessus se fait en master »

    3 La généralisation du e-learning

    « Le e-learning ce n’est pas du bidon. Mais ça ne peut pas être la réponse unique. C’est là où j’ai un problème avec ce texte qui en fait un peu la solution à la réforme de la pédagogie. C’est de l’affichage. Mais le e-learning c’est très bien. Par contre il faut mettre les moyens derrière. Si on met du e-learning sans former les enseignants pour qu’ils sachent l’utiliser, ça ne fonctionnera pas. On le voit déjà avec les vidéoprojecteurs, des choses simples que les enseignants n’utilisent pas. »

    4 Diffuser les taux d’insertion professionnelle, fac par fac

    « Je ne sais pas si ce sont des idées de droite ou de gauche mais la diffusion des taux d’insertion de chaque université, c’est quelque chose qu’on prône. Former des salariés à la fac, ce ne doit pas être occulté. C’est une certitude. Pendant longtemps, on a occulté l’insertion professionnelle. Ce doit être au cœur de nos établissements d’enseignements supérieurs. L’émulation, qu’il y en ait dans les universités : c’est ce qui développe l’esprit critique. »

    Le e-learning ce n’est pas du bidon

    Plus la sélection est tôt, plus la sélection est sociale

    Antoine Diers – 24 ans – Président du Mouvement des Etudiants

    1 Toujours pas de sélection à l’université

    « Il n’y a pas grand-chose à retenir de ce projet Fioraso… La sélection dans le projet de loi, on ne la voit pas. Nous on appelle à l’orientation active renforcée, qui est une forme de sélection. La vraie question c’est pourquoi on n’arrive pas à revaloriser les filières générales pour attirer les bac S qui préfèrent aller dans les IUT. Le problème n’est pas à l’IUT mais à l’université où il n’y a pas de sélection et d’attractivité. »

    2 Des stages mieux encadrés

    « Il y a une espèce de suspicion chez Geneviève Fioraso sur les stages qui seraient des endroits d’exploitation de l’étudiant. Et c’est largement entretenu par Génération précaire . Il y a de ça, un peu, par endroit. Mais c’est très loin d’être une généralité. On est embêté parce que le projet de loi prévoit d’encadrer extrêmement strictement les stages et d’interdire tout stage en dehors du cursus. Très bien, on veut limiter les conventions fantômes mais qu’est-ce qu’il se passe en réalité ? Si on interdit tout stage hors cursus, le bonhomme qui a foiré un 1er semestre et qui veut faire un stage de réorientation dans une autre discipline, il ne peut plus le faire ! Celui qui veut faire un stage transversal à l’heure des bi-licences, il ne peut plus le faire ! C’est Fioraso qui vit dans son petit monde de socialiste où les entreprises c’est méchant, où il faut encadrer les stages.
    (…)
    Aujourd’hui on a une tendance à vouloir que tout le monde poursuive ses études indéfiniment. On parle 80% d’une classe d’âge au bac, 50% d’une classe d’âge au niveau licence, bientôt il y aura des objectifs de master… Est-ce qu’on ne peut pas plutôt réfléchir en termesd’emploi ?! »

    3 Bientôt des cours en anglais

    « Je suis un amoureux du français et de la France. Je m’inquiète en termes d’identité. Mais au-delà de ça, Fioraso fait une erreur totale sur l’analyse de la situation. Quand un étudiant étranger vient en France, il y vient parce qu’il est issu de la francophonie. Ceux qui n’y viennent pas, c’est parce qu’ils préfèrent aller dans les universités anglo-saxonnes, qui ont une logique d’excellence. On résout le problème de l’attractivité des universités française en améliorant les diplômes, pas avec des cours en anglais. »

    4 La généralisation du e-learning

    « C’est une tarte à la crème de l’enseignement supérieur depuis des années. Dès qu’on fait un texte qu’on essaie de remplir, on nous dit que ça va être le grand changement. Que dalle ! C’est du bidon ! Qu’est-ce qu’on va faire de plus ? »

    Fioraso vit dans son petit monde de socialiste où les entreprises c’est méchant

    bqhidden. C’est une tarte à la crème de l’enseignement supérieur

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