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    27/09/2011

    Vladimir Poutine a annoncé qu'il serait candidat pour un troisième mandat

    Poutine 2024 ?

    Par Macha Sarfati

    Depuis Moscou, StreetPress décrypte l'annonce par l'ancien président russe de sa candidature pour 2012 : Vladimir Poutine deviendra-t-il le président à vie de la Russie ? Sur Facebook, les Internautes vannent les ambitions de « Poutine 2024 ».

    Moscou (RUSSIE) – Samedi, lors d’un congrès du parti au pouvoir Russie Unie, Vladimir Poutine, ancien président pendant deux mandats successifs et actuel Premier ministre, a annoncé qu’il serait candidat à la présidence russe lors du scrutin de mars 2012. Il a proposé que Dmitri Medvedev, l’actuel président, devienne alors son Premier ministre. Vladimir Poutine, qui a pour l’heure 58 ans, pourra à partir de 2012 cumuler deux mandats de président, puis redevenir Premier ministre, puis redevenir président, ce qui le mènerait jusqu’en 2024. A condition qu’il soit élu naturellement, et si possible sans trop de triche, mais a priori, ce ne sera pas un problème.

    1 Poutine à nouveau président : Est-ce que ça fait marrer les Russes ?

    Depuis qu’ils ont entendu leur Premier ministre leur annoncer qu’il aimerait redevenir président, les Russes rigolent, sur Internet ou dans leurs cuisines (il n’y a pas ici de grande culture du bistro). Sur Facebook, on s’échange des posters représentant un Poutine vieilli, squelettique, toujours président de la Russie en 2024, bardé de médailles comme l’était autrefois le décati Léonid Brejnev, dirigeant de l’Union Soviétique pendant une vingtaine d’années, contre des affiches à double-face, spéciales président-Premier-ministre, facilement réutilisables, et qu’on se propose pour rire d’utiliser dans les mairies à l’avenir.

    Depuis l’annonce de Poutine, les Russes rigolent sur Internet ou dans leurs cuisines

    2 Les Russes croient-ils en Poutine ?

    Culte de la personnalité, certainement pas. Les Russes accueillent sans surprise le retour au Kremlin de celui qui n’a jamais cessé, depuis son poste de chef du gouvernement, d’être considéré comme le leader national, mais pour autant, on ne croit plus en lui comme au début des années 2000, et la critique, du moment tout de même qu’elle n’est pas émise sur les chaînes principales de télévision, est permise. Toutefois, en Russie, l’idée est répandue selon laquelle le pays a besoin d’un homme fort. Le parti de Vladimir Vladimirovitch, comme on l’appelle ici, Russie Unie, est certes surnommé de Moscou à Vladivostok « le parti des escrocs et des voleurs » par une population qui rit nonchalamment de se voir imposer à longueur de journaux télévisés les deux faces du tandem Président-Premier ministre, et qui rit moins de constater chaque jour à quel point le pays vit dans une corruption généralisée. Mais sinon Poutine, qui d’autre ?

    3 Existe-t-il une alternative crédible à Poutine ?

    Dans les faits, il existe un parti communiste, un parti nationaliste, et quelques partis démocratiques qui participent aux élections. Par ailleurs, des mouvements ultra-nationalistes ou démocrates ou divers, interdits ou quasi-inconnus, rassemblent quelques adhérents.

    En réalité, ce serait une erreur que de chercher en Russie une dissidence, littéraire ou politique, qui se révèle l’héritière de la dissidence soviétique, ou encore une opposition partisane forte, à la française ; ce serait plaquer nos habitudes occidentales sur un pays en bien des points différents. Il existe bien une petite opposition politique, mais elle est extrêmement faible et inaudible.

    Surtout, l’opposition est drôlement hétérogène et pourtant, si elle ne parvient pas à s’unir, c’est plutôt par manque d’énergie rassembleuse que par refus de mélanger les idéologies. En effet, dans le monde de l’opposition politique russe, les ultra-nationalistes et les socio-démocrates dialoguent sans scrupule. Kasparov le libéral et Limonov le national-bolchévique (son titre en dit long) font tribune commune en 2006, lorsqu’ils créent un parti de peu de succès, l’Autre Russie. Autre exemple, l’année dernière, quelques pas devant les représentants des partis extrémistes « Contre l’immigration illégale » ou « Force Slave », interdit, ( dont les initiales sont SS en russe), Sergueï Mitrokhine, le chef de la section moscovite de Labloko, le principal parti démocrate aujourd’hui, n’hésite pas à se recueillir de manière très symbolique sur la tombe du supporter du Spartak tué dans une rixe entre jeunes Russes slaves et caucasiens, et dont la mort a lancé en décembre 2010 une vague de manifestations nationalistes. Impossible de dessiner les contours de cette opposition floue, sans identités politiques bien différenciées.

    4. Un printemps russe est-il possible ?

    Toutefois, de nombreux politologues russes – et leaders de mouvements plus ou moins obscurs – s’accordent pour prédire un soulèvement en cas de grave détérioration des conditions économiques. Le pays s’habitue à vivre dans une sécurité et un confort qui lui ont cruellement fait défaut dans les années 1990. Une véritable classe moyenne est en train de se créer. Si son mode de vie devait brutalement chuter, elle pourrait, non pas forcément se révolter, mais exprimer son mécontentement : par des troubles, par son vote, par des actions au jour le jour – de façon telle qu’un changement au sommet deviendrait incontournable.

    La situation pourrait alors profiter, à la tête du pays, à un homme politique, peut-être déjà présent dans les rangs, qui se montrerait suffisamment astucieux pour écarter Poutine.

    Ca vanne sur Facebook :


    « Les technocrates et les gouverneurs de région se demandent que faire: Inverser les panneaux? Faire une copie de l’avant-dernier? Suspendre une nouvelle photographie vieillie? »


    La recette de l’alternance à la russe : « chauve, chevelu, chauve, chevelu, chauve, chevelu… »

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