Le Doc : « Je suis comme Depardieu, la gauche me casse les couilles »

C’est dans une maternité catholique du 15e arrondissement que l’on a retrouvé la trace du pédiatre Christian Spitz – AKA « le Doc » sur Fun Radio tout au long des années 1990. Statuettes de la vierge Marie, bonnes sœurs en vadrouille, prospectus pour des manifestations catholiques : « le Doc » sans Difool semble comme un poisson dans l’eau (bénite) dans le décor de son petit hôpital. Car c’est un Doc remonté contre la pornographie et qui dénonce « les avortements imposés », que StreetPress découvre. Des positions pas forcément raccord avec son image d’animateur libertaire sur Fun Radio. D’ailleurs, aucune chance de le revoir avec Difool : « Il est dans un monde bien à lui, soumis à son mentor – gourou Pierre Bellanger ». Ambiance…

Est-il possible d’attraper une infection simplement en reniflant le vagin d’une fille ?

Ah non ! Ça, ce n’est jamais arrivé ! Aucun type d’infection ! Mis à part tomber dans les pommes, il ne peut rien vous arriver.

J’ai lu ça sur Doctissimo. Vous répondez parfois aux internautes sur Doctissimo ?

Non, jamais. D’ailleurs c’est un site que je ne trouve pas particulièrement terrible. Je pense qu’il y a d’autres choses à faire dans le domaine.

Avec Internet, une émission comme Lovin’ Fun, elle aurait encore une raison d’être aujourd’hui ?

Ah oui ! Largement. Je rencontre énormément de jeunes parents qui me disent que c’était important pour eux. Ce n’était pas quelque chose qui faisait uniquement rire. On apportait des réponses. Et ça manque beaucoup. Maintenant on a ce genre d’émissions mais uniquement pour déconner. Je suis quelques fois choqué : Sur SkyRock ou Fun Radio j’ai entendu une émission où ils se moquaient d’une anorexique. Et en disant des conneries en plus. L’auditeur n’est plus au centre et devient objet de rigolade.

Qu’est-ce qu’il manque dans les médias en offre sexo ?

Lovin Fun, ce n’était pas que de la sexualité. C’était beaucoup plus global. Les émissions qui parlent de sexologie, c’est chiant et ennuyeux au possible. Ça s’adresse aux quadras ou aux quinquas qui n’ont toujours pas pris leur pied. C’est très emmerdant pour eux, mais franchement… On a mis Brigitte Lahaie, ex-star du porno, qui devient sexologue. Pourquoi pas, mais ça reste très superficiel. Les bons sexologues sont d’abord de bons thérapeutes. Ramener la sexualité à une technique a quelque chose de terrifiant.

Vous êtes un fervent partisan d’un contrôle stricte de la pornographie. Ça peut étonner, de la part de l’animateur de Lovin Fun…

C’est très simple. Il y a un tsunami pornographique. Je suis abasourdi par l’avalanche de pornographie. C’est absolument terrifiant. Ça montre une image de la sexualité qui n’est pas la réalité, beaucoup trop axée sur la sexualité marginale comme les pratiques en groupe ou le SM. Si on fait les comptes des sado-maso en France, il y en a p’tet 2.000 ! Brigitte Lahaie va vous raconter qu’il y a du SM light, mais ça n’existe pas le SM light ! Ca termine toujours mal, le SM, avec des blessures sévères ! Ce sont des pratiques dangereuses où l’individu n’est pas respecté. La pornographie laisse passer ça en filigrane. Quand c’est un garçon de 12 ans qui regarde, je trouve que c’est une découverte bien violente de la sexualité.

« H » le magazine des jeunes médecins est le nouveau magazine de l’Isni, l’InterSyndicat National des Internes (ISNI).

L’ISNI a confié à StreetPress la réalisation du magazine « H » qui mêle actualité médicale, reportages de société et contenus lifestyle, à destination des jeunes médecins.

Pour en savoir plus et feuilleter le magazine, “c’est par ici.

Vous préconisez l’interdiction totale des sites X, comme ce qu’a fait un député anglais ?

C’est impossible. Mais je pense qu’il y a un âge où il faut vraiment interdire ça : 15 ans , la limite des rapports sexuels dans la loi. Je pense aussi, puisqu’il y a des cours d’éducation à la sexualité à l’école, qu’il faudrait dire ce qu’est un film pornographique. Que quand on éjacule des tonnes, c’est du lait Nestlé. Que c’est un enfer pour ceux qui les tournent. Les acteurs mettent des compresses autour du sexe parce qu’ils n’en peuvent plus ! Ce sont des heures et des heures de tournage. Il faut leur rentrer dans le lard.

Est-ce que vous avez eu une étiquette dans les médias – si ce n’est d’homme de gauche – de libertaire qui ne vous correspondait pas ?

Oui c’est possible. Moi je suis comme Depardieu. La gauche me casse les couilles. C’est une bande de bourgeois nantis qui expliquent ce qu’est la pauvreté mais ils n’en savent rien du tout. Ils n’ont jamais rien trouvé comme solution et font la morale à tout le monde. Avec Cahuzac on est mort de rire. A gauche, il y a eu des gens qui avaient intérêt à ce qu’il y ait une pseudo-liberté sexuelle. Moi la liberté sexuelle, je suis d’accord tant que tout le monde est consentant. Or quand on parle d’enfants de moins de 15 ans et de porno, sont-ils consentants ?

Vous avez aussi regretté, dans une lettre à la fondation Lejeune, qu’à propos de l’avortement, « les médecins pratiquent une information unidirectionnelle, violente et péremptoire »

Dans un certains nombres de cas, on ne respecte pas les gens. Quand une maman porte un enfant qui a une malformation, on lui dit « vous avortez ». Ces femmes qui disent « non » sont éminemment respectables. C’est inadmissible qu’on impose aux gens d’avorter sous prétexte que l’enfant n’est pas conforme. Que la loi permette ça, soit, mais qu’on ne laisse pas aux gens le choix de réfléchir, c’est terrifiant. C’est pour ça qu’on en a beaucoup récupérés dans cette maternité, qui est une maternité catholique où on a beaucoup de respect. En termes d’éthique, un projet de vie d’une heure, c’est aussi valable qu’un projet de vie de 90 ans. Il faut savoir respecter ça.  

Je ne m’attendais pas à ce discours. Vous vous reteniez à l’époque de Lovin Fun ?

J’aurais tenu ce discours là, mais ça ne s’y prêtait pas. Ce courant pseudo-moderne où il faut être dans le ton… C’est comme le mariage pour les homosexuels… La vraie question c’est la PMA ! Les mères porteuses, quid ? Après que des gens se marient, bon. Mais il y a un peu un terrorisme de la pensée unique. On ne peut pas avoir d’avis différent sinon on se fait traiter de facho ! Je ne suis pas facho, c’est ridicule !

Vous avez souffert de votre caricature ? Celle d’un libidineux ?

Ah oui ! De Caunes et Garcia ça allait. Ils n’étaient pas spécialement méchant. Mais y’a encore un an ou deux, il y a cet espèce de crétin, Nagui, qui demandait à une invitée dans un quizz sur les animateurs radio « Lequel a augmenté le taux de sodomie ? » Et c’était moi ! C’est d’une connerie ! D’une bêtise ! C’est justement le contraire. Un sociologue qui avait remis au CSA un rapport sur Lovin Fun expliquait que je permettais aux filles de dire non quand elles n’avaient pas envie.

Quand on éjacule des tonnes, c’est du lait Nestlé

Il y a cet espèce de crétin, Nagui…

Vous êtes catho ?

Je ne me revendique pas comme tel. Je suis pour le respect des religieux. Or on est dans une crise d’idéal, de civilisation. L’idéal religieux est mis à mal. Les salafistes prennent de plus en plus de place, et ça, ça m’inquiète. J’ai vu des reportages en banlieue où ils disent « on va tous vous convertir ». Ils savent très bien qu’il y a un vide spirituel, ils en profitent. Les islamistes ont compris qu’il y avait quelque chose à conquérir. Cela dit, on s’aperçoit que quand il y a l’élection du pape, il y a un engouement terrible. C’est positif, il représente de vraies valeurs. Beaucoup de gens s’y retrouvent. C’est un jésuite, et les jésuites sont très forts pour amener les gens à eux sans jamais les froisser. Comme quoi, il y a là quelque chose. Devant ça, on ne peut pas être dans cette position anticléricale de mec de gauche. Ils sont quand mêmes assez stupides.

On vous sent quand même inquiet…

La majorité de la population va très bien, mais il y a une frange qui gêne, dont on ne sait pas quoi faire. Ils ne comprennent rien et ne sont pas capables d’exprimer ce qu’ils ressentent. Tout ça se traduit par une émergence de violence. Ils n’accèdent pas au langage : « Wesh, comment tu m’as parlé toi ? » C’est le sketch d’Elie Semoun du jeune de banlieue. C’est terrifiant. C’est un échec de la République et de l’école laïque. On est comme des imbéciles à constater les dégâts.

Marine Le Pen ?

Marine Le Pen m’inquiète plutôt qu’elle ne me rassure.

Vous revoyez Difool ?

Non. Je pense qu’il n’a pas envie de me revoir. Il est dans un monde bien à lui. Probablement que pendant Lovin Fun, j’étais une personnalité un peu écrasante pour lui. Il avait besoin de prendre sa liberté. J’avais poussé d’ailleurs pour qu’il fasse une émission en dehors de Lovin Fun. Je n’étais plus là et c’était la grande déconnade. Ils n’attendaient que ça en fait. C’est évident. J’étais visé. Pourtant ils cherchaient à refaire ce que je faisais moi.

Vous étiez amis à l’époque ?

Oui mais c’est un garçon très fragile. Il a trouvé une sorte de mentor-gourou qui est Pierre Bellanger. J’ai vaguement vu une photo de lui il n’y a pas longtemps, et il y a un mimétisme avec Bellanger qui est terrifiant. Mais ça ne m’étonne pas de lui.

J’ai vu des reportages en banlieue où ils disent « on va tous vous convertir »

Wesh, comment tu m’as parlé toi ?

Fun Radio vous a vidé ?

Complètement. Je peux vous raconter une anecdote très parlante : Le nouveau PDG de Fun Radio, Axel Duroux, m’a dit : « écoutez Christian, vous avez une très jolie voix, il faut que vous présentiez de la musique. » Je lui ai dit: « On va s’arrêter là. » Voyez comment on fait taire quelqu’un ! Tu vas faire une émission, tu vas présenter la musique ! Tu vas fermer ta gueule !  

Vous aimeriez revenir dans les médias ?

Ce n’est pas une priorité. J’ai beaucoup, beaucoup de travail.

Vos patients aujourd’hui, ils vous reconnaissent ?

Ça m’arrive. Je signe quelques autographes sur le carnet de santé  Ça les fait rire. Mais je ne pense pas qu’ils viennent pour ça.

bqhidden. Voyez comment on fait taire quelqu’un! Tu vas faire une émission, tu vas présenter la musique !