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    10/11/2011

    Partie 2: Rap français, Joeystarr et les maitresses d'école

    Sefyu: « C'est toujours le dépucelage qui est marquant »

    Par Etienne Gin

    Pourquoi Sefyu ne fera pas de feat avec Booba ? « C'est le feeling que je recherche plutôt que le gros featuring ». Après la politique mister Molotov parle hip-hop. Où l'on apprend que « Seth Gueko amène un vrai truc au rap français. »

    Maintenant que tu as « ton public », as-tu « la vie qui va avec » ?

    On va dire que j’ai la sérénité qui va avec. La sérénité et l’assurance font que je suis plus en accord avec moi-même. Je sais surtout un peu mieux ce que je suis, du fait d’avoir essayé différentes expériences. Quand tu connais une ascension, il faut garder sa tête sur les épaules pour ne pas dérailler. En l’occurrence, je me dis qu’il me reste encore beaucoup de boulot. Donc je suis un vrai compétiteur au final !

    Mais depuis le succès de « Qui suis-je ? », le regard des gens a-t-il beaucoup changé ta vie ?

    Oui, ça motive. Je prends beaucoup en considération l’avis des gens vu que j’ai énormément de proximité avec le public. Je n’hésite pas à laisser mon numéro aux gens qui souhaitent discuter. Je l’ai fait sur des rencontres et des débats autour de sujets très importants comme le racisme ou de l’identité nationale.

    Avec ce troisième album, te considères-tu comme un poids lourd du rap français ?

    On n’est jamais vraiment un poids lourd. Des fois on passe de poids lourd à poids plume ! Faut toujours continuer à travailler, c’est ce qui permet d’avoir un statut. Il y a encore beaucoup de boulot, donc le meilleur reste à venir…

    Turbo – Sefyu

    Je n’hésite pas à laisser mon numéro aux gens qui souhaitent discuter

    Pourquoi avoir fait attendre plus d’un an après avoir balancé les singles « Undercova » et « L’allumeur de mèche », qui ne sont finalement pas sur l’album ?

    Ce sont des titres sortis pour rafraichir l’actualité, c’était du contenu en attendant de finir l’album. En fait, on était dans une période de négociations de contrats. Comme je voulais travailler cet album dans une bonne atmosphère, je me suis mis en retrait avec le studio, en attente de régler ces histoires. A partir de là, j’ai pris plus de recul pour ce disque. Cela m’a permis également de régler des petites histoires familiales.

    Que réponds-tu à ceux qui disent que Sefyu c’était mieux avant ?

    De toute façon, on aime toujours ce qui s’est passé avant. Même moi, j’aime aujourd’hui le football d’avant. On sera toujours des fans des premiers instants : les premiers jours, les premiers amours, les premiers gestes… C’est ces symboles là qui touchent les gens. C’est toujours le dépucelage qui est marquant. Quand on est petit, on voit les choses en grand. On imagine toujours que la maitresse était trop belle ! Donc on est tous nostalgiques. Comme cette idée que le rap c’était mieux avant aussi…

    Si on te propose de faire une collaboration pour le prochain album de David Guetta. Tu y vas ?

    Oui, mais ça dépend si l’osmose est bonne. En fait, c’est la musique qui parle. Si le son et la thématique sont bonnes, j’y vais.

    Penses-tu que le rap français engagé existe encore ?

    Non c’est vrai, le rap n’est plus trop engagé maintenant…

    On a l’impression que beaucoup de rappeurs sont prêts à faire des morceaux « dancefloor » pour vendre plus de disques

    Je pense qu’aujourd’hui, oui ! Mais cette tendance a toujours existé : il y a bien eu « Je danse le mia » d’IAM qui était dancefloor pour l’époque, même si c’était un très bon morceau. Après je ne juge pas ce qui sort, que l’on aime ou que l’on n’aime pas cette tendance, sur la forme ça fait danser. Musicalement, le rap français d’aujourd’hui copie le rap américain. Mais dans le rap américain, ils peuvent dire « motherfucker » sur un morceau qui bouge et ça passera en radio et en télé. Et toi si tu le dis, tu es censuré. Donc quelque part on a la même intention musicale, mais avec des paroles très légères. Eux ont souvent des paroles très dures.

    Tu t’es fait connaitre sur l’album « La fierté des nôtres » de Rohff (Code 187) puis sur « Patate de forain » avec Seth Gueko. Que penses-tu de l’évolution de ces deux rappeurs ?

    Quand je suis arrivé dans le rap, Rohff était déjà bien installé. C’est quelqu’un avec qui je parle bien. Quand on a l’occasion de se voir, il me donne des conseils par rapport à des titres ou à mon image. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’idées. Quand à Seth Gueko, il amène un vrai truc au rap français.

    93 oblige, tu es assez proche de Joeystarr. Ton avis sur son nouvel album ?

    J’ai bien aimé l’album, même si tout le monde ne partage pas mon avis. Joeystarr c’est quelqu’un de très intelligent pour le hip-hop. Musicalement il est très fort mais il est très négligeant pour lui-même. En fait, il ne prend pas assez de temps pour lui car il en donne beaucoup aux autres.

    On a la même intention musicale que les Américains, mais avec des paroles très légères

    Comme tu es sur le même label que Booba, une collaboration future avec lui serait-elle possible ?

    Dans la musique, tout est possible, mais c’est une histoire de feeling ! Même avec un artiste moyen, si on a un bon état esprit et de bonnes idées, ça peut faire un très bon morceau. Avec Seth Gueko à l’époque, on était deux artistes de la génération émergente, et ça a fait un très bon titre. Ce morceau était une belle alchimie ! Donc c’est le feeling que je recherche plutôt que le gros featuring.

    Pour finir : où en est ton groupe NCC (Natural Court Circuit) et le collectif G-8 ? Il y aura des projets prochainement ?

    NCC est toujours d’actualité. Je pense qu’on envisage de travailler sur un projet, vu qu’on commence à enregistrer des titres… Parmi le G8, Kuamen travaille sur son solo, il fait du pop-rock-rap et Baba m’accompagne sur scène.

    bqhidden. Je sais surtout un peu mieux ce que je suis, du fait d’avoir essayé différentes expériences

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