04/04/2014

La vague bleue Marine vue par Rivarol, Minute et l'Action Française

Le pire de la presse d'extrême droite, spéciale municipales

Par Robin D'Angelo

Les scores du Front National aux municipales divisent l'extrême droite : si Minute est enthousiaste, Rivarol s'en prend aux invertis du FN. L'Action Française fête, elle, l'élection de 5 royalistes dans des conseils municipaux. Champagne !

L’article le plus Kiss Kiss Bank Bank est à lire dans le courrier des lecteurs de Rivarol. Yvan Benedetti, candidat aux municipales à Vénissieux (69), lance une campagne de crowdfunding dans les colonnes du journal pour boucler ses comptes de campagne :

« Tout combat a un coût. Aussi nous avons besoin de l’aide de tous. »

Avec sa liste « Vénissieux fait Front », Yvan Benedetti a réalisé la plus belle perf’ de l’extrême droite radicale avec 10,5% des voix au second tour. Un score qui lui permet d’obtenir 2 conseillers municipaux dans la ville.

Dans Rivarol, Benedetti se vante d’avoir « infligé une formidable quenelle à la tyrannie socialiste qui pensait nous avoir fait disparaître après les dissolutions ». Une quenelle infligée aussi au Front National :

« Nous avons prouvé que nous pouvons faire aussi bien, voire mieux, que le Rassemblement Bleu Marine, sans nous renier, ni trahir notre idéal. »

Pour rappel, Yvan Benedetti était le boss du groupuscule pétainiste L’ Œuvre Française, dissout par décret après le meurtre de Clément Méric. Il a été exclu du Front National en 2011 pour s’être déclaré « antisémite ».

L’article le plus 3e République est à lire dans l’Action Française qui se réjouit de l’élection de 5 candidats royalistes dans des conseils municipaux. Les heureux élus sont tous affiliés à l’Alliance Royale, une formation politique montée pour participer aux élections. Certains sont aussi labellisés Rassemblement Bleu Marine, comme Thibaut Brière Saunier à Chartres.

L’Action Française profite de cette bonne nouvelle pour se moquer d’un ancien royaliste qui a tourné casaque en se présentant en 2014 sous étiquette UMP Cédric Tartaud-Gineste était candidat à Alfortville. Mais pas de bol pour lui, son passé monarchiste a été opportunément outé quand une interview qu’il avait donnée à l’AF a resurgi dans la presse. Les royalistes sont d’humeur à chambrer :

«  Sans doute cet entretien n’était-il pour lui qu’un lointain souvenir. »

L’article le plus Ras l’Front est à lire en page 3 de Rivarol. « Hénin-Beaumont : tout ça pour ça ? » se demande Robert Spieler, une des plumes du canard pétainiste. Citation à l’appui, Robert Spieler s’amuse que le nouveau maire FN de la ville Steeve Briois ait fait part dans la presse de son intention de marier les couples homosexuels :

« Si c’est pour faire la même politique que les autres et appliquer des lois gravement immorales, à quoi cela sert-il de voter FN ? »

Depuis la prise de pouvoir de Marine Le Pen, Rivarol attaque à chaque numéro le Front National dont il moque la dédiabolisation. Une de leurs cibles : l’action d’un supposé « lobby inverti » à l’intérieur du parti. Spieler de rappeler dans sa brève la supposée orientation sexuelle de Steeve Briois.

Hénin-Beaumont : tout ça pour ça ?


Couv’ – Les « Unes » de la semaine

L’analyse la plus euphorique est à lire dans Minute. Le journaliste Pierre-Jean Rivière décrypte les scores du Front National et annonce la fin du « bipartisme à la française » au profit d’une « tripolarisation » de la vie politique :

« Le Front national a remporté lors de ces municipales une victoire qui peut l’imposer durablement dans le paysage politique. »

Minute voit plusieurs bonnes nouvelles pour le parti Marine Le Pen. D’abord l’émergence d’un « Front National local » avec l’élection de 1.546 conseillers municipaux et le maintien dans 328 communes au second tour :

« [Le FN] s’impose comme une nouvelle force locale. Ce qui est assez nouveau pour un parti très centralisé et qui n’a longtemps misé que sur les élections nationales »

Ensuite, le vote FN n’est plus « protestataire » mais est « clairement un vote d’adhésion ». Deux thèmes ont convaincus les électeurs pour Minute : « l’opposition à la politique d’immigration massive », qui a séduit principalement au Sud de la France et « un discours planificateur » – plus social – qui a marché dans les zones sinistrées :

« A Hayange, en Lorraine, l’ancien cégétiste Fabien Engelmann a été élu dans une région économiquement sinistrée où se trouvent les deux hauts-fourneaux de Florange. »

Cerise sur le gâteau pour Minute, « l’effondrement du Front Républicain » :

« La droite UMP-centriste, ne se sentant plus principalement menacée (…) a refusé de choisir entre ses adversaires. »

« L’hebdo politiquement incorrect » a la banane :

« Le Front national devrait en toute logique confirmer et améliorer largement sa victoire des municipales »

Le vote FN est clairement un vote d’adhésion

L’analyse la plus nuancée est à lire dans l’Action Française. Sous la plume de leur secrétaire général Olivier Perceval, les royalistes se réjouissent des scores du FN :

« Ne boudons pas notre plaisir. D’authentiques et d’honnêtes patriotes déclarés, fussent-ils républicains, se trouvent à la tête de 10 villes. »

Contrairement à Minute, l’Action Française ne croit pas à « la tripolarisation » de la vie politique mais prédit l’émergence de deux blocs. D’un côté, « les euros-mondialistes et libéraux-libertaires » autour du PS, de l’UMP, de l’UDI et du MoDem. De l’autre le FN et ses alliés qui incarnent un « protectionnisme étatique renforcé par un souverainisme politique et culturel. »

Mais l’Action Française se montre aussi critique. Les royalistes estiment que le FN « n’a cessé de mépriser » une partie de son électorat. Ils reprochent au parti de Marine Le Pen de n’avoir pas pris de position « claire » sur certaines questions essentielles comme « la défense de la famille française ». L’Action Française demande au Front National de « repenser sa stratégie » à l’égard de ses électeurs les plus conservateurs, sans qui il ne peut pas « passer à l’étape supérieure. »

bqhidden. D’authentiques et d’honnêtes patriotes déclarés, fussent-ils républicains