07/01/2015

Pegida, bientôt en France ?

Des islamophobes appellent au rassemblement en plein cœur de Paris

Par Robin D'Angelo

Devant le succès des manifestations anti-Islam en Allemagne, des associations tentent d’importer le mouvement. Dimanche 18 janvier, ils annoncent un rassemblement à Paris.

L’affiche du meeting pique les yeux. Elle annonce une manifestation anti-Islam en plein cœur de Paris. Dimanche 18 janvier, place de la Bourse dans le 2e arrondissement, les groupuscules Riposte Laïque et Résistance Républicaine appellent au rassemblement derrière le slogan « islamistes hors de France. »

Et pour battre le rappel, ils peuvent compter sur la Ligue de défense juive qui a appelé sur son site à manifester. L’essayiste Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement », sera lui aussi de la partie.

Les organisateurs sont des habitués des buzz islamophobes. En 2010, ils étaient déjà derrière « les apéros saucisson pinard » ou « les assises contre l’islamisation ». Joint par StreetPress pour en savoir plus sur ce nouveau coup, Pierre Cassen, le fondateur de Riposte Laïque, nous envoie bouler :

« Nous n’avons pas envie de répondre à vos questions. »

Surfer sur l’exemple allemand et les drames de décembre

Devant le Palais Brongniart, c’est bien une tentative d’importer le mouvement Pegida en France qui doit avoir lieu. Depuis plusieurs semaines en Allemagne, des milliers de personnes se réunissent dans les rues pour dénoncer une supposée « islamisation » du pays. Dans le communiqué qui annonce son rassemblement, Riposte Laïque s’enthousiasme pour ce « réveil » des consciences et cet esprit de « Reconquista » :

« [Leur] réussite interpelle, mais aussi stimule, tous les Français qui rêvent de voir un tel mouvement se concrétiser sur notre sol. »

Riposte Laïque explique aussi vouloir réagir aux agressions de Nantes et de Glasgow, bien que les deux drames n’aient aucun lien avec le terrorisme islamiste. Mais eux, y voient un complot :

« Ces soldats d’Allah sont tous présentés comme des déséquilibrés par ce régime et ses valets. »

L’événement est organisé par le couple Christine Tasin et Pierre Cassen, qui comptent parmi les principaux animateurs de la mouvance anti-Islam en France. Sur leur site, des billets attaquent le journaliste « islamo-fellateur » Claude Askolovitch ou demandent « l’interdiction du voile partout ». Pierre Cassen, ancien trotskyste, a été condamné en appel pour incitation à la haine envers les musulmans – il s’est pourvu en cassation. De son côté, Christine Tasin, passé par le MRC de Chevènement et Debout la République, se déclare ouvertement « islamophobe. »

Tu bluffes Martoni

L’affiche de la manif


L’affiche du rassemblement au Palais Brongniart est un appel du pied à Marine Le Pen : Elle reprend le logo des « cartons rouges » que la présidente du Front National distribuait pendant la campagne présidentielle de 2012.

Mais attention, la petite sauterie organisée par Riposte Laïque et ses copains pourrait tout aussi bien faire plouf. Ni le FN, ni le Siel – son parti-satellite – n’ont confirmé leur présence. De son côté, le Bloc Identitaire ne soutient que du bout des lèvres l’initiative. Joint par StreetPress, Fabrice Robert, le principal responsable du mouvement, n’est pas encore sûr de venir. Le Bloc Identitaire était pourtant jusqu’ici co-organisateur des principaux événements de Riposte Laïque, comme lors des apéros saucisson-pinard ou plus récemment une manif’ contre l’immigration. Fabrice Robert fait part de ses doutes quant au succès du rassemblement du 18 janvier :

« En France, l’islamisation est un sujet trop clivant pour faire descendre dans les rues. Ce n’est pas comme pour défendre la famille. Je ne crois pas à un Pegida à la française. »

Et Fabrice Robert de vanter la stratégie « d’agit-prop » de son mouvement – ils avaient occupé le chantier d’une mosquée à Poitiers – plus à même d’influencer les débats que les manifestations de rue de Riposte Laïque.

Sur le web nationaliste, ni les identitaires de Novopress, ni le Front National ou l’éditeur « anti-Islam » Jean Robin ne relaient l’événement. Joint par StreetPress, le ministère de l’Intérieur n’était pas en mesure de confirmer que la manifestation avait bien été déposée en préfecture.

Edit du 16/01/2015 : Selon nos confrères de Métro, la préfecture aurait décidé d’interdire le rassemblement.