Antoine T. comparaissait devant le tribunal pour incitation au viol, suite à une plainte du Collectif féministe contre le viol. Le 24 janvier 2019, il avait écrit une « blague » sur le GHB, la « drogue du violeur », sur une ardoise devant son bar.
Verdict
Antoine T., 46 ans et patron du bar Le Richelieu, a été relaxé ce mardi 5 novembre. L’accusation d’incitation à la commission d’un crime n’a pas été retenue. « Il est regrettable d’avoir une décision de relaxe », a réagi l’avocate du CFCV Sophie Soubiran au Parisien. Elle estime toutefois qu‘« avoir réussi à amener ce débat-là devant un tribunal est déjà en soi une petite victoire ».
Tribunal de Nanterre – « Deux ans après #MeToo, ce procès est symbolique. Peut-on encore rire du viol ? », interroge Marie-Noëlle Bas, présidente de l’association féministe Les chiennes de garde. Cheveux gris en carré, déterminée, elle est venue, comme une vingtaine d’autres femmes, soutenir le collectif féministe contre le viol (CFCV), ce mardi 1 octobre, devant le tribunal de Nanterre. Les militantes ont porté plainte en février 2019 contre un commerçant de Rueil-Malmaison (92) pour incitation au viol.
Si vous voulez un média qui donne la parole aux femmes, aidez-nous.
À l’époque, l’affaire fait grand bruit dans la presse et sur les réseaux sociaux. Antoine T., 46 ans et patron du bar Le Richelieu, a l’habitude d’afficher une pancarte devant son établissement avec « une blague », comme il le dit, partagée ensuite sur Facebook. En janvier dernier, il écrivait sur sa fameuse ardoise :
« Mon secret séduction… Gentillesse, humour, bagout. Si ça ne marche pas ? Je me contente des premières lettres. »
Les premières lettres ? GHB, la « drogue du violeur ». Un humour douteux et sexiste, selon le collectif féministe, qui réclame 4.000 € de dommages et intérêts.
« Une femme sur dix a été violée dans sa vie »
« Comment justifier des propos pareils ? », soupire une femme sur un banc, dans le public. « J’étais très choquée en voyant l’ardoise. Une femme sur dix a été violée dans sa vie », explique encore sous le coup de l’émotion Maël G (1).. Sur Twitter, il a dénoncé avec d’autres femmes la pancarte. Ensemble, elles ont demandé son retrait et ont interpellé le maire de la ville. Debout à la barre, Antoine T. a du mal à se faire entendre. Le micro ne fonctionne pas, mais tout le monde tend l’oreille :
« J’ai enlevé l’ardoise vers midi, et le maire m’a demandé d’arrêter les messages polémiques. Je n’ai jamais pensé que ça pourrait choquer… »
Le restaurateur alterne ensuite entre deux défenses. La première : le message se voulait préventif, pour « dire aux femmes de faire attention, qu’un homme peut en cacher un autre quand il n’arrive pas à les séduire naturellement ». La seconde : c’était juste une « blague de mauvais goût » qui a pris des proportions énormes.
StreetPress est un média indépendant qui raconte le monde depuis 10 ans. Chaque mois plus de 2 millions de personnes nous suivent. Pourtant aujourd’hui notre média risque de disparaître. Aidez-nous à continuer.