20/01/2011

Critique Théâtre: Le temps et la chambre de Botho Strauss

Par Armelle de Rocquigny

Alors que la solitude vient d'être reconnue comme Grande Cause nationale 2011, la pièce de Botho Strauss, qui raconte l'entrecroisement et l'abandon de plusieurs personnages, tombe à pic. Mais faites vite, la pièce se joue jusqu'au

Salle comble pour la première de la pièce “Le temps et la chambre” au Théâtre de l’Opprimé ce 19 janvier. Botho Strauss, l’auteur, s’est illustré par ses fresques sur la solitude et les situations d’incommunicabilité. Et c’est bien le sujet ici.

Manque de communication

Deux hommes, Olaf et Julius, passent leurs journées à contempler la rue, les passants et les travailleurs avec pour seule activité le commentaire monocorde de ce spectacle : « Les sapins de Noël sont encore sur les trottoirs en février, les filles se regardent dans les vitrines et arrangent machinalement leurs cheveux… ». Aucune émotion, aucune lueur dans le regard, une simple description vide de tout sentiment animent leur tirade. Mais lorsqu’ils taillent un costume à une jeune fille à la jupe un peu courte, celle-ci vient sonner à la porte de chez eux, s’offusquant d’un tel mépris, sans fondement.

La solitude de l’Homme

A partir de ce moment-là, leur appartement devient le passage de plusieurs personnages qui se rencontrent, se séparent, s’aiment ou ne se comprennent pas. Avec tous, un point en commun : une profonde solitude. De scène en scène, sans aucun lien logique, les histoires se succèdent avec une foule de doutes et de regrets : « J’aurai dû m’exposer à 10 000 fois plus de déceptions. Alors que je n’ai mené ma vie que jusqu’à l’extrême limite de la prudence », « encore une rencontre dénuée d’amour et je laisse tomber »,« avec les sportifs, j’ai couru, avec les buveurs j’ai bu et il n’est rien resté », « depuis combien de temps n’avons-nous pas dit : On devrait, il faudrait… les idées sont craintives ».

La vie désorientée de notre société

Le début peut surprendre. On est loin d’un schéma classique avec des personnages identifiés et une histoire bien ficelée. On navigue entre les anecdotes, bercés néanmoins par un fil conducteur : le rapport à l’autre et l’enfermement. Botho Strauss qui a reçu en 1989 le prix Georg-Büchner (la plus haute distinction littéraire en Allemagne) pour être “parvenu à transposer sur scène la vie désorientée de notre société” a bien mérité sa récompense. Le temps et la chambre évoque bel et bien cette solitude et ce besoin d’amour des êtres perdus dans une ville qui les dépasse.

Le temps et la chambre de Botho Strauss mis en scène par Marie-Christine Mazzola assistée par Clémence Laboureau, au Théâtre de l’Opprimé. Pièce proposée par La Charmante Compagnie
Comment s’y rendre: 78-80, rue du Charolais – 75012 Paris, métro Montgallet ou Bercy
Durée: 1h30
Prix à la minute: 0,17 centimes pour les pleins tarifs et 0,13 centimes pour les demi-tarifs
Quand: Du 19 au 23 janvier 2011, du mercredi au samedi à 20h30 et le dimanche à 17h