18/02/2010

Procès : injures homophobes, menaces de mort et cocktail Molotov

Par Armelle de Rocquigny

Aujourd'hui, le procès de cinq jeunes accusés de menaces de mort envers un homosexuel va être renvoyé pour vice de procédure. L'incident a eu lieu en juillet 2006 et les parties attendent toujours que l'affaire soit jugée.

Le procès de l’agression d’un homosexuel reporté

Le tribunal correctionnel de Créteil va de nouveau renvoyer le dossier impliquant sept jeunes hommes poursuivis pour l’agression d’un homosexuel à Ivry-sur-Seine, en juillet 2006. Après une demande « d’investigation supplémentaire » en septembre 2006, cette fois-ci, le tribunal va renvoyer le dossier pour vice de procédure du parquet.

Un cocktail Molotov balancé dans l’appartement

Cinq des sept jeunes hommes, âgés de 20 à 30 ans, devaient comparaître devant le tribunal demain pour injures publiques à caractère homophobe et menaces de mort en raison de l’orientation sexuelle. Un soir, les deux victimes, Nicolas Baudoin et Laurent Concourdel, demandent aux jeunes de baisser le son d’un poste de musique sous leurs fenêtres. Le lendemain, Nicolas se fait agresser, son ordinateur est détruit, son appartement retourné. L’explication des agresseurs est sans ambigüité : « Allez-vous faire brûler sales pédales ». Plus tard, un cocktail Molotov est balancé dans l’appartement. Les deux hommes sont contraints de déménager.

« Allez-vous faire brûler sales pédales »

« Aucun des prévenus ne reconnaît les faits »

SOS Homophobie, partie civile

« SOS Homophobie se porte peu partie civile, explique Bartholomé Girard de SOS Homophobie. On le fait une à deux fois par an quand ce sont des affaires qui ont une valeur d’exemplarité. Il s’agit de montrer la violence et le degré que ça peut atteindre. » Et dans ce cas là, l’important est de montrer le caractère aggravant des actes ou injures homophobes. « L’homophobie est considérée comme un caractère aggravant, au même titre que le racisme. Mais, sur le terrain, on se rend compte que les juges ne tiennent absolument pas compte des actes ou des propos homophobes, » regrette Bartholomé Girard.

Une défense qui plaidera « non coupable »

« Aucun des prévenus ne reconnaît les faits, explique Maître Hallal, avocat de trois des prévenus. Qu’il y ait eu des injures échangées de part et d’autres oui. Ils reconnaissent les injures homophobes. Mais, eux, ont essuyé des insultes racistes. Quant aux menaces de mort et aux actes encore plus graves derrière, ils ne sont pas coupables. Ce soir là, il y avait une trentaine d’individus, comment savoir que ce sont eux ? » Demain, le tribunal va renvoyer le dossier… qui, peut-être, aura des chances d’être jugé en mai ou juin.

« SOS Homophobie se porte peu partie civile car cette affaire a une valeur d’exemplarité »

Source : Armelle de Rocquigny / StreetPress