09/03/2010

Critique: Boris Vian, j'avais 20 ans en 1940 de Claudine Plas

Par Maxime Jacquet

Demain, Boris Vian aurait eu 90 ans. Comme cadeau d'anniversaire, Claudine Plas, lui a offert une biographie. Un cadeau empoisonné pour Maxime Jacquet: à l'heure qu'il est, Boris Vian doit faire des looping dans sa tombe.

De l’affect et des tripes

La critique que vous lisez est le fruit d’une plume très subjective: j’adore Boris Vian. Ses écrits comme ses disques sont, selon moi, pleins d’affect et de tripes. La façon qu’il a de jouer avec la langue française, m’amuse presque autant qu’un bon volume d’Astérix.

Ici, le projet est simple: faire une biographie de Vian, pendant les plus sombres heures que la France contemporaine ait connu, la Collaboration.

Fiche Technique:

Boris Vian, j’avais 20 ans en 1940, de Claudine Plas
Editions: Au Diable Vauvert
Nombre de pages: 195 pages
Origine: France
Résumé : Biographie de Boris Vian à 20 ans sous Vichy. Il s’interroge sur l’engagement dans la Résistance. Le thème de l’engagement sera au centre de son œuvre.

Une biographie froide et sans saveur

Et on perd tout le style, l’humour, la qualité du verbe de Vian. S’attaquer à un tel sujet est un sacré challenge, le rendre chiant en est un autre. On s’emmerde, et seul mon professionnalisme m’a poussé à finir ce truc. A vouloir trop intellectualiser le propos, on en perd l’essence. Ici, on parle de Vian, l’auteur de « L’écume des jours » et de « Fais-moi mal, Johnny ». Un mec marrant, qui met du cœur et de la blague dans des textes d’une qualité littéraire indiscutable. Ce n’est pas le cas de l’ouvrage présent: très richement documenté mais horrible à lire.

Une jolie couverture, qui cache une belle arnaque. Les déficients visuels l’apprécieront avec les grosses lettres bien roses. Mais le mec qui claquera 12 euros pour une daube pareille, ne pourra que se dire que c’est malhonnête.

Making-off de la critique

Prix: 12 euros
On est allé jusqu’à la page: 195 sur 195, dans la douleur
Prix par page: 0,06153846 euro
Où le lire ? Dans un fauteuil club très confortable, avec un excellent thé au jasmin, et un fabuleux Coltrane.
Temps pris pour arriver à la page 155: 1heure 32 minutes, qui m’ont gâché mon thé jasmin et mon Coltrane
A qui l’offrir ? A ton pote « je suis un érudit, je suis en fac de lettres ».
Satisfaction: I can get no

On a aimé: Le toucher sensuel de la couverture

On n’a pas aimé: La lourdeur du style

Extrait : « Lecteur des Thibault, il a pu retenir par exemple le caractère vain du combat pacifiste de Jacques, tout comme l’équivalence des deux camps adverses renvoyés dos à dos et que Roger Martin du Gard stigmatise dans sa correspondance. »

Source: Maxime Jacquet / StreetPress