03/07/2012

Interview sous et politique avec le musicien

Bertrand Burgalat : « Je ne trouve pas ça bien du tout la licence globale »

Par Yasmine KSAT

Sur StreetPress Bertrand Burgalat est « inquiet par le discours des anti-Hadopi. » Le musicien de raconter ses difficultés économiques: «Aujourd'hui c'est plus facile de demander 2.000 euros pour jouer à un anniversaire que pour un concert.»

Qu’aimeriez-vous que le nouveau gouvernement fasse pour la musique?

Les disques se vendent de moins en moins et les pouvoirs publics essaient d’aider la musique. Mais il faut faire attention que ces aides ne soient pas des primes données de façon injuste et arbitraire. Ce qui m’inquiète dans le discours des anti-Hadopi, c’est qu’ils proposent des systèmes d’aide comme substitution. Ça va être des subventions filées un peu à la tête du client. S’il y avait des solutions plus transparentes, je serais pour, mais je n’en vois pas.

Vous parlez de la licence globale ?

Oui, je ne trouve pas ça bien du tout la licence globale. Le problème n’est pas comment capter l’argent mais comment le répartir. Les critères sont fluctuants et opaques. Personne n’a trouvé le moyen de distribuer l’argent d’une façon juste et réalisable.


[Bardot’s dance]

Mais vous pensez vraiment que Hadopi peut être efficace ?

Hadopi a des limites c’est sûr, mais ça ne me choque pas plus que les limites du code pénal ou du code de la route. Malgré le code de la route, il y a plein d’infractions et d’accidents et on ne va pas supprimer le code de la route pour autant. Je trouve que Hadopi c’est surtout un truc pédagogique qui n’a aucune importance. Il n’y a pas de victime d’Hadopi aujourd’hui. Je pense que l’efficacité n’est pas là.

Est-ce que vous arrivez à vivre des ventes disques actuellement ?

Quand je fais un disque comme celui-là, c’est quand même beaucoup d’efforts. Les ventes de disques, même si elles sont correctes, ne me permettent pas du tout de vivre de ma musique donc je suis obligé de bricoler et de trouver des trucs. Je suis curieux de voir ce qu’il va se passer. La gratuité et le cliché des méchantes majors et du pauvre internaute, c’est n’importe quoi, c’est plus compliqué que ça. Mais je n’aimerais pas qu’on passe à un système de copinage et d’aides. J’ai peur qu’on aille vers ça.

Dans le milieu du jazz ou du classique c’est très différent. C’est presque comme du sport

Est-ce qu’il fait bon d’être musicien en France actuellement ?

Je pense que ça n’a jamais été facile d’être musicien. Dans le milieu du jazz ou du classique c’est très différent. C’est presque comme du sport. Quand on est dans le domaine de la pop ce qui est difficile, c’est que plus on fait des choses originales plus c’est dur. Il y a 35 ans, quand je disais à mes parents que je voulais être musicien, ils voyaient ça comme un monde de crève la faim donc au final ça n’a pas beaucoup changé.

Comment faire de l’argent en tant que musicien aujourd’hui ?

Un musicien peut vivre décemment de sa musique s’il fait des bals ou des mariages. Il y a une demande pour ça. Aujourd’hui c’est plus facile de demander 2.000 euros pour jouer à un anniversaire ou à un mariage que pour un concert. On a joué au Trabendo récemment , les AS Dragons + 3 artistes en 1ere partie, et un DJ. On gagne 2.000 euros pour tout ça. Si on enlève les charges, ça ne fait pas grand-chose pour chacun. C’est plus facile de faire de l’évènementiel. Les musiciens paient cher de vouloir faire les choses qui les intéressent.

Quel est le secret pour faire un tube ?

Moi j’ai jamais fais de tube alors il ne faut pas me demander ! Il y a un type qui disait qu’il ne fallait utiliser que les notes blanches d’un piano pour faire un tube. Mais je crois que les gens qui trouvent des recettes, ça ne dure pas très longtemps et ils les trouvent un peu par hasard. Si on veut faire de la musique, il faut le faire parce qu’on sent qu’on a envie d’exprimer des choses. Il ne faut pas se dire « untel » j’aime bien alors je vais faire pareil. Parce qu’on peut y arriver aujourd’hui, mais à quoi bon ?

> Dernière chanson écoutée : Catherine Ribeiro – La chambre bleue sur la mer

> Premier instrument : Piano et après j’ai joué mal d’autres instruments. J’ai arrêté les études de piano vers 13-14 ans et j’ai pas bcp progressé depuis malheureusement

> Premier album important : Meddle de Pink Floyd

> Premier vote : J’ai commencé à voter en vieillissant. Avec l’âge on se dit qu’il faut être responsable plutôt que se plaindre. On vote plutôt pour le moindre mal et c’est assez pénible. C’est rarement des votes d’adhésion.

Quel type de chanson peut vous conquérir ?

J’aime bien quand une chanson est raffinée et très simple ça m’épate. Je trouve ça bien de faire riche avec peu. J’ai toujours eu tendance un peu à surajouter et compliquer les choses. J’aime bien les choses simples mais pas les choses simplistes. Le simplisme, c’est prendre les gens pour des cons, c’est être méprisant. Bowie pour moi c’est un des maîtres pour ça. La pop, ça devrait être ça !