03/05/2010

Critique Ciné: Green Zone avec Matt Damon

Par Nemo Lieutier

Dans le dernier blockbuster de Paul Greengrass, Matt Damon dézingue des irakiens et fait sauter des véhicules même pas garés sur des places handicapées. Mais en plus de la testostérone, dans Green Zone, il y a aussi de la matière crise.

La politique internationale américaine, par ses erreurs et errements, est un terreau inépuisable pour le cinéma de docu-fiction. Ici, c’est la recherche infortunée des fameuses armes de destruction massives, dont on nous bassine depuis bientôt dix ans, qui est le fil conducteur des aventures de Matt Damon en Irak mises en boîte par Paul Greengrass. Le réalisateur de « La mort dans la peau », puis de « La vengeance dans la peau », nous immisce « dans la peau » d’un GI un peu trop curieux, qui se demande – et il y a de quoi se demander ! – pourquoi personne ne trouve les fameuses ADM qui firent entrer en guerre la première puissance mondiale.

GREEN ZONE, de Paul Greengrass, avec Matt Damon, Amy Ryan, Greg Kinnear et Jason Isaacs
115 min
Sorti le 14 avril 2010

Des morts, des barils d’essence et Agatha Christie

La trame posée, nous pouvons faire confiance à Greengrass, accompagné de son acteur fétiche, Matt Damon, pour nous arroser de scènes d’actions où les balles frôlent les têtes, où les barils d’essence trouvent toujours opportun d’exploser quand quelqu’un se trouve à côté et où les morts s’entassent sans que personne ne les pleure jamais.

Jusque là, nous nous y attendons. Ce qui nous surprend par contre c’est que le manichéisme habituel des superproductions US ne tombe pas comme une évidence. Les personnages sont complexes, tout comme les intérêts en jeux, et le film se construit adroitement comme un polar d’Agatha Christie. Chacun essaye de comprendre ce qui cloche et qui en est réellement le responsable.

Un fait d’actualité passionnant par ce qu’il a d’effrayant

On suit alors gaiement Matt Damon, nous nous étonnons de ce qui le surprend, réfléchissons à ce qui le traquasse et ensemble nous subissons les pressions d’un système malhonnête, étiré entre les intérêts de la CIA, ceux du gouvernement américain et ceux des autochtones Irakiens.

Une bonne surprise donc: un film d’action peut s’associer à une réflexion politique. Il n’est pas question d’un Counter Strike sur écran géant dans lequel on se plait à montrer sa palette d’effets spéciaux. Ici l’effet spécial, c’est surtout la lumière qui éclaire un fait d’actualité passionnant, par ce qu’il a d’effrayant.

La bande-annonce de Green Zone

Source: Nemo Lieutier | StreetPress