11/05/2010

Clubbing en Chine: Drogue, corruption et nouveaux riches

Pat, general manager d'une boite réputée de Shanghai: «Les pompiers c'est 5.000€ pour qu'ils ferment les yeux»

Par StreetPress

Sur StreetPress Pat, qui travaille dans le monde de la nuit à Shanghai, explique qu'il verse des enveloppes aux flics pendant que ses fêtards clients chinois prennent de la kétamine. La contre-expo universelle: c'est dans les clubs de Shanghai.

Salut Pat, alors est-ce que les shanghaiens sont des fêtards?

Bah ici, les gens mangent principalement le soir vers cinq ou six heures et ils se couchent généralement vers neuf heures. C’est pour ça que le matin, quand tu sors de soirée, il y a beaucoup de vie dans la rue. Ils sont tous levés. Cinq, six heure c’est parti quoi, la journée commence.

Donc pas beaucoup de chinois en boîte ? 

Mon club, c’est une boite d’étranger avec peut-être 15% de chinois. Les chinois, c’est une clientèle assez éduquée, riche. Il y en a qui font du business et d’autres qui ne travaillent même pas. L’argent vient de la famille des nouveaux riches: Ils peuvent se permettre de rouler en Ferrari, et d’aller dépenser en bouteilles de champagne tous les soirs dans les clubs. Peu importe, c’est pas le prix qui les dérange. Il faut qu’il y ait une bonne ambiance, un bon service.

Dans les soirées, les occidentaux et les chinois se mélangent-t-il ?

Moi j’ai très peu d’amis chinois, la barrière de la langue. On boit ensemble et c’est tout. Il n’y a pas vraiment d’échange. T’es dans une relation de business en fait.

La musique des clubs chinois est différente ?

Les chinois ne connaissent pas du tout la musique. Pour eux, un bon club, il faut qu’il y ait du monde, il faut que la musique soit forte, qu’elle fasse ‘boom boom boom’. Faut qu’il y ait de belles nanas autour des tables, beaucoup d’alcool, champagne, whisky…Tout est réservé, le service apporte des plateaux de fruits… Il y a pratiquement un serveur par table.

Très mauvais goût quoi….

Mais je pense que la nouvelle génération est en train de se faire une oreille. Malgré le fait qu’ils fréquentent des boites… Par exemple, en trois ans, il y a eu une évolution de la mode. Ils commencent à s’habiller un petit peu, à avoir leur propre style. La musique ça va être pareil. Il y a des écoles de DJ qui ont été créées. Mais dedans je crois qu’on leur donne une mallette avec une cinquantaine de CD et on leur dit tu vas mixer avec ce genre de musique….

L’expo universelle 2010

L’exposition universelle 2010 se tient à Shanghai du 1er mai 2010 au 31 octobre 2010. C’est la plus importante exposition universelle de l’Histoire avec un budget de 30 milliards du yuans et un parc d’exposition de 6 km2. 70 millions de visiteurs sont attendus. Ils pourront aller s’encanailler dans l’un des inombrables clubs de la ville, qui question clubbing est en train de damer le pion à Hong-Kong.

« Les chinois ne connaissent pas du tout la musique »

Il y a combien de clubs managés par des français ?

Il y a quelques clubs qui sont managés par des français, le Bar Rouge c’est français, le Cil et le Mao c’est franco-italien. Mais des clubs gérés par des blancs: C’est impossible. Le management peut être blanc à l’intérieur de la boite mais le capital c’est détenu par des chinois, des taïwanais… Tout leur appartient.

Et pour manager un club, il faut avoir des accointances avec les autorités chinoises ?

Bien sur, ça c’est le côté obscur et on ne sait jamais vraiment comment ça marche. Il faut avoir des bonnes relations avec la police, les pompiers pour l’autorisation pour le feu, les licences d’hygiène, et tout ça. Après c’est juste des, comment on appelle ça… des enveloppes.

Elles sont renouvelées régulièrement ces enveloppes ?

Oui, c’est le réseau qui s’entretient, ce qu’on appelle le buenshi. C’est des repas, des restaurants… 

Combien il faut donner aux pompiers par exemple ?

Quatre, cinq mille euros.

« Les vinyles, ils écoutent ce qu’il y a dans les paroles, même s’il n’y a pas de paroles ! »

Par an ?

Ouais. Pour les policiers, ça dépend. Les pompiers ouais, quatre ou cinq mille et ça va un peu plus vite pour obtenir la licence ! Et puis ils ferment un peu les yeux sur certaines choses.

La censure du gouvernement s’applique t-elle au monde de la nuit?

Oui, les vinyles par exemple. Il est interdit d’importer des vinyles ici, ou alors il faut que le gouvernement les écoute et après on paye une taxe. Ils écoutent ce qu’il y a dans les paroles, même s’il n’y a pas de paroles !

L’usage de drogues récréatives, c’est fréquent ?

Il y en a énormément. Les chinois en consomment beaucoup, heu… pas mal de cocaïne. Mais en fait les chinois prennent principalement de la kétamine plus que de la cocaïne. Ça vient du sud de la Chine. C’est importé par bateau, c’est principalement géré par les dack.

Et sinon la plus grosse différence avec la France?

Shanghai c’est une ville qui ne s’arrête jamais, les clubs chinois sont ouverts sept jours sur sept et sont pleins. Même un dimanche soir à dix heure ou un lundi soir, il y a 500 personnes en train de danser. Ça c’est ce qui m’a choqué il y a trois ans quand je suis arrivé ici. Aller faire la fête un dimanche soir ou un lundi soir dans un club plein à craquer. Tu te dis : Mais qu’est ce qu’ils font le lendemain, quoi ?

« Les chinois prennent principalement de la kétamine plus que de la cocaïne »

Source: Walter Pick à Shanghai | StreetPress