19/05/2010

Les députés répondent à StreetPress

Faut-il supprimer les apéros géants de la buvette de l'Assemblée Nationale ?

Par Marine Selles

«L'apéro géant Facebook» c'est la nouvelle hype des hommes politiques après la burka, le jeu du foulard, les pitbulls et les raves. Pourtant avec la buvette bon marché de l'Assemblée Nationale, question apéro les députés ne sont pas en reste.

1. Les faits:

Suite à la mort d’un jeune vendéen de 21 ans dans la nuit de mercredi dernier en marge d’un « apéro géant Facebook à Nantes », les politiques français n’ont pas manqué de réagir, à tel point que Brice Hortefeux a organisé mercredi une réunion de travail sur les « Apéros Géants Facebook ».

2. Le background:

Les hommes et femmes politiques français se sont pour la plupart offusqués des apéros Facebook, jugeant les mœurs éthyliques des jeunes français de « glauques et de lamentables », pour reprendre l’expression de Jean-Marc Ayrault, maire PS de Nantes.

Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Ronsin, procureurs de la République, n’avaient pas hésité à comparer les rassemblements Facebook « aux Raves des années 1990 », et Jean-François Copé avait parlé de « sujet national » ce qui a conduit Brice Hortefeux à lancer la « réunion de travail » d’aujourd’hui.

Pourtant l’apéro, c’est une tradition bien de chez nous, en accord avec l’idéal d’identité nationale. Pour preuve il y a même une buvette à l’Assemblée Nationale, où les députés, quelque soit l’heure, peuvent s’adonner au combo pastis-cacahuètes.

Jacques Myard en plein coma élitique

3. La question de StreetPress :

Par soucis d’équité et pour montrer l’exemple: faut-il supprimer les apéros géants de la buvette de l’Assemblée Nationale ?

4. La réponse des députés :

« Que ce soit à la buvette de l’Assemblée Nationale, chez soi ou au bistrot, l’apéritif c’est une des libertés fondamentales des gaulois. Donc le jour où vous l’interdirez, vous aurez affaire à moi!» Le ton est donné par Jacques Myard, député UMP des Yvelines, qui ne veut pas qu’on touche à son Pastis.

Le député Nouveau Centre du Loire et Cher, Maurice Leroy, récuse les accusations d’apéros géants à la buvette de l’Assemblée Nationale à cause de problèmes techniques: « On ne peut pas faire un apéro géant mais un apéro riquiqui à la buvette de l’Assemblée Nationale (…) on a déjà du mal à avoir un siège ».

Est-ce à dire que les places sont chères pour avoir droit à son Courvoisier avant la séance? Lionnel Luca avoue « en connaitre qui trinquaient énormément et qui finissaient avec la gueule de bois mais sans jamais finir dans un coma éthylique ».

On laisse le mot de la fin à Jacques Myard: « Tout est poison, rien n’est poison, tout est affaire de mesure. Il faut éviter les dérives de ceux qui vont boire jusqu’au coma… élitique. » Le coma élitique ? Le coma des élites sans doute…

Source: Marine Selles et Benjamin Farhat | StreetPress