29/07/2010

Après 3 années passées à «presque tout expérimenter» ils accouchent dans la douleur de leur deuxième album

Klaxons: « Toutes les semaines il se passait une obscénité ou un truc vraiment fou »

Par Robin D'Angelo

James et Steffen, chanteur et batteur des Klaxons, ont passé les trois dernières années à surfer sur leur succès mondial. Pour le pire et aussi pour le meilleur: grâce aux excès et aux erreurs ils ont retrouvé leur musique dans Surfing the Void.

Salut James, comment ça va?

J’ai la forme. Je passe du bon temps à Paris. Hier j’ai vu des amis et j’ai bien dormi la nuit dernière. J’adore être ici à Paris.

Votre nouvel album sort en Aout, mais personne ne nous l’a offert …

Non ! Tu le veux ?! Upload-le sur mon Iphone !

Oh merci … Comment tu le décrirais pour un sourd, ou pour des gens qui n’ont écouté que les singles comme nous ?

J’allais dire que pour les sourds, ça ressemble beaucoup à l’album précédent ! Mais en fait c’est l’extension de ce que nous faisions avant. Les moments pop sont encore plus pop, les moments heavy sont plus heavy, et les moments bizarres le sont encore plus. Mais ça nous ressemble toujours. On a gardé beaucoup de choses: le ton de la voix, les harmonies et des mélodies accrocheuses.

Vous préférez que les gens planent ou fassent l’amour en écoutant Surfing The Void ?

Clairement qu’ils fassent l’amour. Il est beaucoup plus sexy que le précédent. Il y a des rythmes très complémentaires de l’art de faire l’amour. Et quand on a enregistré à LA on était complétement purs: sans drogues ni alcool. La drogue c’était juste l’énergie de jouer ensemble dans une petite pièce. Et tu peux récréer l’effet planant comme ça.

Klaxons – Bio Express

Klaxons est un groupe londonien composé de James Righton (chant et synthé), Jamie Reynolds (chant et basse), Simon Taylor-Davis (chant et choeurs) et Steffen Halperine (batterie). Formé en 2005, le groupe a connu un succès presque immédiat avec ses hits Magick, Golden Skans, Gravity’s Rainbow ou It’s not over yet, tous classés dans le top 50 UK. Leur premier album Mythes of a near future se classe 2ème des ventes en 2007 juste derrière Not Too Late de Norah Jones.

Après 3 ans de tournées mondiales et de frasques, ils sortent enfin leur deuxième album Surfing the void le 23 aout après l’avoir intégralement recomposé. Le single Echoes cartonne déjà sur YouTube.

« Quand on a enregistré, c’était vraiment de la capture de moments de vie à l’état pur »

Le single Echoes est un hymne aux mondes parallèles ou c’est moi qui interprète mal votre anglais ?

Non, non, c’est bien ça ! On s’est éloigné, et on a vus ce qui revenait vers nous. Pour voir quel était l’écho. Et ce n’est jamais le même, ça change toujours.

Rien à voir avec le chamanisme ?

Chama-quoi ?

J’ai lu dans plusieurs articles que c’est de là que venait votre inspiration pour l’album…

Ah ouais … En fait c’est Jamie et Simon qui sont allés vers le chamanisme … Enfin chamanisme … C’était principalement vers ce ‘médicament illégal’: l’Ayahuasca (une plante hallucinogène du Pérou, ndlr). Et ça a eu effectivement des impacts sur plusieurs chansons de l’album. Mais Echoes c’est plus à propos de nous, à attendre ce qui va se passer …

Vous avez profité des groupies ou pris du repos pendant ces 3 ans d’absence ?

Pour être honnête, on a fait un peu de tout … Et on devait le faire. Il fallait qu’on ait ces expériences, qu’on fasse des erreurs, pour être où nous sommes maintenant. Mais on ne s’est jamais reposé. Quand on a arrêté la tournée en 2008, nous n’avions pas vraiment arrêté, car on faisait des festivals et on a joué en Amérique du Sud. Mais nous étions toujours en train d’écrire et d’aller en studio. A cette période on faisait de la musique qui ne nous ressemblait pas. On pensait à la musique, on faisait des sons expérimentaux, on parlait musique entre nous mais nous ne faisions pas de musique. Enfin pas de musique instinctive. Après on a fait les coups classiques: passer 3 semaines en studio sans trouver aucune chanson. Ce sont des erreurs classiques. Cela a pris beaucoup de temps avant de nous retrouver, de trouver ce à quoi nous étions bons. Il y a eu un moment où ça a fait ‘clic’ et où on s’est remis à jouer ensemble. Tout est redevenu facile.

James et Steffen à propos de Steed Malbranque, du shampoing Fructis et de la célébrité

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« Mais on a atteint un point où on a écouté l’album, où on s’est regardé et on s’est dit: ‘ce n’est pas nous‘ »

C’était quoi la pire erreur qui vous a empêché de produire ?

Aller à Milan pour enregistrer, pendant 3 semaines, sans avoir rien à enregistrer au final. On a passé trois semaines dans un appart à faire les fous … Mais tout ça c’est essentiel. On sait maintenant comment fonctionner, comment travailler, comment écrire … Ce qu’on peut faire ou ne pas faire. Et quand on est allé avec Ross (Ross Robinson est leur nouveau producteur, ndlr) à LA pour re-enregistrer, tout était facile.

Dans le journaux, sur le web, on peut lire que votre maison de disque vous a demandé de recommencer entièrement l’album: Ça veut dire que le label a le dessus sur vous ?

Notre label n’a pas son mot à dire sur nos décisions. Et ils nous accordent une confiance absolue. Même si on avait voulu faire un album obscur et sans single, on aurait pu le sortir. Mais on a atteint un point où on a écouté l’album, où on s’est regardé et on s’est dit: ‘ce n’est pas nous’. En fait on n’a rien présenté du tout au label.

C’était éprouvant psychologiquement de recommencer tout l’album ?

C’est dur quand tu passes un an et demi à faire une tournée mondiale et que tu deviens quelqu’un d’autre. Quand on a commencé on était juste 3 mecs, très très potes. On a crée un truc très rapidement, on n’était même pas un groupe, juste des mecs très chanceux qui voulaient s’amuser. Et tout ce fun et cette excitation se retrouvait dans notre musique. Et on est passé au statut de ‘groupe’ avec Steffen qui arrivait à la batterie. Il fallait qu’on retrouve qui nous étions afin d’en tirer le meilleur. Ça nous a pris du temps avant d’arriver à faire ça.

Vous ne ressentez pas de la schizophrénie entre vous et votre image à cause de toute la hype autour de vous ?

La folie ? Je suis en plein dedans ! Franchement pour être honnête, on a presque tout expérimenté. On commence à s’y connaître pas mal en folie … J’allais dire qu’il nous reste finalement que très peu de folies à vivre tellement nous les avons expérimentées. Mais en fait je pense que la folie va nous frapper encore plus fort …

Echoes le dernier single de Klaxons

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« Nous n’avons pas des vies normales et ça fait partie du rêve. C’est pour ça qu’on le fait. C’est ce qu’on a toujours voulu faire »

Le truc le plus fou que tu aies fait ?

Les dernières années toutes les semaines il se passait une obscénité ou un truc vraiment fou … Mais ce qu’on fait est dingue. Notre mode de vie est juste anormal. Nous n’avons pas des vies normales et ça fait partie du rêve. C’est pour ça qu’on le fait. C’est ce qu’on a toujours voulu faire.

Steffen le batteur s’installe avec un peu de retard

Alors c’est toi Steffen qui est adepte du chamanisme et de l’Ayahuasca?

Steffen: Oui …

Tu peux nous raconter tes visions ?

Steffen: C’est assez difficile à décrire … Je peux te montrer ça comme preuve ( il montre son bras gauche sur lequel on voit un drôle de tatouage, ndlr ). Tu vois plein de choses que tu n’as jamais vues avant. Ou des visions de choses que tu connais mais qui t’apparaissent alors dans un contexte totalement différent.
James: Regarde ses yeux ! Il a du voir en voir beaucoup !

C’est un truc que tu as fait au Pérou ?

Steffen: … Non je l’ai fait au Royaume-Uni ….Mais c’est juste un truc à faire et oublier … Et puis on n’en a pas eu besoin pour le disque …. Je ne recommencerai pas. Je suis heureux et la réalité est fantastique !
James: Toi par contre on dirait que ça t’intéresse ! Honnêtement tu veux trop le faire ! Fais-le mardi prochain ! Pour l’inspiration de l’album, le plus important c’est notre expérience des trois dernières années. Ce qu’on voulait mettre sur le disque, c’est que le plus important c’est de savoir profiter de l’instant au jour le jour. Il faut vraiment le faire, et en tirer du positif. Beaucoup de nos paroles parlent de ça. Quand on a enregistré, c’était vraiment de la capture de moments de vie à l’état pur. Avec très peu d’arrangements. Ross, notre producteur, était vraiment dans ce truc de capturer l’instant présent, la performance.


(Photo: Michela Cuccagna © )

Vous savez qu’en France, vous êtes surtout connus pour être la musique de la pub Fructis ?

Steffen: Ouais !
James: C’est un super shampoing ! Je peux en juger ! Je l’utilise tous les jours ! Mais regarde les cheveux Steffen !
Steffen: Oui je les ai lavés aujourd’hui !
James: Tu peux pas atteindre ce résultat avec un autre shampoing !

Vous avez votre mot à dire quand une de vos chansons est utilisée dans une pub ?

James: Oui ils demandent à notre label, qui nous demande et nous décidons. Mais on ne dit pas souvent ‘oui’. On a beaucoup de propositions. Mais regarde les cheveux de Stef, ça valait tellement le coup !

Si vous deviez choisir une pub pour le dernier single Echoes, ça serait quoi ?

James: Ça serait pour quelque chose de positif. Car il y a beaucoup de choses positives dans notre nouvelle publici… Dans notre nouvelle publicité ! Dans notre nouvel album ! Un truc positif dont les gens ont besoin. De l’eau, un truc comme ça. Ou de l’air.

La pub Fructis, avec la chanson des Klaxons

Le shooting-photo des Klaxons par Michela Cuccagna

Source: Robin D’Angelo | StreetPress
Crédits photos: Michela Cuccagna | StreetPress